Alexandre Planas Saurì, le martyr sourd (1/2)

Alexandre Planas Sauri, né à Mataró (Barcelone) le 31 décembre 1878, fut un collaborateur laïc des salésiens jusqu’à sa mort glorieuse en tant que martyr à Garraf (Barcelone) le 19 novembre 1936. Sa béatification a eu lieu avec d’autres salésiens et membres de la famille salésienne, le 11 mars 2001, par le pape saint Jean-Paul II.

            Dans la liste des martyrs espagnols, béatifiés par Jean-Paul II le 11 mars 2001, figure le laïc Alexandre PLANAS SAURÌ, qui fait partie des martyrs salésiens de la province de Tarragone, un sous-groupe de Barcelone. Les témoignages sur sa vie utilisent également les expressions « membre de la famille » ou « coopérateur », mais tous le définissent comme « un authentique salésien ». Le village de Sant Vicenç dels Horts, où il a vécu pendant 35 ans, le connaissait sous le surnom de « El Sord », « El Sord dels Frares » (Le Sourd des frères). C’est l’expression qui figure sur la belle plaque de l’église paroissiale, placée sur un côté du fond, à l’endroit exact où Alexandre se tenait lorsqu’il allait prier.
            Sa vie fut interrompue dans la nuit du 18 au 19 novembre 1936, ainsi que celle d’un coadjuteur salésien, Eliseo García, qui était resté avec lui pour ne pas le laisser seul, car Alexandre ne voulait pas quitter le village et chercher un endroit plus sûr. Dans les heures qui suivirent, tous deux furent arrêtés, condamnés par le comité anarchiste de la municipalité et conduits sur les rives du Garraf, au bord de la Méditerranée, où ils furent fusillés. Leurs corps n’ont pas été retrouvés. Alexandre avait 58 ans.
            Voilà une note qui aurait pu figurer à la page des faits divers de n’importe quel journal et tomber dans l’oubli le plus total. Mais ce n’a pas été le cas. L’Église les a proclamés tous deux bienheureux. Pour la Famille salésienne, ils ont été et seront toujours des « signes de foi et de réconciliation ». Dans les pages qui suivent, nous parlerons de M. Alexandre. Qui était cet homme que l’on surnommait el Sord dels frares ?

Les circonstances de sa vie
            Alexandre Planas Saurì est né à Mataró (province de Barcelone) en 1878, six ans avant que le train qui emmenait Don Bosco à Barcelone (pour visiter et rencontrer les salésiens et les jeunes de la maison de Sarriá), ne s’arrête à la gare de cette ville, pour prendre Mme Dorotea de Chopitea et les Martí Codolar qui voulaient l’accompagner pendant la dernière étape de son voyage vers Barcelone.
            On sait très peu de choses sur son enfance et son adolescence. Il a été baptisé dans la paroisse la plus populaire de la ville, Saint-Joseph et Saint-Jean. Il était sans aucun doute un garçon assidu aux célébrations dominicales, aux activités et aux fêtes paroissiales. À en juger par la trajectoire de sa vie ultérieure, c’était un jeune homme qui a su développer une vie spirituelle solide.
            Alexandre souffrait d’une déficience physique importante : il était totalement sourd et avait un corps disgracieux (petite taille et corps courbé). Les circonstances qui l’ont amené à Sant Vicenç dels Horts, une ville située à environ 50 km de sa ville natale, sont inconnues. La vérité est qu’en 1900, il se trouvait parmi les salésiens dans la petite ville de Sant Vicenç, en tant que commis aux activités quotidiennes de la maison salésienne : jardinage, nettoyage, agriculture, courses… Un jeune homme ingénieux et travailleur. Et surtout « bon et très pieux ».
            La maison de Sant Vicenç dels Horts fut achetée en 1895 par le père Philippe Rinaldi, ancien inspecteur d’Espagne, pour accueillir le noviciat et le scolasticat de philosophie qui allaient être réalisés par la suite. Ce fut le premier centre de formation salésien en Espagne. Alexandre y arrive en 1900 comme employé et gagne immédiatement l’estime de tous. Il s’y sent très à l’aise, pleinement intégré à l’esprit et à la mission de cette maison.
            À la fin de l’année scolaire 1902-1903, la maison connaît un changement de cap important. Le Recteur Majeur, le Père Michel Rua, avait créé les trois provinces d’Espagne. Celles de Madrid et de Séville décidèrent d’organiser la formation dans leurs provinces respectives. Celle de Barcelone transféra également le noviciat et la philosophie à Gérone. La maison de Sant Vicenç dels Horts resta pratiquement vide en quelques mois, habitée seulement par M. Alexandre.
            À partir de cette année et jusqu’en 1931 (28 ans !), il devint le gardien de cette maison. Mais pas seulement de la propriété, mais surtout des traditions salésiennes qui s’étaient fortement enracinées dans la population en quelques années. Une présence et un travail bénévoles, vivant comme un anachorète, mais nullement étranger aux amis de la maison qui le protégeaient, aux malades de la ville qu’il visitait, à la vie paroissiale qu’il fréquentait, aux paroissiens qu’il édifiait par l’exemple de sa piété, aux enfants de la catéchèse paroissiale et du patronage festif qu’il animait avec un jeune de la ville, Joan Juncadella, avec lequel il s’était lié d’une forte amitié. Distant et proche à la fois, avec une influence non négligeable sur les gens. Un personnage singulier. Le référent de l’esprit salésien dans le village. El sord dels frares.

