Vénérable Octavio Ortiz Arrieta Coya, évêque

Octavio Ortiz Arrieta Coya, né à Lima, au Pérou, le 19 avril 1878, fut le premier salésien péruvien. Jeune homme, il se forma comme charpentier, mais le Seigneur l’appela à une mission plus élevée. Il prononça sa première profession salésienne le 29 janvier 1900 et fut ordonné prêtre en 1908. En 1922, il fut consacré évêque du diocèse de Chachapoyas, charge qu’il occupa avec dévouement jusqu’à sa mort, survenue le 1er mars 1958. Il refusa par deux fois la nomination au siège plus prestigieux de Lima, préférant rester proche de son peuple. Pasteur infatigable, il parcourut tout le diocèse pour connaître personnellement les fidèles et promut de nombreuses initiatives pastorales pour l’évangélisation. Le 12 novembre 1990, sous le pontificat de Saint Jean-Paul II, sa cause de canonisation fut ouverte, et il reçut le titre de Serviteur de Dieu. Le 27 février 2017, le pape François a reconnu ses vertus héroïques, le déclarant Vénérable.

            Le Vénérable Mgr Ottavio Ortiz Arrieta Coya a passé la première partie de sa vie comme garçon de l’oratoire, étudiant, puis est devenu lui-même salésien, engagé dans les œuvres des Fils de Don Bosco au Pérou. Il fut le premier salésien formé dans la première maison salésienne du Pérou, fondée à Rimac, un quartier pauvre, où il apprit à vivre une vie austère de sacrifice. Auprès des premiers salésiens arrivés au Pérou en 1891, il a connu l’esprit de Don Bosco et le système préventif. En tant que salésien de la première génération, il apprit que le service et le don de soi seraient l’horizon de sa vie ; c’est pourquoi, étant encore jeune salésien, il assuma d’importantes responsabilités, telles que l’ouverture de nouvelles œuvres et la direction d’œuvres existantes, faisant tout avec simplicité, esprit de sacrifice et dévouement total aux pauvres.
            Il vécut la deuxième partie de sa vie, à partir du début des années 1920, comme évêque de Chachapoyas, un immense diocèse, sans évêque depuis des années, où les conditions prohibitives du territoire s’ajoutaient à une certaine fermeture, surtout dans les villages les plus éloignés. Là, son champ d’apostolat avec tous ses défis était immense. Ortiz Arrieta était d’un tempérament vif, habitué à la vie communautaire ; il était en outre d’un esprit très exigeant, au point d’être appelé « pecadito » dans ses jeunes années, pour son exactitude à détecter ses défauts et ceux des autres et à s’en corriger. Il possédait également un sens inné de la rigueur et du devoir moral. Les conditions dans lesquelles il a dû exercer son ministère épiscopal étaient pourtant diamétralement opposées aux siennes : solitude et impossibilité de partager la vie salésienne et sacerdotale, malgré ses demandes répétées et presque suppliantes à sa Congrégation ; nécessité de tempérer sa rigueur morale avec une fermeté de plus en plus souple et presque désarmée ; exigeante conscience morale continuellement mise à l’épreuve par la superficialité et la tiédeur de la part de certains collaborateurs moins héroïques que lui, et d’un peuple de Dieu qui savait s’opposer à l’évêque quand sa parole devenait une dénonciation de l’injustice et un diagnostic des maux spirituels. Le chemin du Vénérable vers la plénitude de la sainteté, dans l’exercice des vertus, fut donc marqué par des épreuves, des difficultés et le besoin continuel de convertir son regard et son cœur, sous l’action de l’Esprit.
            Si nous trouvons certainement dans sa vie des épisodes que l’on peut définir comme héroïques au sens strict, nous devons aussi, et peut-être surtout, souligner les moments de son parcours vertueux où il aurait pu agir différemment, mais ne l’a pas fait ; céder au découragement, alors qu’il renouvela son espérance ; se contenter d’une grande charité, alors qu’il se montra pleinement disposé à exercer cette charité héroïque qu’il a pratiquée avec une fidélité exemplaire pendant plusieurs dizaines d’années. Lorsque, à deux reprises, on lui proposa un changement de siège, et dans le second cas, le siège primatial de Lima, il décida de rester parmi ses pauvres, ceux dont personne ne voulait, vraiment à la périphérie du monde, dans le diocèse qu’il avait toujours épousé et aimé tel qu’il était, en s’engageant de tout cœur à le rendre un peu meilleur. Il fut un pasteur « moderne » dans son style de présence et dans l’utilisation de moyens d’action tels que l’associationnisme et la presse. Homme au tempérament décidé et ferme dans ses convictions de foi, Mgr Ortiz Arrieta a certainement utilisé ses dons de chef, mais sans jamais manquer au respect et à la charité, dont il fit preuve avec une extraordinaire constance.
            Bien qu’il ait vécu avant le Concile Vatican II, la manière dont il a planifié et réalisé la tâche pastorale qui lui été confiée est toujours d’actualité : pastorale des vocations, soutien concret de ses séminaristes et de ses prêtres ; formation catéchétique et humaine des plus jeunes, pastorale des familles qui lui a permis de rencontrer des couples mariés en crise ou des couples non mariés réticents à régulariser leur union. Mgr Ortiz Arrieta n’éduquait pas seulement à travers son action pastorale concrète, mais par son comportement même, par sa capacité à discerner par lui-même, avant tout, ce que signifie et ce qu’implique le renouvellement de la fidélité au chemin parcouru. Il a vraiment persévéré dans la pauvreté héroïque, dans la force d’âme au milieu de toutes les épreuves de la vie et dans la fidélité radicale au diocèse qui lui avait été confié. Humble, simple, toujours serein, entre le sérieux et la douceur. La douceur de son regard laissait transparaître toute la tranquillité de son esprit. Tel fut le chemin de sainteté qu’il parcourut.
            Les belles caractéristiques que ses supérieurs salésiens avaient trouvées en lui avant son ordination sacerdotale en le décrivant comme une « perle salésienne » et en louant son esprit de sacrifice, sont revenues comme une constante tout au long de sa vie, y compris épiscopale. En effet, on peut dire qu’Ortiz Arrieta s’est « fait tout à tous, pour en sauver quelques-uns à tout prix » (1 Cor 9, 22). Il fut autoritaire avec les autorités, simple avec les enfants, pauvre parmi les pauvres, doux avec ceux qui l’insultaient ou essayaient de le délégitimer par ressentiment, toujours prêt à ne pas rendre le mal pour le mal, mais à vaincre le mal par le bien (cf. Rm 12, 21). Toute sa vie a été dominée par la primauté du salut des âmes. Il voulait que cette priorité soit aussi celle de ses prêtres, dont il essaya de combattre la tentation du repli sur une sécurité facile ou de la recherche de positions plus prestigieuses, au lieu de s’engager dans le service pastoral. On peut vraiment dire qu’il a adopté un style de vie chrétienne au profil élevé, faisant de lui un pasteur qui a incarné la charité pastorale de manière originale, soucieux de la communion au sein du peuple de Dieu, proche des plus nécessiteux, vrai témoin d’une vie de pauvreté évangélique.