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Deuxième d’une famille de 11 enfants, il avait un père cheminot. Ayant reçu de ses parents une foi simple mais forte, attiré à l’âge de 12 ans par la renommée de Don Bosco, il suit son frère Ignace en Italie pour se consacrer au Seigneur dans la Société salésienne, et y attire bientôt deux autres frères : Antonio, qui deviendra salésien et musicien renommé, et Clément, qui sera missionnaire. Le lycée de Valsalice l’accueille pour ses études. Il fut ensuite admis au noviciat et reçut la soutane des mains du Bienheureux Michel Rua (1896). Ayant fait sa profession religieuse en 1897, il est envoyé par ses supérieurs à Rome à l’Université Grégorienne pour le cours de philosophie, qu’il couronna par un diplôme. De Rome, il retourne en Pologne pour faire son stage pratique au collège d’Oświęcim. Sa fidélité au système éducatif de Don Bosco, son engagement dans l’assistance et dans l’école, son dévouement pour les jeunes et son amabilité lui donnent un grand ascendant. Il se fait également rapidement remarquer pour ses talents musicaux.
Après avoir terminé ses études de théologie, il est ordonné prêtre le 23 septembre 1905 à Cracovie par Mgr Nowak. De 1905 à 2009, il suit les cours de la faculté des lettres des universités de Cracovie et de Lwow. En 1907, il est chargé de la nouvelle maison de Przemyśl (1907-1909), d’où il passe ensuite à la direction de la maison de Vienne (1909-1919). Là, son courage et ses capacités personnelles prirent encore plus d’ampleur en raison des difficultés particulières auxquelles l’institut était confronté dans la capitale impériale. Là, les vertus et le tact du père Auguste Hlond réussirent en peu de temps non seulement à redresser la situation économique, mais aussi à faire éclore des œuvres de jeunesse qui suscitèrent l’admiration de toutes les classes de la population. Son souci des pauvres, des ouvriers, des enfants du peuple lui attira l’affection des classes les plus humbles. Cher aux évêques et aux nonces apostoliques, il jouissait de l’estime des autorités et de la famille impériale elle-même. En reconnaissance de cette œuvre sociale et éducative, il reçut à trois reprises des distinctions honorifiques parmi les plus prestigieuses.
En 1919, lorsque le développement de la province austro-hongroise conseilla une division proportionnelle au nombre de maisons, les supérieurs nommèrent le père Hlond provincial de la province germano-hongroise, basée à Vienne (1919-1922), lui confiant le soin des confrères autrichiens, allemands et hongrois. En moins de trois ans, le jeune provincial ouvrit une douzaine de nouvelles présences salésiennes, qu’il forma dans l’esprit salésien le plus authentique, suscitant de nombreuses vocations.
Il était en pleine activité salésienne quand, en 1922, le Saint-Siège décida d’assurer le gouvernement de l’Église dans la Silésie polonaise, encore ensanglantée par les luttes politiques et nationales. Le pape Pie XI lui confia cette délicate mission en le nommant Administrateur Apostolique. Grâce à sa médiation entre Allemands et Polonais, naquit en 1925 le diocèse de Katowice, dont il devint l’évêque. En 1926, il devient archevêque de Gniezno et Poznań et primat de Pologne. L’année suivante, le pape le crée cardinal. En 1932, il fonde la Société du Christ pour les émigrés polonais, destinée à aider les nombreux compatriotes qui ont quitté le pays.
En mars 1939, il participe au conclave qui élit Pie XII. Le 1er septembre de la même année, les nazis envahissent la Pologne : c’est le début de la seconde Guerre mondiale. Le cardinal s’élève contre les violations des droits de l’homme et de la liberté religieuse commises par Hitler. Contraint à l’exil, il se réfugie en France, à l’abbaye d’Hautecombe, dénonçant la persécution des Juifs en Pologne. La Gestapo pénètre dans l’abbaye, l’arrête et le déporte à Paris. Le cardinal refuse catégoriquement de soutenir la formation d’un gouvernement polonais pro-nazi. Il est interné d’abord en Lorraine, puis en Westphalie. Libéré par les troupes alliées, il rentre dans son pays en 1945.
Dans la nouvelle Pologne libérée du nazisme, il découvre le communisme. Il défend courageusement les Polonais contre l’oppression marxiste athée, échappant même à plusieurs tentatives d’assassinat. Il meurt le 22 octobre 1948 d’une pneumonie, à l’âge de 67 ans. Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles.
Le cardinal Hlond était un homme vertueux, un exemple lumineux de religieux salésien et un pasteur généreux et austère, capable de visions prophétiques. Obéissant à l’Église et ferme dans l’exercice de son autorité, il a fait preuve d’une humilité héroïque et d’une constance sans équivoque dans les moments les plus difficiles. Il a cultivé la pauvreté et pratiqué la justice envers les pauvres et les nécessiteux. Les deux piliers de sa vie spirituelle, à l’école de saint Jean Bosco, étaient l’Eucharistie et Marie Auxiliatrice.
Dans l’histoire de l’Église de Pologne, le cardinal Auguste Hlond a été l’une des figures les plus éminentes pour le témoignage religieux de sa vie, pour la grandeur, la variété et l’originalité de son ministère pastoral, pour les souffrances qu’il a affrontées avec un esprit chrétien intrépide à cause du Royaume de Dieu. L’ardeur apostolique a caractérisé le travail pastoral et la physionomie spirituelle du Vénérable Auguste Hlond, qui a pris comme devise épiscopale Da mihi animas coetera tolle. Es vrai fils de saint Jean Bosco, il l’a confirmée par sa vie d’homme consacré et d’évêque, en témoignant d’une infatigable charité pastorale.
Il faut rappeler son grand amour pour la Vierge, appris dans sa famille, et la grande dévotion du peuple polonais pour la Mère de Dieu, vénérée dans le sanctuaire de Częstochowa. En outre, depuis Turin, où il a commencé son parcours de salésien, il a diffusé le culte de Marie Auxiliatrice en Pologne et a consacré la Pologne au Cœur Immaculé de Marie. Sa confiance en Marie l’a toujours soutenu dans l’adversité et à l’heure de sa dernière rencontre avec le Seigneur. Il est mort avec le chapelet dans les mains, en disant aux personnes présentes que la victoire, lorsqu’elle arrivera, sera la victoire de Marie Immaculée.
Le Vénérable cardinal Auguste Hlond est un témoin singulier de la nécessité d’accepter chaque jour le chemin de l’Évangile, même s’il nous apporte des problèmes, des difficultés, voire des persécutions : c’est cela la sainteté. « Jésus nous rappelle combien de personnes sont persécutées et ont été persécutées simplement parce qu’elles luttaient pour la justice, parce qu’elles vivaient leurs engagements envers Dieu et envers les autres. Si nous ne voulons pas sombrer dans une médiocrité obscure, ne prétendons pas à une vie confortable, car ‘celui qui veut sauver sa vie la perdra’ » (Mt 16,25). Nous ne pouvons pas attendre, pour vivre l’Évangile, que tout soit favorable autour de nous, car souvent les ambitions de pouvoir et les intérêts mondains jouent contre nous… La croix, en particulier les fatigues et les souffrances que nous endurons pour vivre le commandement de l’amour et le chemin de la justice, est une source de maturation et de sanctification » (François, Gaudete et Exsultate, nn. 90-92).