L’homme

            Alexandre, handicapé et sourd, comprenait ses interlocuteurs grâce à son regard pénétrant, au mouvement de ses lèvres. Il répondait toujours avec lucidité, même si c’était à voix basse. Un homme au cœur bon et lumineux : « Un trésor placé dans un vilain pot de terre, mais nous, les enfants, avons pu percevoir parfaitement sa dignité humaine ».
            Il s’habillait pauvrement, toujours avec son sac en bandoulière, parfois accompagné d’un chien. Les salésiens l’ont laissé rester dans la maison. Il pouvait vivre de ce que produisait le jardin et de l’aide qu’il recevait de quelques personnes. Sa pauvreté était exemplaire, plus qu’évangélique. Et s’il avait quelque chose en trop, il le donnait aux pauvres. Avec ce genre de vie, il s’acquittait de la tâche de gardien de la maison avec une fidélité absolue.
            À côté de l’homme fidèle et responsable, apparaît l’homme bon, humble, plein d’abnégation, d’une amabilité invincible mais ferme. « Il ne permettait pas qu’on dise du mal de quelqu’un ». Jusque là arrivait la délicatesse de son cœur. « Le consolateur de toutes les familles ». Un homme au cœur transparent, aux intentions droites. Un homme qui s’est fait aimer et respecter. Les gens étaient avec lui.

L’artiste
            Alexandre avait aussi une âme d’artiste. D’artiste et de mystique. Isolé des bruits extérieurs, il vivait absorbé dans une contemplation mystique constante. Et il a su fixer dans la matière les sentiments les plus intimes de son expérience religieuse, qui tournait presque toujours autour de la passion de Jésus-Christ.
            Dans la cour de la maison, il créa trois monuments bien visibles : le Christ cloué sur la croix, sa déposition dans les mains de Marie et le saint sépulcre. Parmi les trois, c’était la croix qui présidait au milieu de la cour. Les passagers du train qui passait devant la ferme la voyaient parfaitement. D’autre part, dans l’une des dépendances de la maison, il avait installé un petit atelier où il exécutait les commandes qu’il recevait ou les petites images avec lesquelles il satisfaisait les goûts de la piété populaire et qu’il distribuait gratuitement à ses voisins.

