Le cœur d’or de l’éducation

Pourquoi la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus fait-elle partie de l’ADN de la Congrégation salésienne ?

Une belle église qui a coûté « du sang et des larmes » à Don Bosco, qui, déjà rongé par la fatigue, a consacré ses dernières énergies et ses dernières années à la construction de ce temple demandé par le Pape.
C’est aussi un lieu cher à tous les salésiens pour bien d’autres raisons.

La statue dorée du clocher, par exemple, est un signe de reconnaissance : elle a été offerte par d’anciens élèves argentins pour remercier les salésiens d’être venus sur leur terre.
Et aussi parce que, dans une lettre de 1883, Don Bosco a écrit cette phrase mémorable : « Souvenez-vous que l’éducation est une affaire de cœur, que Dieu seul en est le maître, et que nous ne pourrons rien réussir si Dieu ne nous en enseigne pas l’art et ne nous en donne pas les clefs dans les mains ». La lettre se terminait ainsi : « Priez pour moi, et croyez toujours au Sacré-Cœur de Jésus ».
Car la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus fait partie de l’ADN salésien.
La fête du Sacré-Cœur de Jésus veut nous encourager à avoir un cœur vulnérable. Seul un cœur qui peut être blessé est capable d’aimer. Ainsi, en cette fête, nous contemplons le cœur ouvert de Jésus pour ouvrir nos cœurs à l’amour. Le cœur est le symbole ancestral de l’amour et de nombreux artistes ont peint en or la blessure du cœur de Jésus. Du cœur ouvert rayonne vers nous l’éclat doré de l’amour, et la dorure nous montre aussi que nos labeurs et nos blessures peuvent se transformer en quelque chose de précieux.
Chaque temple et chaque dévotion au Sacré-Cœur de Jésus parle de l’amour de ce cœur divin, le cœur du Fils de Dieu, pour chacun de ses fils et filles de cette humanité. Et cela parle de douleur, cela parle d’un amour de Dieu qui n’est pas toujours réciproque. Aujourd’hui, j’ajoute un autre aspect. Je pense qu’il parle aussi de la douleur de ce Seigneur Jésus face à la souffrance de nombreuses personnes, la mise à l’écart d’autres personnes, l’immigration d’autres personnes sans horizon, la solitude, la violence que de nombreuses personnes subissent.

Le statue de Jésus bénissant, sur le clocher de la basilique du Sacré-Cœur à Rome

Je pense que l’on peut dire qu’elle parle de tout cela et qu’en même temps elle bénit, sans aucun doute, tout ce qui est fait en faveur des plus petits, c’est-à-dire la même chose que Jésus lorsqu’il parcourait les routes de Judée et de Galilée.
C’est pourquoi c’est un beau signe que la Maison du Sacré-Cœur soit aujourd’hui le siège de la Congrégation.

Autant de cœurs d’argent
L’une de ces joyeuses réalités qui réjouissent sans aucun doute le « Cœur de Dieu lui-même » est celle que j’ai pu voir de mes propres yeux, à savoir ce qui se fait à la Fondation salésienne Don Bosco sur les îles de Ténériffe et de Grande Canarie. J’y étais la semaine dernière et, parmi les nombreuses choses que j’ai vécues, j’ai pu voir les 140 éducateurs qui travaillent dans les différents projets de la Fondation (accueil, logement, formation professionnelle et placement ultérieur). Et puis j’ai rencontré une centaine d’autres adolescents et jeunes qui bénéficient de ce service de Don Bosco pour les plus petits. A la fin de notre précieuse rencontre, ils m’ont offert un cadeau.
J’étais ému parce qu’en 1849, deux jeunes garçons, Carlo Gastini et Felice Reviglio, avaient eu la même idée et, dans le plus grand secret, en économisant sur la nourriture et en gardant jalousement leurs petits pourboires, ils avaient réussi à acheter un cadeau pour la fête patronale de Don Bosco. La nuit de la Saint-Jean, ils étaient allés frapper à la porte de la chambre de Don Bosco. Imaginez son émerveillement et son émotion lorsqu’on lui présenta deux petits cœurs en argent, accompagnés de quelques mots maladroits.
Le cœur des jeunes est toujours le même et aujourd’hui encore, aux Canaries, dans une petite boîte en carton en forme de cœur, ils ont déposé plus de cent cœurs avec les noms de Nain, Rocio, Armiche, Mustapha, Joussef, Ainoha, Desiré, Abdjalil, Béatrice et Ibrahim, Yone et Mohamed et cent autres, exprimant simplement quelque chose qui vient du cœur ; des choses sincères et de grande valeur comme celles-ci :
– Merci d’avoir rendu cela possible.
– Merci pour la seconde chance que vous m’avez donnée dans la vie.
– Je continue à me battre. Avec vous, c’est plus facile.
– Merci de m’avoir redonné de la joie.
– Merci de m’aider à croire que je peux faire tout ce que je veux.
– Merci pour la nourriture et la maison.
– Merci du fond du cœur.
– Merci de m’avoir aidée.
– Merci de m’avoir donné l’occasion de grandir.
– Merci de croire en nous, les jeunes, malgré notre situation….
Et des centaines d’expressions similaires, adressées à Don Bosco et aux éducateurs qui, au nom de Don Bosco, les accompagnent chaque jour.
J’ai écouté ce qu’ils m’ont raconté, j’ai entendu quelques-unes de leurs histoires (souvent pleines de douleur), j’ai vu leurs regards et leurs sourires, et je me suis senti très fier d’être salésien et d’appartenir à une si belle famille de frères, d’éducateurs et de jeunes.
J’ai pensé, une fois de plus, que Don Bosco est plus actuel et nécessaire que jamais ; j’ai pensé à la finesse éducative avec laquelle nous accompagnons tant de jeunes dans le respect et la sensibilité de leurs rêves.
Ensemble, nous avons récité une prière adressée au Dieu qui nous aime tous, au Dieu qui bénit ses fils et ses filles. Une prière qui a mis à l’aise les chrétiens, les musulmans et les hindous. À ce moment-là, sans aucun doute, l’Esprit de Dieu nous embrassait tous.
J’étais heureux parce que, tout comme Don Bosco a accueilli ses premiers garçons au Valdocco, la même chose se produit aujourd’hui dans de nombreux Valdocco du monde entier.
Lorsque nous parlons de l’amour de Dieu, il s’agit pour beaucoup d’un concept trop abstrait. Dans le Sacré-Cœur de Jésus, l’amour de Dieu pour nous est devenu concret, visible et perceptible. Pour nous, Dieu a pris un cœur humain et, dans le cœur de Jésus, il nous a ouvert son cœur. Ainsi, par Jésus, nous pouvons amener nos destinataires au cœur de Dieu.




