14 Oct 2025, mar

Des jeunes qui protègent la vie : des couveuses à faible coût pour les bébés prématurés

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Chaque année, dans le monde, plus d’un million et demi de bébés prématurés meurent faute d’accès à des couveuses adéquates. Ces dispositifs médicaux fondamentaux sont souvent trop coûteux pour les hôpitaux des pays en développement, où ils peuvent pourtant faire la différence entre la vie et la mort pour des nouveau-nés fragiles et vulnérables.
C’est dans ce contexte qu’est né en Espagne un projet mené par des jeunes passionnés. Avec créativité, professionnalisme et esprit de solidarité, ils contribuent à sauver des milliers de vies. Leur initiative est un exemple vertueux d’innovation sociale et, en même temps, un véritable témoignage de protection de la vie humaine dès son premier souffle. Les couveuses sont fabriquées dans dix centres de formation professionnelle salésiens répartis sur le territoire espagnol.

Pablo Sánchez et le projet IncuNest : foi et innovation
Le cœur de cette entreprise est Pablo Sánchez Bergasa, un jeune ingénieur espagnol qui a décidé de poursuivre un projet initié par son collègue Alejandro Escario, qui avait développé en 2014, comme thèse de fin d’études, un prototype de couveuse à faible coût.
Pablo se décrit ainsi : « J’étais un jeune paresseux, avec une légère dépendance aux jeux vidéo ». Il raconte qu’il s’était rapproché de ce projet pour aider, mais peu après le groupe originel s’est dissous : l’un s’est consacré à sa famille, un autre a déménagé aux États-Unis, et il est resté seul. « Je me suis retrouvé un peu seul, et je me sentais indigne, mais je le voyais si nécessaire que j’ai décidé de donner ce que j’avais alors ».
Pendant des années, il a travaillé pendant son temps libre, jusqu’à ce qu’en 2019, il fonde l’ONG Medical Open World, au sein de laquelle il développa le projet de couveuses pour les bébés prématurés ou en difficulté.
En février 2025, une reconnaissance inattendue est arrivée : la nouvelle du Prix Fundación Princesa de Girona, qui lui a été remis en juillet en présence du Roi d’Espagne, Felipe VI. La Fondation soutient le développement professionnel et éducatif des jeunes talents, et a motivé ainsi la reconnaissance : « Sa générosité à partager la connaissance et son engagement à briser les barrières inspirent ceux qui l’entourent et démontrent que l’innovation peut être au service de l’humanité ».
Ce prix a marqué un tournant pour Pablo : « Ce fut un cri retentissant, un appel à tout laisser et à profiter de cette opportunité, car c’est un très grand mégaphone et je dois tout miser ». Il quitta son travail pour se consacrer entièrement au projet. Ce ne fut pas un choix dicté par des calculs économiques : pendant des mois, il n’a vécu que de ses économies, ce qui inquiétait ses parents. « Mes parents me demandaient : mais de quoi vivras-tu ? Je répondais : je mettrai ce qui est entre mes mains et le reste, je le laisse à Dieu ».
Son expérience de bénévolat au Cottolengo du Père Alegre, où il a vu la confiance totale des sœurs dans la Providence, a également été déterminante. « Je voyais comment les sœurs s’abandonnent à la providence et comment elles ne manquent de rien, et j’ai ressenti le même appel », se souvient-il. Et il ajoute : « Dans ce projet, Dieu a été la constante qui était derrière le projet ; il a transformé les tristesses en joies, les défaites en opportunités et l’abandon en engagement ».
Pablo ne cache pas sa foi catholique, il l’indique même comme la force motrice de son travail : « J’ai décidé de m’engager tout entier pour sauver des vies… et le reste, je le confie à Dieu ».

IncuNest : faible coût, open source, impact global
Les couveuses commerciales coûtent entre 30 000 et 35 000 euros et nécessitent des équipements coûteux, une maintenance complexe, un personnel spécialisé et surtout une alimentation électrique stable : des conditions souvent absentes dans les zones rurales ou les pays les plus pauvres. Sans eux, les bébés prématurés risquent l’hypothermie, les infections et de graves complications.
L’incubateur IncuNest n’a pas la sophistication des modèles traditionnels, mais il garantit l’essentiel : il régule automatiquement la température de l’air et de la peau du nouveau-né, contrôle l’humidité pour protéger la peau fragile, et comprend un module de photothérapie pour traiter la jaunisse, fréquente chez les prématurés.
Il est léger (12-13 kg), démontable, transportable même dans une valise, et peut fonctionner aussi bien avec du courant 220/110 V qu’avec des batteries de voiture 12 V, un avantage décisif là où l’électricité n’est pas stable. Le coût des matériaux ? Seulement 350 euros, soit environ cent fois moins que les couveuses conventionnelles.
De plus, la technologie est open source : les plans et le logiciel sont accessibles à tous, favorisant la reproductibilité et l’autonomie des communautés locales.

Apprentissage et formation : les Salésiens, pont entre technologie et solidarité
Une caractéristique distinctive du projet est l’implication des centres salésiens de formation professionnelle. Ici, les jeunes apprentis acquièrent non seulement des compétences techniques (mécanique, électronique, conception, maintenance) mais aussi des valeurs de solidarité et d’engagement social.
Outre la construction des couveuses, ils participent à des ateliers et des séminaires qui les aident à grandir en tant que citoyens responsables, conscients que leur travail a un impact concret sur des milliers de familles dans le monde.
Cette dimension éducative fait partie intégrante de la mission d‘IncuNest : sauver des vies, former des personnes, transformer des communautés.

Un impact mondial et un avenir à développer
À ce jour, plus de 220 couveuses sont opérationnelles dans plus de 30 pays, grâce à la collaboration avec l’ONG Ayuda Contenedores. Ils ont déjà sauvé la vie de plus de 4 000 enfants. Les demandes dépassent de loin la disponibilité, signe d’un besoin énorme et non encore satisfait.
« Le besoin est très grand, mais si notre effort sert à sauver un enfant de plus, cela en vaudra la peine », affirme Pablo.
L’objectif est maintenant d’industrialiser la production pour étendre la diffusion et multiplier l’impact. Le prix reçu représente une plateforme importante pour sensibiliser les donateurs et les entreprises. « Nous devons maintenant aller plus loin et plus fort pour apporter une réponse adéquate à cette urgence. Nous avons quelque chose qui fonctionne déjà et qui sauve des vies : nous devons maintenant industrialiser, passer à grande échelle et atteindre d’autres lieux », conclut-il.

Ce projet possède une grande valeur morale, car il affirme la primauté de la vie ; une valeur de justice, car il permet aussi aux enfants des zones les plus pauvres de survivre ; et une valeur spirituelle, car il considère la vie comme un don de Dieu.
Pablo Sánchez Bergasa a tout laissé pour répondre à cet appel. Sa foi chrétienne n’est pas un détail marginal : c’est le moteur qui le soutient dans la décision de mettre la vie au centre, même au prix de renoncer à la sécurité personnelle et à un salaire stable.

C’est un projet qui mérite d’être connu, soutenu et amplifié.

Nous indiquons les sites web du projet :
Site officiel : https://incunest.org
Site de la Fondation Medical Open World : https://www.medicalopenworld.org/proyecto-incunest
Présentation du projet sur la chaîne YouTube de la Fundación Princesa de Girona : https://www.youtube.com/watch?v=b3d8OBgK_2Y&utm

Editor BSOL

Éditeur du site Web.