Le croyant
            Mais ce qui dominait dans sa personnalité, c’était sa foi chrétienne. Il la professait au plus profond de son être et la manifestait en toute clarté, parfois même avec ostentation, en la professant en public. « Un vrai saint », un « homme de Dieu », disait-on. « Quand nous arrivions à la chapelle le matin ou l’après-midi, nous trouvions toujours, infailliblement, Alexandre en train de prier, à genoux, en train de faire ses pratiques de piété ». « Sa piété était très profonde ». Un homme totalement ouvert à la voix de l’Esprit, avec la sensibilité des saints. Ce qui est le plus admirable chez cet homme, c’est sa soif et sa faim de Dieu, « toujours à la recherche de plus de spiritualité ».
            La foi d’Alexandre s’ouvrait avant tout au mystère de Dieu : devant sa grandeur il tombait à genoux dans une profonde adoration : « Prosterné de tout son corps, les yeux baissés, plein de vie intérieure… à genoux dans un coin de l’église, la tête inclinée, absorbé dans le mystère de Dieu, tout entier plongé dans la méditation de la sainte complaisance, il laissait libre cours à ses affections et à ses émotions… »
            « Il passait des heures devant le tabernacle, agenouillé, le corps penché presque horizontalement vers la terre, après la communion ». De la contemplation de Dieu et de sa grandeur salvifique Alexandre tirait une grande confiance dans la Providence divine, mais aussi une aversion radicale pour le blasphème contre la gloire de Dieu et son saint nom. Il ne pouvait tolérer le blasphème. « En entendant blasphémer, soit il se crispait en regardant fixement la personne qui l’avait proféré, soit il murmurait avec compassion pour que la personne l’entende : « La Madone pleure, Notre-Seigneur pleure » ».
            Sa foi s’exprimait dans les dévotions traditionnelles de l’Eucharistie, comme nous l’avons vu, et du chapelet marial. Mais là où son élan religieux trouvait le canal le mieux adapté à ses besoins, c’était sans aucun doute dans la méditation de la passion du Christ. « Je me souviens de l’impression que nous avons eue en entendant le Sourd parler de la Passion du Christ ».
            Il portait le mystère de la croix dans sa chair et dans son âme. En son honneur, il avait érigé les monuments de la croix, de la déposition et de l’ensevelissement du Christ. Tous les témoignages mentionnent également le crucifix de fer qu’il portait suspendu à sa poitrine et dont la chaîne s’incrustait dans sa peau. Il dormait toujours avec un grand crucifix à côté de lui. Il ne voulait pas l’enlever, même pendant les mois de persécution religieuse qui ont abouti à son martyre. « Est-ce que je fais mal ? » disait-il, et s’ils me tuent, tant mieux, j’ai déjà le ciel ouvert ».
            Chaque jour, il faisait l’exercice du chemin de croix : « Quand il montait à la salle d’étude, M. Planas entrait dans la chapelle, et quand nous redescendions au bout d’une heure, il terminait le chemin de croix, qu’il faisait totalement incliné, au point que sa tête touche le sol ».
            Fondée sur cette expérience de la croix, à laquelle s’ajoutait sa profonde dévotion au Sacré-Cœur, la spiritualité du Sourd était projetée vers l’ascétisme et la solidarité. Il vivait en pénitent, dans une pauvreté évangélique et un esprit de mortification. Il dormait sur des planches, sans matelas ni oreiller, ayant à côté de lui un crâne qui lui rappelait la mort, et « quelques instruments de pénitence ». Ces pratiques ne lui ont pas été enseignées par les salésiens. Il les avait apprises auparavant en rappelant la spiritualité d’un père jésuite, saint Alphonse Rodríguez, dont il lisait le manuel dans la maison du noviciat et qu’il méditait parfois au cours de ces années.
            Mais son amour de la croix le poussait aussi à la solidarité. Son austérité était impressionnante. Il s’habillait comme les pauvres et mangeait frugalement. Il donnait tout ce qu’il pouvait donner, non pas de l’argent, car il n’en avait pas, mais toujours son aide fraternelle : « Quand il y avait quelque chose à faire pour quelqu’un, il laissait tout et allait là où on avait besoin de lui ». Ceux qui en bénéficièrent le plus étaient les enfants de la catéchèse et les malades. « Il ne manquait jamais le chevet d’un malade grave : il le veillait pendant que la famille se reposait. Et si personne dans la famille ne pouvait préparer le défunt, il était prêt à rendre ce service. Les pauvres malades étaient favorisés et, s’il le pouvait, il les aidait avec les aumônes qu’il recueillait ou avec le fruit de son travail ».