Marie Auxiliatrice dans la ville de la chaleur éternelle

« Une fois de plus, en voyageant dans le monde salésien, j’ai pu constater que Marie Auxiliatrice – comme l’a promis Don Bosco – est un phare de lumière, un port sûr, l’amour maternel de son fils et de nous tous ».

Chers amis de Don Bosco, du Bulletin salésien et de son précieux charisme, comme je le fais souvent, je veux partager avec vous, en ce mois de mai, un événement que j’ai vécu récemment et qui m’a touché le cœur et, en même temps, m’a fait beaucoup réfléchir sur la responsabilité que nous avons à l’égard de la dévotion à Marie Auxiliatrice.
Le jour où Jean Bosco est entré au séminaire, Mamma Marguerite lui a dit : « Quand tu es venu au monde, je t’ai consacré à la Sainte Vierge ; quand tu as commencé tes études, je t’ai recommandé la dévotion à cette Mère qui est la nôtre: maintenant, je te recommande d’être tout à elle : aime les compagnons dévoués de Marie ; et si tu deviens prêtre, recommande et propage toujours la dévotion à Marie « . En terminant ces paroles, ma mère fut émue : je pleurai : Mère, lui répondis-je, je vous remercie pour tout ce que vous avez dit et fait pour moi ; vos paroles ne seront pas prononcées en vain et je les garderai précieusement toute ma vie ».
Comme le rappellent souvent nos Mémoires, Don Bosco s’est jeté dans les bras de la divine Providence, comme un enfant dans ceux de sa mère.

Une ville salésienne

Fin mars, lorsque je suis retourné au Pérou – en Amérique latine – j’ai voulu me rendre dans le nord-ouest du pays pour visiter une ville et une présence salésienne très importante. Pour plusieurs raisons.
Tout d’abord parce que Piura est appelée par les habitants eux-mêmes  » la ville de la chaleur éternelle  » ou encore  » la ville où l’été ne finit jamais « , il y fait certes très chaud et l’humidité le rend encore plus chaud.
Mais en même temps, c’est une ville très salésienne. Plus d’un siècle de présence ici a marqué l’esprit des gens avec un style très familier, très simple, bref, très salésien de liens éducatifs et relationnels.
C’est surtout une ville très mariale, et dans l’orbite des deux présences salésiennes, elle est très dévouée à Marie Auxiliatrice.

Enfin, je voudrais souligner le magnifique service éducatif qui a été fourni depuis le début de la présence avec l’école Don Bosco et surtout, au cours des dernières décennies, avec la présence salésienne à Bosconia, une présence humble et belle dans l’un des quartiers les plus troublés, les plus périphériques et les plus pauvres, et où, grâce à l’engagement de tant de personnes (tant dans la société civile que dans l’Église), et surtout grâce au charisme de Marie Auxiliatrice, la présence salésienne est très importante. et surtout grâce au charisme de Don Bosco, cette partie de la ville continue à se transformer, offrant des opportunités de formation professionnelle à des centaines de garçons et de filles qui, là où ils n’auraient eu aucune chance, quittent aujourd’hui cette maison salésienne avec une profession apprise, pratiquée et formée pour le monde du travail.
À Bosconia, il y a même un magnifique centre médical salésien géré par une branche de notre famille, les sœurs salésiennes.
Je pense avoir décrit rapidement ce que j’ai trouvé dans la « ville de la chaleur éternelle ». Tout est digne d’intérêt, mais j’ai été particulièrement touché par la profonde dévotion à Marie Auxiliatrice. De manière presque inattendue – car quelques semaines auparavant, j’avais annoncé mon désir de venir – je me suis retrouvé à 18 heures, un jour de semaine normal, au milieu d’une foule de plus de trois mille personnes réunies pour célébrer l’eucharistie en l’honneur de notre Mère Auxiliatrice.
J’ai vu des centaines d’enfants et de jeunes avec leurs parents, des dizaines et des dizaines de garçons, de filles et d’adolescents des différents oratoires salésiens locaux, des enseignants, des éducateurs, etc.
La « chaleur éternelle de la ville » semblait peu de chose comparée à la foi, à la dévotion, à l’intériorité et à la prière, au chant et à tout ce que j’imaginais remplir le cœur de ces personnes, comme il remplissait le mien.
Une fois de plus, j’ai pu constater, en voyageant dans le monde salésien, que Marie Auxiliatrice – comme l’avait promis Don Bosco – est un phare de lumière, un havre de paix, l’amour maternel de son fils et de nous tous, ses fils et ses filles. Elle est en définitive la MÈRE en qui nous nous abandonnons et qui nous conduira toujours à son Fils bien-aimé. J’ai également vu cela à Piura.

