25 Sep 2025, jeu

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Mgr Stefano Ferrando a été un exemple extraordinaire de dévouement missionnaire et de service épiscopal, alliant le charisme salésien à une profonde vocation au service des plus pauvres. Né en 1895 dans le Piémont, il entra jeune dans la Congrégation salésienne et, après avoir servi militairement pendant la Première Guerre mondiale, ce qui lui valut la médaille d’argent de la valeur, il se consacra à l’apostolat en Inde. Évêque de Krishnagar puis de Shillong pendant plus de trente ans, il marcha inlassablement parmi les populations, promouvant l’évangélisation avec humilité et un profond amour pastoral. Il fonda des institutions, soutint les catéchistes laïcs et incarna dans sa vie la devise « Apôtre du Christ ». Sa vie fut un exemple de foi, d’abandon à Dieu et de don total, laissant un héritage spirituel qui continue d’inspirer la mission salésienne dans le monde.

Le Vénérable Mgr Stefano Ferrando a su conjuguer sa vocation salésienne avec son charisme missionnaire et son ministère épiscopal. Né le 28 septembre 1895 à Rossiglione (Gênes, diocèse d’Acqui) d’Agostino et de Giuseppina Salvi, il se distingue par un ardent amour de Dieu et une tendre dévotion à la Vierge Marie. En 1904, il entre dans les écoles salésiennes, d’abord à Fossano puis à Turin-Valdocco, où il connaît les successeurs de Don Bosco et la première génération de salésiens, et entreprend ses études sacerdotales. Entre-temps, il nourrit le désir de partir comme missionnaire. Le 13 septembre 1912, il fait sa première profession religieuse dans la Congrégation salésienne à Foglizzo. Appelé sous les drapeaux en 1915, il participe à la Première Guerre mondiale et recevra la médaille d’argent pour son courage. De retour chez lui en 1918, il prononce ses vœux perpétuels le 26 décembre 1920.
Il est ordonné prêtre à Borgo San Martino (Alessandria) le 18 mars 1923. Le 2 décembre de la même année, avec neuf compagnons, il s’embarque à Venise comme missionnaire en Inde. Le 18 décembre, après 16 jours de voyage, le groupe arrive à Bombay et le 23 décembre à Shillong, lieu de son nouvel apostolat. Nommé maître des novices, il forme les jeunes salésiens à l’amour de Jésus et de Marie et fait preuve d’un grand esprit apostolique.
Le 9 août 1934, le pape Pie XI le nomme évêque de Krishnagar. Il prend comme devise : « Apôtre du Christ ». En 1935, le 26 novembre, il est transféré à Shillong, où il restera évêque pendant 34 ans. Tout en travaillant dans un contexte difficile sur le plan culturel, religieux et social, Mgr Ferrando s’efforce d’être proche des personnes qui lui étaient confiées, travaillant avec zèle dans le vaste diocèse qui englobait toute la région du nord-est de l’Inde. Il préférait se déplacer à pied plutôt qu’en voiture, ce qui lui permettait de rencontrer les gens, de s’arrêter pour leur parler, de s’impliquer dans leur vie. Ce contact direct avec la vie des gens a été l’une des principales raisons de la fécondité de son annonce évangélique. Son humilité, sa simplicité et son amour des pauvres ont conduit beaucoup de personnes à se convertir et à demander le baptême. Il créa un séminaire pour la formation des jeunes salésiens indiens, construisit un hôpital, érigea un sanctuaire dédié à Marie Auxiliatrice et fonda la première congrégation de sœurs autochtones : la Congrégation des Sœurs Missionnaires de Marie Auxiliatrice (1942).