(suite)

don Joan Lluís Playà, sdb




Serviteurs de Dieu Jean Świerc et huit Compagnons du martyre. Des pasteurs qui ont donné leur vie

Les idéologies extrémistes, c’est-à-dire les idées élevées au rang de vérités absolues, entraînent toujours la souffrance et la mort lorsqu’elles veulent s’imposer à tout prix à ceux qui ne les acceptent pas. Il suffit parfois d’appartenir à une nation ou à un groupe social pour en subir les conséquences. C’est le cas des martyrs salésiens polonais présentés dans cet article.

Au nombre des victimes du nazisme figurent également neuf prêtres salésiens polonais, les Serviteurs de Dieu P. Jan Świerc et les VIII Compagnons : P. Ignacy Antonowicz, P. Karol Golda, P. Włodzimierz Szembek, P. Franciszek Harazim, P. Ludwik Mroczek, P. Ignacy Dobiasz, P. Kazimierz Wojciechowski et FP. Franciszek Miśka, qui ont été tués in odium fidei dans les camps de la mort nazis dans les années 1941-1942. En tant que prêtres, tous les Serviteurs de Dieu étaient engagés en Pologne dans diverses activités pastorales et gouvernementales et dans l’enseignement. Ils n’étaient absolument pas impliqués dans les tensions politiques qui agitaient la Pologne pendant l’occupation en temps de guerre. Néanmoins, ils ont été arrêtés et martyrisés dans l’odium fidei pour le simple fait d’être des prêtres catholiques.
La force et la persévérance sereine conservées par les Serviteurs de Dieu dans l’exercice de leur ministère sacerdotal, même pendant leur détention, ont représenté un véritable acte de défi pour les nazis : bien qu’épuisés par les humiliations et les tortures, au mépris de toute interdiction, les Serviteurs de Dieu ont été les gardiens jusqu’au bout des âmes qui leur étaient confiées et se sont montrés prêts, malgré la faiblesse humaine, à accepter la mort avec Dieu et pour Dieu.
Le camp de concentration d’Auschwitz, connu de tous comme le camp de la mort, et celui de Dachau pour le père Miśka, sont ainsi devenus le lieu de l’engagement sacerdotal de ces prêtres salésiens : à la négation de la dignité humaine et de la vie, le père Jan Świerc et 8 compagnons ont répondu en offrant, à travers les sacrements, la force de la grâce et l’espérance de l’éternité. Ils ont accueilli, soutenu par l’eucharistie et la confession et préparé de nombreux prisonniers à une mort paisible. Ce service était souvent rendu dans la clandestinité, profitant de l’obscurité de la nuit et sous la menace constante et pressante d’une punition sévère ou, plus souvent, de la mort.
Les Serviteurs de Dieu, en véritables disciples de Jésus, n’ont jamais prononcé de paroles de mépris ou de haine à l’égard de leurs persécuteurs. Arrêtés, battus, humiliés dans leur dignité humaine et sacerdotale, ils ont offert leur souffrance à Dieu et sont restés fidèles jusqu’au bout, certains que celui qui met tout dans la volonté divine n’est pas déçu. Leur sérénité intérieure et leur comportement, manifestés même à l’heure de la mort, étaient si extraordinaires qu’ils ont laissé leurs bourreaux dans l’étonnement et, dans certains cas, dans l’indignation.
Nous vous présentons leurs profils biographiques.