La Vierge sur le balcon
Et en même temps, je voudrais ajouter un petit commentaire avec une autocritique nécessaire pour nous tous qui sommes fils et filles de Don Bosco. L’esprit de Dieu arrive là où il veut et touche le cœur de ses fidèles d’une manière qu’il est le seul à connaître. C’est le cas de la dévotion à la Mère du Fils de Dieu, et ma remarque critique est que la Mère du Ciel, notre Mère Auxiliatrice, n’a pas été connue dans toutes les parties du monde de la même manière, avec la même intensité, avec la même passion apostolique. Il y a des endroits où nous avons développé des écoles, où nous avons pris des mesures, où nous avons certainement servi le bien des gens, mais nous n’avons pas réussi à la faire connaître et aimer.
Ce serait incompréhensible pour Don Bosco. Je vous dirai que pour moi, c’est tout aussi incompréhensible et inacceptable. Parce que, en outre, s’il y avait dans la famille de Don Bosco des personnes qui ne se référaient pas à Marie Auxiliatrice, elles seraient quelque chose d’autre, mais elles ne seraient pas des fils et des filles de Don Bosco. Elle, la Mère, et la dévotion à Marie Auxiliatrice comme Mère du Seigneur et notre mère n’est pas facultative dans le charisme salésien, comme elle ne l’était pas pour Don Bosco. Elle est tout simplement essentielle. « Marie Très Sainte est la fondatrice et elle sera le soutien de nos œuvres », répétait sans cesse Don Bosco, « elle sera généreuse avec nous de dons temporels et spirituels, elle sera notre guide, notre maître, notre mère. Tous les biens du Seigneur nous parviennent par Marie ».
Dans un de ses rêves, Don Bosco vit une Dame très noble, habillée royalement, qui sortit de son balcon en criant : « Mes enfants, venez, abritez-vous sous mon manteau.
Je souhaite ardemment qu’elle, la Mère du Fils bien-aimé, elle, l’Auxiliatrice, continue à être aussi spéciale dans toutes les parties du monde qu’elle l’est dans la « ville de la chaleur éternelle » (Piura-Pérou).
Bonne fête de Marie Auxiliatrice à tous dans le monde entier.




Dieu a donné à Don Bosco un grand cœur…

…sans limites, comme les rives de la mer. De ce cœur, chaque jour, je sens les battements…

Il s’appelle Alberto. Je ne sais pas comment elle s’appelle, elle, une jeune mère.
Il vit au Pérou. Elle vit à Hyderabad (Inde).
Ce qui unit ces deux histoires, deux vies, c’est que je les ai rencontrées pendant mon service, Alberto au Pérou et la jeune mère en Inde la semaine suivante.
Ce qu’ils ont en commun, c’est le précieux fil d’or de la caresse de Dieu à travers l’accueil que Don Bosco leur a réservé dans l’une de ses maisons. Le cœur des Salésiens a changé leur vie, les sauvant de la situation de pauvreté et peut-être de mort à laquelle ils étaient condamnés. Et je crois pouvoir dire que le fruit de la Pâque du Seigneur passe aussi par des gestes humains qui guérissent et sauvent.
Voici les deux histoires.

Un jeune homme reconnaissant
Il y a quelques semaines, j’étais à Huancayo (Pérou). Je m’apprêtais à célébrer l’Eucharistie avec plus de 680 jeunes du mouvement salésien des jeunes de la Province, ainsi qu’avec plusieurs centaines d’habitants de cette ville située à 3200 mètres d’altitude dans les hautes montagnes du Pérou, et l’on m’a dit qu’un ancien élève voulait me dire au revoir. Il avait mis près de cinq heures pour venir et cinq autres pour rentrer.
« Je lui ai répondu que je serais très heureux de le rencontrer et de le remercier pour son geste.
Juste avant le début de l’eucharistie, ce jeune homme s’est approché de moi et m’a dit qu’il était très heureux de me saluer. « Je m’appelle Alberto et j’ai voulu faire ce voyage pour remercier Don Bosco en personne parce que les Salésiens m’ont sauvé la vie ».
Je l’ai remercié et je lui ai demandé pourquoi il me racontait cela. Il a continué son témoignage et chaque mot m’a touché de plus en plus. Il m’a raconté qu’il était un garçon difficile, qu’il avait donné beaucoup de fil à retordre aux Salésiens qui l’avaient accueilli dans l’un des foyers pour garçons en difficulté. Il a ajouté qu’ils auraient eu des dizaines de raisons de se débarrasser de lui parce que « j’étais un pauvre diable, et je ne pouvais que m’attendre à quelque chose de mauvais de la part du monde et de la vie, mais ils ont été très patients avec moi ».
Il poursuivit : « J’ai réussi à faire mon chemin, j’ai continué à étudier et, malgré ma rébellion, ils m’ont toujours donné de nouvelles opportunités, et aujourd’hui je suis un père de famille, j’ai une belle petite fille et je suis éducateur social. Sans ce que les Salésiens ont fait pour moi, ma vie serait très différente, peut-être même qu’elle serait déjà terminée.
Je suis resté sans voix et très ému. Je lui ai dit que j’étais très reconnaissant pour son geste, ses paroles et son cheminemenr, et que son témoignage de vie était la plus grande satisfaction pour un cœur salésien.
Il a fait un geste discret et m’a indiqué un salésien qui était là à ce moment-là, qui avait été l’un de ses éducateurs et l’un de ceux qui avaient été très patients avec lui. Le salésien s’est approché en souriant et, je pense avec une grande joie dans le cœur, m’a confirmé que c’était bien le cas. Nous avons déjeuné ensemble, puis Alberto est retourné dans sa famille.

