11 Nov 2025, mar

Entretien avec le nouveau supérieur, le père Gabriel NGENDAKURIYO

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Nous avons interviewé le nouveau supérieur, le père Gabriel NGENDAKURIYO, de la Province des Grands Lacs d’Afrique (AGL), qui comprend l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. La Province est ainsi nommée en raison de sa proximité avec le grand lac Victoria, le plus grand d’Afrique et le deuxième du monde.


Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Gabriel NGENDAKURIYO, salésien de Don Bosco, prêtre. Né le 3 juillet 1954, au Burundi, j’ai fréquenté l’école dans ce même pays jusqu’à la fin des études secondaires. Entré tout de suite après dans la Congrégation salésienne, j’ai fait mon noviciat à Butare au Rwanda (1978-1979) et la Philosophie au Grand Séminaire interdiocésain de Nyakibanda (Rwanda). Parti en 1981 pour le stage pratique à Lubumbashi (Zaïre, à l’époque), j’ai terminé les études de Théologie dans ce même pays (Kolwezi) et ai été ordonné prêtre à Lubumbashi, le 11 août 1987.
A peine un mois plus tard, je me trouvais à Rukago (Burundi) comme vicaire paroissial. En 1991, j’ai été envoyé à Rome, puis à Jérusalem, pour des études qui me préparaient à être formateur dans notre Institut de Théologie Saint François de Sales de Lubumbashi. J’y suis entré en 1994 pour en sortir en 2006, au moment où le Recteur Majeur (P. Pascual Chavez) venait de me nommer Supérieur provincial d’une nouvelle Circonscription nommée Afrique des Grands Lacs (AGL) et œuvrant dans trois pays : le Burundi, le Rwanda et l’Uganda.
Après un mandat de 6 ans (2006-2012) et une année sabbatique en Terre Sainte, j’ai été nommé Directeur de Buterere (Burundi) et, après 2 ans, Directeur de la Communauté Don Rua à l’UPS (Rome). Six ans plus tard (août 2021), je me retrouvais à Buterere, cette fois-ci comme Recteur de notre Sanctuaire dédié à Marie Auxiliatrice. C’est d’ici que je suis parti à Kigali pour un autre mandat de Supérieur provincial. Voilà pourquoi je suis maintenant à Rome pour la session de formation destinée aux « nouveaux » provinciaux !

Qui vous a raconté l’histoire de Jésus pour la première fois ?
Je suis né de parents profondément chrétiens et pratiquants. Ma connaissance de Jésus a été une connaissance « vitale et concrète » avant de devenir théorique. On priait tous les jours le chapelet, on allait à la messe tous les dimanches (deux heures de marche), j’étais servant de messe (enfant de chœur), j’ai accompagné ma grande sœur au catéchuménat avant de commencer l’école primaire … L’histoire de Jésus, ce sont mes parents qui me l’ont racontée en premier.

Quelle est l’histoire de votre vocation ?
A la fin de l’école primaire, j’ai demandé d’aller au petit séminaire diocésain, car j’avais clairement en moi le désir de devenir prêtre. Cela ne m’a pas été accordé. J’ai alors été orienté dans une école à cycle court (qui formait des enseignants pour l’école primaire) tenue par le Frères de Notre Dame de la Miséricorde, qui m’ont beaucoup édifié et marqué. C’est comme si quelqu’un m’attendait au tournant : Don Bosco m’a brûlé le cœur dès que je suis arrivé dans une école salésienne (j’avais 17 ans).

Quel est votre meilleur souvenir ?
Le moment de mon ordination sacerdotale. Et aussi ma première arrivée en Terre Sainte, et à Lourdes.

Quels sont les besoins locaux et les besoins des jeunes les plus urgents ?
Dans ma Province d’AGL, la nécessité la plus urgente est la formation aux valeurs humaines et chrétiennes authentiques. Aujourd’hui, les maîtres sont nombreux et de toute sortes. Il est devenu difficile de séparer l’ivraie du bon grain. Nous œuvrons pour une évangélisation en profondeur, avec les moyens qui nous sont propres et sur lesquels repose globalement le « système préventif ».

Les chrétiens de la région sont-ils persécutés ?
Non ! Alors pas du tout, pour le moment. Les chrétiens jouissent d’une liberté suffisante pour vivre et proclamer leur foi, bien évidemment dans le respect de l’ordre public.

Les relations avec les personnes d’autres religions dans votre région ?
Tout n’est pas toujours rose dans les rapports entre chrétiens catholiques et certaines nouvelles formes de religions d’obédience protestante. Néanmoins, les divergences qui peuvent s’observer ne dégénèrent jamais dans des formes de violence.

Comment voyez-vous l’avenir ?
Je considère l’avenir avec optimisme et réalisme. L’histoire de l’humanité est dynamique ; elle a toujours connu des hauts et des bas. Elle traverse sans doute aujourd’hui un moment très délicat et nous invite à bien lire « les signes des temps » et à « bien prendre le tournant ».

Quelle place Marie Auxiliatrice occupe-t-elle dans votre vie ?
Depuis mon enfance, Marie (j’ai connu le titre d’Auxiliatrice seulement plus tard) occupe une place très importante dans ma vie. Depuis que j’ai découvert qu’elle m’écoute et prend soin de moi, je lui parle avec respect, spontanéité et familiarité. Et c’est avec plaisir que je fais tout pour la faire connaître et aimer. Je suis son « fils », son « confident », son « disciple »…

Que diriez-vous aux jeunes d’aujourd’hui ?
Je leur dirais que la vie est belle et vaut la peine d’être vécue. Mais aussi que la « vie en plénitude », belle, n’exclut nullement l’effort (aussi dans le sens de l’ascèse) qui ennoblit la personne humaine.
Allez les jeunes !


P. Gabriel NGENDAKURIYO,
Supérieur de la Province des Grands Lacs d’Afrique

Editor BSOL

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