Père Ignacy Antonowicz

Ignacy Antonowicz est né en 1890 à Więsławice, dans le comté de Włocławek, au centre-nord de la Pologne. En 1901, il entre au lycée salésien d’Oświęcim, où il reste jusqu’en 1905. Entre 1905 et 1906, il effectue son noviciat à Daszawa. Il fait sa profession perpétuelle en août 1909 en Italie, à Lanzo Torinese. Il a été ordonné prêtre le 22 avril 1916 à Rome. Le père Ignacy a enseigné la dogmatique à l’école théologique de Foglizzo (Turin) entre 1916 et 1917. En 1919, pendant la guerre russo-polonaise, il fut aumônier militaire dans l’armée polonaise. Entre 1919 et 1920, il est à Cracovie en tant que professeur à l’Institut théologique. Le 1er juillet 1934, il est nommé conseiller de la province polonaise de Saint-Hyacinthe à Cracovie jusqu’à la fin de l’année 1936. En 1936, il prend le poste de directeur de l’école théologique salésienne Immaculée Conception de Cracovie, qu’il occupe jusqu’à son arrestation le 23 mai 1941. Il est détenu pendant un mois à la prison de Montelupich à Cracovie, puis emmené au camp de concentration d’Oświęcim. Il est tué le 21 juillet 1941. Il avait 51 ans, 34 ans de profession religieuse et 25 ans de sacerdoce.

Père Karol Golda

Karol Golda est né le 23 décembre 1914 à Tychy, en Haute-Silésie. Après avoir terminé sa quatrième année, il est entré au lycée « Boleslaw Chrobry » à Pszczyna. Il a suivi la sixième année au gymnase salésien d’Oświęcim. En juin 1931, il est allé à la Maison de Czerwińsk pour commencer son noviciat. Le 15 janvier 1937, il fait sa profession religieuse perpétuelle à Rome. Le 18 décembre 1938, il est ordonné prêtre à Rome, où il reste encore six mois pour obtenir une licence en théologie. En juillet 1939, il retourne en Pologne. La Seconde Guerre mondiale éclate et le père Karol se rend en Silésie en octobre 1939, puis à Oświęcim où il reste, les autorités d’occupation ne l’autorisant pas à se rendre en Italie. Le père Karol Golda fut chargé d’enseigner la théologie à l’Institut salésien d’Oświęcim et fut nommé conseiller scolaire. Il est arrêté par la Gestapo le 31 décembre 1941 et tué le 14 mai 1942, après seulement trois ans et demi de sacerdoce.

Père Włodzimierz Szembek

Le serviteur de Dieu, le père Włodzimierz Szembek, fils du comte Zygmunt et de Klementyna de la famille Dzieduszycki, est né le 22 avril 1883 à Poręba Żegoty, près de Cracovie. En 1907, il obtient un diplôme d’ingénieur agronome à l’université Jagiellonian de Cracovie. Pendant une vingtaine d’années, il s’occupe de l’administration des biens de sa mère et de l’apostolat des laïcs. À l’âge de 40 ans, la vocation religieuse du Serviteur de Dieu arrive à maturité. Le 4 février 1928, il entre à l’aspirantat d’Oświęcim. À la fin de l’année 1928, il commença son noviciat à Czerwińsk. Il fait sa profession religieuse le 10 août 1929. Le 3 juin 1934, il reçoit l’ordination sacerdotale à Cracovie. Le 9 juillet 1942, il est arrêté par la Gestapo et emmené à Nowy Targ. Le 19 août suivant, il est emmené au camp de concentration d’Auschwitz, où il meurt le 7 septembre 1942, épuisé par les souffrances et les mauvais traitements qu’il a subis. Il avait 59 ans, 13 ans de profession et 9 ans de sacerdoce.

Père Franciszek Harazim

Franciszek Ludwik Harazim est né le 22 août 1885 à Osiny, dans le district de Rybnik en Silésie. Il a fréquenté l’école primaire d’abord à Baranowicze, puis à Osiny. En 1901, il entre à l’Institut salésien d’Oświęcim pour y suivre le lycée. Il accomplit son noviciat à Daszawa en 1905/1906. Le 24 mars 1910, il prononce ses vœux perpétuels. Il est ordonné prêtre à Ivrea le 29 mai 1915.  Entre 1915 et 1916, il enseigne au lycée Oświęcim, dont il est nommé directeur entre 1916 et 1918. Dans les années 1918-1920, il enseigne la philosophie au grand séminaire salésien de Cracovie (Łosiówka). Dans les années 1922-1927, le Serviteur de Dieu occupe le poste de directeur du lycée salésien d’Aleksandrów Kujawski. En 1927, il retourna au grand séminaire de Cracovie en tant que conseiller, professeur et éducateur des clercs. En juillet 1938, le père Franciszek est nommé professeur à la maison Krakow-Łosiówka. Il a été arrêté par la Gestapo à Cracovie le 23 mai 1941. Il est d’abord emmené rue Konfederacka, puis, avec les autres confrères, à la prison de Montelupich. Un mois plus tard, le 26 juin 1941, il est emmené au camp de concentration d’Auschwitz. Il est tué le 27 juin 1941 sur le célèbre Ghiaione. Il n’avait pas encore atteint l’âge de 56 ans, dont 34 ans de profession religieuse et 26 ans de prêtrise.