Une mère heureuse
Cinq jours après cette rencontre, je me trouvais dans le sud de l’Inde, dans l’État d’Hyderabad. Au milieu de nombreuses salutations et activités, on m’a annoncé un après-midi que j’avais de la visite. C’était une jeune mère avec sa fille de six mois qui m’attendait à la réception de la maison salésienne. Elle voulait me saluer.
Le bébé était beau et, comme elle n’avait pas peur, je n’ai pas pu m’empêcher de la prendre dans mes bras et de la bénir à mon tour. Nous avons pris quelques photos souvenirs, comme le souhaitait la jeune maman. C’est tout ce qu’il y a eu dans cette rencontre.
Il n’y eut plus d’autres paroles, mais l’histoire était douloureuse et belle à la fois. Cette jeune mère était autrefois une enfant « jetable », vivant dans la rue sans personne. Il est facile d’imaginer son destin.
Mais un jour, dans la providence du bon Dieu, elle a été trouvée par un salésien qui avait commencé à accueillir des enfants des rues dans l’État d’Hyderabad. Elle était l’une des filles qui avaient réussi à obtenir un foyer avec d’autres filles. Avec les éducateurs, mes frères salésiens veillaient à ce que tous les besoins fondamentaux soient satisfaits et pris en charge.
Ainsi, cette petite fille, ramassée dans la rue, a pu s’épanouir à nouveau, s’engager dans un parcours de vie qui l’a conduite à être aujourd’hui une épouse et une mère et, ce qui est incroyablement inestimable pour moi, une enseignante dans la grande école salésienne où nous nous trouvions à l’époque.
Je n’ai pas pu m’empêcher de penser au nombre de vies sauvées du désespoir et de l’angoisse dans le monde salésien, au nombre de mes bons frères et sœurs salésiens qui s’agenouillent chaque jour pour « laver les pieds » des petits et des grands Jésuites dans nos rues.
C’est la clé pour que de nombreuses vies puissent être transformées pour le meilleur.
Comment ne pas voir dans ces deux faits la  » main de Dieu  » qui nous tend la main à travers le bien que nous pouvons faire ? Et que c’est nous tous qui, dans n’importe quelle partie du monde, dans n’importe quelle situation de vie et de profession, croyons en l’humanité et en la dignité de chaque personne, et croyons que nous devons continuer à construire un monde meilleur.
J’écris cela parce que les bonnes nouvelles doivent aussi être connues. Les mauvaises nouvelles se propagent d’elles-mêmes ou trouvent des personnes intéressées. Ces deux histoires vécues, si proches dans le temps pour moi, confirment une fois et mille fois la valeur du bien que nous essayions de faire tous ensemble.
Et aussi ce qu’un chant salésien a poétiquement exprimé :  » Je dis que Jean Bosco est vivant, ne pensez pas qu’un tel Père puisse nous abandonner. Il n’est pas mort, le Père vit, il a toujours été là et il reste, lui qui s’est occupé des jeunes abandonnés et orphelins, des enfants des rues, seuls, qu’il a aidés à changer… Je dis que Jean Bosco est vivant et qu’il a entrepris mille initiatives. Ne voyez-vous pas sa sollicitude de père à l’œuvre dans le monde entier ? Ne l’entendez-vous pas entonner son chant à tant de filles, tant de fils, qui portent ces reflets du Père que nous aimons ? Il vit, quand ses salésiens sont ainsi.
Je vous souhaite à tous de joyeuses Pâques ; et à ceux qui se sentent éloignés de cette certitude de foi, je souhaite le meilleur, avec beaucoup de cordialité.




J’ai compris ce que ressentait Don Bosco

Le lendemain de la célébration solennelle de Don Bosco, j’ai ressenti une émotion intense.
Après des contrôles assez stricts, j’ai franchi le seuil de
l’Institut Pénitentiaire pour Mineurs « Ferrante Aporti » de Turin, qui s’appelait autrefois « La Generala ».