Homme de caractère, il ne s’est pas découragé face aux innombrables difficultés qu’il a affrontées avec le sourire et avec douceur. La persévérance face aux obstacles était l’une de ses principales caractéristiques. Il cherchait à unir le message de l’Évangile à la culture locale dans laquelle il devait s’insérer. Intrépide dans ses visites pastorales, il se rendait dans les endroits les plus reculés du diocèse, afin de récupérer la dernière brebis perdue. Il travailla avec une grande sensibilité à la promotion des catéchistes laïcs, qu’il considérait comme complémentaires de la mission de l’évêque et dont dépendaient en grande partie la fécondité de l’annonce de l’Évangile et sa pénétration sur le territoire. Il accordait également une grande attention à la pastorale familiale. Malgré ses nombreux engagements, le Vénérable était un homme à la vie intérieure riche, nourrie par la prière et le recueillement. En tant que pasteur, il était apprécié par les sœurs de sa congrégation, les prêtres, les confrères salésiens et ses confrères dans l’épiscopat, ainsi que par les gens, qui le sentaient profondément proche d’eux. Il s’est donné à son troupeau avec créativité, s’occupant des pauvres, défendant les intouchables, soignant les malades du choléra.
Les pierres angulaires de sa spiritualité étaient son lien filial avec la Vierge Marie, son zèle missionnaire, sa référence permanente à Don Bosco, comme il ressort de ses écrits et de toute son activité missionnaire. Le moment le plus lumineux et le plus héroïque de sa vie vertueuse fut son départ du diocèse de Shillong. En effet, Mgr Ferrando dut présenter sa démission au Saint-Père, alors qu’il était encore dans la plénitude de ses facultés physiques et intellectuelles, pour permettre la nomination de son successeur, qui devait être choisi, selon les instructions supérieures, parmi les prêtres indigènes qu’il avait formés. Ce fut un moment particulièrement douloureux, vécu par le grand évêque avec humilité et en esprit d’obéissance. Il comprit qu’il était temps de se retirer dans la prière, selon la volonté du Seigneur.
De retour à Gênes en 1969, il poursuivit son activité pastorale, en présidant les cérémonies de confirmation et en se consacrant au sacrement de pénitence.
Il resta fidèle à la vie religieuse salésienne jusqu’au bout, décidant de vivre en communauté et renonçant aux privilèges que sa position d’évêque aurait pu lui réserver. Il continua en Italie à être « a missionary ». Non pas « a missionary who moves, but […] a missionary who is » : non pas un missionnaire qui se déplace, mais un missionnaire qui est. Sa vie, en cette dernière saison, est devenue « rayonnante ». Il devient un « missionnaire de la prière » qui dit : « Je suis heureux d’être parti pour que d’autres puissent prendre la relève et faire des œuvres merveilleuses ».
Depuis Gênes Quarto, il continua à animer la mission de l’Assam, en sensibilisant et en envoyant des aides financières. Il vécut cette heure de purification dans un esprit de foi, d’abandon à la volonté de Dieu et d’obéissance, selon l’expression évangélique : « nous sommes des serviteurs inutiles », et confirmant par sa vie le caetera tolle, l’aspect oblatif et sacrificiel de la vocation salésienne. Il mourut le 20 juin 1978 et fut enterré à Rossiglione, sa terre natale. En 1987, sa dépouille mortelle fut ramenée en Inde.

Dans la docilité à l’Esprit, il a mené une action pastorale féconde, qui s’est manifestée dans un grand amour pour les pauvres, dans l’humilité d’esprit et la charité fraternelle, dans la joie et l’optimisme de l’esprit salésien.
Avec les nombreux missionnaires qui ont partagé avec lui l’aventure de l’Esprit en terre indienne, parmi lesquels les Serviteurs de Dieu Francesco Convertini, Costantino Vendrame et Oreste Marengo, Mgr Ferrando a inauguré une nouvelle méthode missionnaire, celle d’être un missionnaire itinérant. Un tel exemple est un avertissement providentiel, surtout pour les congrégations religieuses tentées par un processus d’institutionnalisation et de fermeture. Il s’agit de ne pas perdre la passion d’aller à la rencontre des personnes et des situations de grande pauvreté et de dénuement matériel et spirituel, là où personne ne veut aller, et en faisant confiance. « Je regarde l’avenir avec confiance, en me confiant à Marie Auxiliatrice… Je me confierai à Marie Auxiliatrice qui m’a sauvé d’innombrables dangers ».

By Ángel Card. FERNÁNDEZ ARTIME

Recteur Majeur des Salésiens de Don Bosco