Père Ludwik Mroczek

Ludwik Mroczek est né à Kęty (Cracovie) le 11 août 1905. En 1917, après avoir fréquenté l’école de Kęty, il a été admis à l’institut salésien d’Oświęcim où il a terminé ses études secondaires. Il a fait son noviciat à Klecza Dolna. Il l’a achevé le 7 août 1922. Il a prononcé ses vœux perpétuels le 14 juillet 1928 à Oświęcim. À Przemyśl, il a reçu l’ordination sacerdotale le 25 juin 1933. Ordonné prêtre, il travaille à Oświęcim (en 1933), à Lvov (en 1934), à Przemyśl (en 1934 et 1938/39), à Skawa (en 1936/37), à Częstochowa (en 1939). Le 22 mai 1941, à peine la célébration de la messe terminée, il est arrêté et transféré avec d’autres confrères au camp de concentration d’Oświęcim. Il y mourut le 5 janvier 1942 : il avait 36 ans, 18 ans de profession religieuse et 8 ans de sacerdoce.

Père Jan Świerc

Jan Świerc est né à Królewska Huta (aujourd’hui Chorzów, en Haute-Silésie) le 29 avril 1877. Il termine ses études secondaires à Turin Valsalice. Entre 1897 et 1898, il a fait son noviciat à Ivrea. Il y a prononcé ses vœux perpétuels le 3 octobre 1899. Le 6 juin 1903, il est ordonné prêtre à Turin. En 1911, il est nommé directeur de la maison de Cracovie par le recteur majeur de l’époque, le père Paolo Albera. De septembre 1911 à avril 1918, il est directeur de l’Institut Lubomirski de Cracovie. En 1924, pour une période de sept mois, il est engagé comme missionnaire en Amérique. De novembre 1925 à octobre 1934, il est directeur et curé de Przemyśl. Le 15 août 1934, il est nommé directeur de la Maison de Lviv. En juillet 1938, il devient directeur et curé de la maison située au 6, rue Konfederacka, à Cracovie, pour les trois années 1938-1941. Le 23 mai 1941, il est arrêté par la Gestapo avec d’autres confrères et emmené à la prison de Montelupich. Le 26 juin 1941, il fut transféré au camp de concentration d’Auschwitz et, après seulement un jour, il fut tué : il avait 64 ans, 42 ans de profession religieuse et 38 ans de sacerdoce.

Père Ignacy Dobiasz

Ignacy Dobiasz est né à Ciechowice (Haute-Silésie) le 14 janvier 1880. Après avoir terminé l’école primaire, il s’est rendu en mai 1894 en Italie, à Turin Valsalice, pour y faire ses études gymnasiales. Le 16 août 1898, il est entré au noviciat salésien d’Ivrea. Il prononce ses vœux perpétuels à San Benigno Canavese le 21 septembre 1903. Il complète ses études philosophiques et théologiques à San Benigno Canavese et à Foglizzo entre 1904 et 1908. Le 28 juin 1908, il est ordonné prêtre à Foglizzo. Il retourne ensuite en Pologne : il exerce ses activités pédagogiques et pastorales à Oświęcim (en 1908, 1910, 1921 et 1923), à Daszawa (en 1909), à Przemyśl (1912-1914) et à Cracovie (entre 1916 et 1920 et en 1922). En 1931, il est vicaire à Varsovie. En novembre 1934, il se rendit à Cracovie où il resta comme confesseur et collaborateur paroissial. C’est là qu’il fut arrêté avec d’autres confrères salésiens le 23 mai 1941. Après une courte détention dans la prison de Montelupich, il est déporté au camp de concentration d’Auschwitz. Le 27 juin 1941, il est mort des suites de mauvais traitements et de travaux inhumains. Il était âgé de 61 ans, avait 40 ans de profession et 32 ans de sacerdoce.