Sur l’un des murs, il y a une grande plaque rappelant les visites de Don Bosco aux jeunes en prison. Combien de fois, avec les poches de sa soutane rapiécée pleines de fruits, de chocolats
du tabac, il avait franchi de lourdes portes comme celles-ci, au Sénat, au Centre correctionnel, aux Tours et ensuite ici à la Generala, pour rendre visite à ses « amis », les jeunes prisonniers. Il parlait de la valeur et de la dignité de chaque personne, mais souvent, à son retour, tout était détruit. Celles qui semblaient être des amitiés naissantes étaient mortes. Les visages étaient redevenus durs, des voix sarcastiques sifflaient des blasphèmes. Don Bosco ne parvenait pas toujours à surmonter son découragement. Un jour, il a éclaté en sanglots. Dans la pièce lugubre, il y eut un moment d’hésitation. « Pourquoi ce prêtre pleure-t-il ? » a demandé quelqu’un. « Parce qu’il nous veut du bien. Même ma mère pleurerait si elle me voyait ici. »

L’impact de ces visites sur son âme était si grand qu’il a promis au Seigneur de faire tout son possible pour que les garçons ne soient pas envoyés là-bas. C’est ainsi que l’oratoire et le système préventif sont nés.

Beaucoup de choses ont changé. Les fils de Don Bosco n’ont pas abandonné le chemin tracé par le Père. Il est de tradition que les aumôniers soient salésiens. Parmi les aumôniers « historiques » se trouve le bien-aimé Père Domenico Ricca, qui a pris sa retraite l’année dernière après plus de 40 ans de service. Un autre salésien, le Père Silvano Oni, a pris sa place et les novices salésiens, sous la direction du maître du noviciat, vont chaque semaine à la rencontre des jeunes détenus de l’Institut Pénitentiaire, avec une initiative appelée « la cour derrière les barreaux ». Tous les « détenus » sont beaucoup plus jeunes que les novices de Don Bosco. Et la grande majorité n’a pas de parents.

C’est pourquoi nous, Salésiens, aimons tant les jeunes
Comme Don Bosco, j’ai laissé parler mon cœur. Les éducateurs qui accompagnent ces jeunes au quotidien étaient également présents. J’ai salué tout le monde, y compris les nombreux jeunes étrangers. J’ai senti que la communication était possible. Plus tôt, trois novices avaient récité une courte scène de la vie de Don Bosco. Ils m’ont ensuite donné la parole et ont également donné aux jeunes la possibilité de me poser trois ou quatre questions. Et c’est ce qui s’est passé. Ils m’ont demandé qui était Don Bosco pour moi, pourquoi j’étais salésien, ce que c’était de vivre ce que je vis et pourquoi j’étais venu les voir.

Je leur ai parlé de moi, de mon origine et de ma nationalité. « Je suis espagnol, né en Galice, fils d’un pêcheur. J’ai étudié la théologie et la philosophie, mais je connais bien mieux la pêche car mon père me l’a enseignée. J’ai choisi de devenir salésien il y a 43 ans, je voulais être médecin, mais je me suis rendu compte que Don Bosco m’appelait à prendre soin des âmes des plus jeunes. Parce qu’il n’y a pas de bons et de mauvais jeunes, mais des jeunes qui ont moins reçu, et comme l’a dit notre saint, dans chaque jeune, même dans le plus malheureux, il y a un point accessible à la bonté, et le premier devoir de l’éducateur est de chercher ce point, la corde sensible de ce cœur, et de faire fleurir une vie. C’est pourquoi nous, les salésiens, aimons tant les jeunes. Nous pouvons tous faire des erreurs, mais si vous croyez en vous-mêmes, si vous faites confiance à vos éducateurs, vous en sortirez meilleurs. Mon rêve est de vous rencontrer tous un jour à Valdocco avec les jeunes que j’ai salués hier lors de la fête de notre Saint.

Pendant le déjeuner, un jeune homme m’a demandé s’il pouvait me poser une question en privé. Nous nous sommes séparés un peu du grand groupe pour ne pas être interrompus. « A quoi sert ma présence ici ? » m’a-t-il demandé sans détour. Je lui ai répondu : « Je crois sincèrement que c’est pour rien et pour beaucoup. Pour rien, parce que la prison, l’internement ne peut pas être une destination ou un lieu d’arrivée, seulement un lieu de passage. Mais, ai-je ajouté, je pense que cela te fera beaucoup de bien parce que cela t’aidera à décider que tu ne veux plus revenir ici, que tu as la possibilité d’un meilleur avenir, qu’après quelques mois ici, il y a la possibilité d’aller dans une des communautés d’accueil que nous, les salésiens, avons, par exemple à Casale, pas loin d’ici…’.

Dès que j’ai dit cela, le jeune homme a ajouté, sans me laisser finir : ‘Je le veux, j’en ai besoin, parce que j’ai été au mauvais endroit et avec les mauvaises personnes’.

Nous avons parlé. Ils ont parlé. Et j’ai réalisé à quel point il est vrai que, comme l’a dit Don Bosco, dans le cœur de chaque jeune, il y a toujours des graines de bonté. Ce jeune homme, et beaucoup d’autres que j’ai rencontrés, sont totalement « récupérables » si on leur donne la bonne opportunité, après les erreurs qu’ils ont commises.

J’ai à nouveau salué les jeunes, un par un. Nous nous sommes salués avec une grande cordialité. Leurs regards étaient propres, leurs sourires étaient ceux de jeunes battus par la vie, de jeunes qui avaient commis des erreurs, mais pleins de vie. J’ai perçu chez les éducateurs un grand sens de la vocation. Cela m’a plu.

À la fin du temps imparti – qui avait été convenu – j’ai dit au revoir et l’un d’eux s’est approché de moi et m’a dit : « Quand reviens-tu ? ». J’étais ému. J’ai souri et je lui ai dit : « La prochaine fois que tu m’inviteras, je serai là, et en attendant, je t’attendrai, comme Don Bosco, au Valdocco ».

C’est ce que j’ai vécu hier.

Amis du Bulletin salésien, amis du charisme de Don Bosco, comme hier, aujourd’hui aussi il est possible d’atteindre le cœur de chaque jeune. Même dans les plus grandes difficultés, il est possible de s’améliorer, il est possible de changer pour vivre honnêtement. Don Bosco le savait et y a travaillé toute sa vie.




Il y a beaucoup plus de « soif de Dieu » que vous ne le pensez

Aujourd’hui, il y a tellement besoin d’écoute, de dialogue libre et gratuit, de rencontres personnelles qui ne jugent pas et ne condamnent pas, et tellement besoin de silence et de présence en Dieu.

Chers amis du Bulletin salésien, il n’y a pas si longtemps, j’ai assisté aux funérailles du Pape émérite Benoît XVI. C’est lui-même qui, un an après le début de son service comme Pontife, a écrit la magnifique Encyclique « Deus Caritas est », et dans celle-ci cette déclaration qui me semble l’essence du magnifique parfum de la pensée chrétienne : « On ne commence pas à être chrétien avec une décision éthique ou une grande idée, mais avec la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne un nouvel horizon à la vie et, avec elle, une orientation décisive » (Deus Caritas est, 1). Cette personne est certainement Jésus-Christ.
Et à partir de cette déclaration, Benoît XVI nous laisse des déclarations comme celles-ci :
            – « Jésus-Christ est la Vérité faite Personne, qui attire le monde à lui.
            – La lumière rayonnée par Jésus est la lumière de la vérité. Toute autre vérité est un fragment de la Vérité qui est lui et à laquelle elle se réfère.
            – Jésus est l’étoile polaire de la liberté humaine : sans lui, elle perd son orientation, car sans la connaissance de la vérité, la liberté est dénaturée, isolée et réduite à un arbitraire stérile.
            – Avec lui, on redécouvre la liberté, on la reconnaît comme créée pour le bien et on l’exprime par des actions et des comportements charitables.
            – C’est pourquoi Jésus donne à l’homme une pleine familiarité avec la vérité et l’invite continuellement à en vivre.
            – Et rien d’autre que l’amour de la vérité peut propulser l’intelligence humaine vers des horizons inexplorés.
            – Jésus-Christ, qui est la plénitude de la vérité, attire à lui le cœur de tout homme, le dilate et le remplit de joie ».
En quelques phrases, solides et denses, il y a tout un enseignement chrétien qui est loin d’être une « morale » ou un ensemble de règles froides et rigides dépourvues de vie. La vie chrétienne est d’abord et avant tout une véritable rencontre avec Dieu.

Et c’est ce que j’ai déclaré dans le titre de ce message. Selon mon opinion et ma conviction profonde, il y a beaucoup plus de « soif de Dieu » que nous ne l’imaginons, qu’il n’y paraît. Ce n’est pas que je veuille modifier les statistiques des études sociologiques ou dessiner une réalité fictive. Je n’ai certainement pas l’intention de le faire, mais je souhaite faire comprendre que dans le « vis-à-vis« , dans le « face à face » avec la vie réelle de tant de personnes, de tant de pères et de mères, de tant de familles, de tant d’adolescents et de jeunes, ce que l’on trouve, très souvent, c’est une vie qui n’est pas facile, une vie qui doit être « soignée » chaque jour, des relations humaines dans lesquelles l’amour est désiré et nécessaire et qui doivent être prises en charge dans chaque petit geste, dans chaque petit détail, dans chaque action. Et dans ce « face à face », il y a tant besoin d’écoute, de dialogue libre et gratuit, de rencontres personnelles qui ne jugent pas et ne condamnent pas, et tant de besoin de silence et de présence en Dieu.
Je dis cela avec une grande conviction. Ici même, à Valdocco-Turin, où je me trouve, je suis surpris et rempli de joie lorsqu’un groupe de jeunes prend l’initiative d’inviter d’autres jeunes à une heure de présence, de silence et de prière devant Jésus Eucharistie, c’est-à-dire une heure d’adoration eucharistique, et qu’une centaine de personnes – autant de jeunes – répondent au rendez-vous. Ou encore à Rome, au Sacré-Cœur, nous avions l’habitude de nous réunir le jeudi soir, et des jeunes et des jeunes couples, certains avec leurs enfants, et même des fiancés étaient présents à ce moment-là parce qu’ils sentaient que leur vie avait besoin de cette rencontre avec une Personne qui donne un sens à nos vies.

Et j’en ai fait l’expérience à titre d’exemple dans de nombreux pays et endroits. C’est pourquoi, avec cette page, je vous invite à faire comme Don Bosco. Il n’a pas hésité un seul instant à proposer à ses garçons l’expérience d’une rencontre avec Jésus. Et ce Dieu qui est présence, qui est Dieu-avec-nous, comme nous l’avons célébré à Noël, est toujours le même Dieu qui appelle, qui invite, qui rassure dans chaque rencontre personnelle, dans chaque moment de repos en Lui.