Père Kazimierz Wojciechowski

Kazimierz Wojciechowsky est né à Jasło (Galicie) le 16 août 1904. Orphelin de père à l’âge de cinq ans, il est placé à l’institut du prince Lubomirski à Cracovie. Il entre au lycée en 1916 à l’institut salésien d’Oświęcim. En 1920, il a commencé son noviciat à Klecza Dolna. Il prononce ses vœux perpétuels le 2 mai 1928 à Oświęcim. Entre 1924 et 1925, il enseigne la musique et les mathématiques à Ląd. Le 19 mai 1935, il est ordonné prêtre à Cracovie. En 1935-1936, il est à Daszawa et à Cracovie, où il enseigne la religion et est nommé directeur de l’oratoire et de l’association de la jeunesse catholique. Le Serviteur de Dieu est arrêté à Cracovie le 23 mai 1941 avec d’autres confrères salésiens. Le 26 juin 1941, il a été déporté au camp de concentration d’Auschwitz, où il a été tué au bout d’une journée. Il avait 37 ans, 19 ans de profession et 6 ans de sacerdoce.

Père Franciszek Miśka

Franciszek Miśka est né à Swierczyniec (Haute-Silésie) le 5 décembre 1898. Il termine le gymnase à l’Institut salésien d’Oświęcim. Il est entré au noviciat de Pleszów en 1916. Il a fait sa profession perpétuelle à Oświęcim le 25 juillet 1923. Il a terminé ses études de théologie à Turin-Crocetta. Il est ordonné prêtre le 10 juillet 1927 à Turin. Il retourne ensuite en Pologne. En 1929, il est nommé conseiller et catéchiste à l’orphelinat de Przemyśl. En 1931 et pendant les cinq années suivantes, il est directeur de l’orphelinat de Jaciążek. En 1936, il est nommé curé de la paroisse de Ląd. En 1941, il devient directeur de la maison des Fils de Marie et curé de la paroisse de Ląd.  Le 6 janvier 1941, l’institut salésien de Ląd est transformé par la Gestapo en prison pour les prêtres du diocèse de Włocławek et de Gniezno-Poznań. Le père Franciszek a été chargé par les autorités allemandes de maintenir l’ordre et de subvenir aux besoins des prisonniers. Pour des raisons non précisées, il fut transféré à plusieurs reprises à Inowrocław où il fut brutalement torturé. Le 30 octobre 1941, le serviteur de Dieu est transporté au camp de concentration de Dachau (Allemagne). Soumis au travail forcé et à des conditions de vie inhumaines, il y meurt le 30 mai 1942, jour de la Très Sainte Trinité, dans la caserne-hôpital du camp. Il avait 43 ans, près de 25 ans de profession religieuse et près de 15 ans de sacerdoce.

La réputation de la sainteté et du martyre des serviteurs de Dieu, le père Jan Świerc et ses VIII compagnons, bien qu’entravée pendant la période communiste, s’est répandue dès leur mort et est toujours vivante aujourd’hui. Ils étaient considérés comme des prêtres exemplaires, dévoués au travail pastoral et aux œuvres de charité, affables, toujours disponibles, soucieux de ne rendre gloire qu’à Dieu, pour lequel ils étaient fidèles jusqu’à l’effusion de leur sang.

Le 28 mars 2023, les Consulteurs historiques du Dicastère pour les Causes des Saints ont émis des votes positifs sur la Positio super martyrio des Serviteurs de Dieu Jean Świerc et VIII Compagnons, prêtres profès de la Société de Saint François de Sales, tués in odium fidei dans les camps de la mort nazis dans les années 1941-1942. Nous prions pour qu’ils soient élevés aux honneurs des autels dès que possible.

Mariafrancesca Oggianu
Postulateur général des Salésiens