Je me souviens d’une des nombreuses « surprises » de Don Bosco. Il raconte dans ses Mémoires : « J’entrais dans l’église depuis la sacristie et j’ai vu un jeune homme élevé à la hauteur du saint Tabernacle derrière le chœur, en train d’adorer le Saint Sacrement, agenouillé en l’air, la tête inclinée et appuyée contre la porte du Tabernacle, dans une douce extase d’amour comme un Séraphin du Ciel. Je l’ai appelé par son nom et il s’est vite réveillé et est descendu sur terre tout bouleversé, me suppliant de ne le révéler à personne. Je répète que je pourrais compter beaucoup d’autres faits similaires pour faire savoir que tout le bien que Don Bosco fait, il le doit surtout à ses enfants ».
Est-il possible que Jésus soit toujours le même Dieu qui veut nous rencontrer tous aujourd’hui et bien d’autres, ou bien avons-nous honte et peur de nous engager dans cette voie ? Est-il possible que beaucoup d’entre nous n’osent pas inviter les autres à vivre ce que nous vivons et qui nous a été donné et offert gratuitement ? Est-il possible que, parce qu’on nous dit que c’est démodé et dépassé, nous croyions trop de messages négatifs et perdions la force de témoigner, que beaucoup d’entre nous continuent à apprécier chaque rencontre personnelle avec Celui qui est le Seigneur de la vie ?

Le pape Benoît était convaincu que sa vie et sa foi étaient « justes » et que c’était une grande rencontre avec son Seigneur, et c’est ainsi que le pape François lui a fait ses adieux dans les derniers mots de son homélie : « Benoît, ami fidèle de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours ».
Continuons donc à promouvoir, mes amis, ces rencontres de Vie qui nous donnent une vie profonde, car il y a plus de « soif de Dieu » que ce qui se dit, que ce qu’on nous fait croire.




Message Recteur Majeur. Ce jeune homme m’a dit : « Ma passion, c’est le Christ »

Cela faisait de nombreuses années que je n’avais pas entendu cette expression de la part d’un jeune homme dans un contexte aussi désinvolte, en présence de tous ses compagnons qui se pressaient autour de nous.

Chers amis du Bulletin salésien, nous avons « passé le cap » de l’année, comme on dit en langage maritime, et nous abordons la nouvelle année. Chaque début possède quelque chose de magique, et le nouveau a toujours son charme particulier. L’année 2023 semblait être un temps lointain, et pourtant nous y sommes. La nouvelle année est chaque fois une promesse qu’une bonne nouvelle viendra pour nous aussi. Le Nouvel An jaillit de la lumière et de l’enthousiasme qui nous ont été donnés à Noël.

Il y a un temps pour naître » dit Qohélet dans la Bible. Il n’est jamais trop tard pour recommencer. Dieu recommence toujours avec nous, nous remplissant de sa bénédiction.
Une leçon que j’ai tirée de ces dernières années : se préparer aux surprises et à l’inattendu. Comme le dit saint Paul dans une lettre : « Jamais un cœur humain n’a pu goûter ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2, 9). Le contenu de l’espérance chrétienne est de vivre abandonné dans les bras de Dieu. Aujourd’hui, de nombreuses façons de vivre, de s’exprimer, de communiquer ont changé. Mais le cœur humain, surtout celui des jeunes, est toujours le même, comme un bourgeon au printemps, plein de vie prête à exploser. Les jeunes « sont » l’espérance qui marche. Ce que je vous raconte maintenant me semble très approprié pour cette salutation du Bulletin salésien pour le mois de janvier, le « mois de Don Bosco ».
Il y a quelques semaines, j’ai visité les présences salésiennes aux États-Unis d’Amérique (USA), et un jour, tôt le matin, je suis arrivé à la St Dominic Savio Middle and High School à Los Angeles. J’ai passé plusieurs heures avec des centaines d’étudiants, suivies d’un débat avec quarante-cinq jeunes du lycée. Nous avons parlé de leurs projets et de leurs rêves personnels. Ces quelques heures ont été très agréables et enrichissantes.
En fin de matinée, j’ai partagé un sandwich avec les jeunes dans la cour. J’étais assis à une table en bois dans la cour avec mon sandwich et une bouteille d’eau. Quatre autres salésiens étaient avec moi à ce moment-là ; j’avais salué de nombreux jeunes, certains assis à des tables, d’autres debout. C’était un déjeuner joyeux. À ma table, il y avait deux sièges vides, et à un moment donné, deux jeunes hommes se sont approchés et se sont assis avec nous. Naturellement, j’ai commencé à leur parler. Après quelques minutes, l’un des jeunes hommes m’a dit : « Je veux vous poser une question. « Bien sûr, dites-moi. »
Le jeune homme a dit : « Que dois-je faire pour devenir pape ? Je veux être Pape.
J’ai eu l’air surpris, mais j’ai souri. J’ai répondu qu’on ne m’avait jamais posé une telle question et que j’étais surpris par sa clarté et sa détermination. Il m’est venu spontanément l’idée de lui expliquer que parmi tant de millions de catholiques, il y a beaucoup de concurrence et qu’il n’est pas si facile d’être élu pape.

Recteur Majeur au Centre de Jeunesse de la Famille Salésienne situé à Boyle Heights, East Los Angeles, USA, Nov. 2022

Je lui ai proposé : « Écoute, tu pourrais commencer par devenir salésien ».
Le jeune homme a répondu en souriant : « Eh bien, je ne dis pas non » et a ajouté, très sérieusement : « car ce qui est certain, c’est que ma passion, c’est le Christ ». Je dois dire que j’ai été impressionné et agréablement surpris. Je pense que cela faisait de nombreuses années que je n’avais pas entendu cette expression de la part d’un jeune homme dans un contexte aussi désinvolte, en présence de tous ses compagnons, qui se pressaient maintenant autour de nous.
Le jeune homme avait un sourire authentique sur le visage et je lui ai dit que j’avais beaucoup aimé sa réponse, car j’avais compris qu’elle était absolument sincère. J’ai ajouté que, s’il était d’accord, j’aimerais raconter notre dialogue à un autre moment et en un autre lieu, et c’est ce que j’ai fait.
Mais déjà à ce moment-là, mes pensées s’étaient envolées vers Don Bosco. Don Bosco aurait sûrement apprécié un dialogue avec un jeune homme comme celui-ci. Il ne fait aucun doute que dans les nombreux dialogues qu’il eu avec Savio, Besucco, Magone, Rua, Cagliero, Francesia et bien d’autres, il y avait beaucoup de cela, le désir de ces jeunes hommes de faire quelque chose de beau de leur vie.

Et j’ai pensé combien il est important aujourd’hui, 163 ans après le début de la Congrégation salésienne, de continuer à croire profondément que les jeunes sont bons, qu’ils ont tant de graines de bonté dans leur cœur, qu’ils ont des rêves et des projets qui portent souvent en eux tant de générosité et de don de soi.

Comme il est important de continuer à croire que c’est Dieu qui agit dans le cœur de chacun d’entre nous, chacun de ses fils et filles.
Il me semble qu’aujourd’hui, à notre époque, nous risquons de devenir si pratiques et efficaces dans l’examen de tout ce qui nous arrive et de ce que nous vivons que nous risquons de perdre la capacité de nous surprendre et de surprendre les autres et, plus inquiétant, de ne pas nous laisser « surprendre par Dieu ».
L’espérance est comme un volcan en nous, comme une source secrète jaillissant dans nos cœurs, comme une source jaillissant dans les profondeurs de nos âmes : elle nous implique comme un vortex divin dans lequel nous sommes insérés, par la grâce de Dieu. Je pense que, comme hier avec Don Bosco, il y a aujourd’hui des milliers et des milliers de jeunes qui veulent voir Jésus, qui ont besoin de faire l’expérience de l’amitié avec lui, qui cherchent quelqu’un pour les accompagner dans ce beau voyage.
Je vous invite à les rejoindre, chers amis du Bulletin, et je vous souhaite du temps pour vous émerveiller et du temps pour faire confiance, du temps pour regarder les étoiles, du temps pour grandir et mûrir, du temps pour espérer de nouveau et pour aimer. Je vous souhaite du temps pour vivre chaque jour, chaque heure comme un cadeau. Je vous souhaite également du temps pour pardonner, du temps à donner aux autres et beaucoup de temps pour prier, rêver et être heureux.




Nouveaux missionnaires

Le message du Recteur Major Fr Ángel FERNÁNDEZ ARTIME

La première expédition missionnaire a été bénie par les larmes de Don Bosco qui a dit :

« Nous commençons une grande œuvre. Qui sait si ce départ n’est pas comme une graine d’où sortira une grande plante ? ».

La prophétie s’est réalisée.

La première expédition missionnaire a été bénie par les larmes de Don Bosco qui a dit : « Nous commençons une grande œuvre. Qui sait si ce départ n’est pas comme une graine d’où sortira une grande plante ? ». La prophétie s’est réalisée.

La première fois a été inoubliable. C’était la fête de la Saint Martin en 1875. Le monde ne le savait pas, mais dans ce coin de Turin appelé Valdocco, une entreprise extraordinaire commençait : dix jeunes salésiens partaient pour l’Argentine. Ils ont été les premiers missionnaires salésiens.

Les Mémoires biographiques relatent ce moment avec des accents épiques : « Il était 4 heures et les premières notes des cloches sonnaient, quand un bruit impétueux s’éleva dans la Chambre avec un violent claquement de portes et de fenêtres. Un vent s’était levé si fort qu’il semblait vouloir s’abattre sur l’Oratoire. C’est peut-être un hasard, mais le fait est qu’un vent semblable a soufflé à l’heure où la pierre angulaire de l’église de Marie Auxiliatrice a été posée ; un vent semblable s’est répété lors de la consécration du sanctuaire ».

La basilique était bondée. Don Bosco monta en chaire.  » A son apparition, un profond silence s’est fait dans cette marée humaine ; un tremblement d’émotion a traversé tout le public, qui en but avidement les paroles. Chaque fois qu’il mentionnait directement les Missionnaires, sa voix se voilait jusqu’à mourir presque sur ses lèvres. Avec des efforts virils, il a retenu ses larmes, mais le public pleurait ».

« La voix me fait défaut, les larmes étouffent la parole. Je ne peux que vous dire que si, en ce moment, mon âme est émue par votre départ, mon cœur éprouve une grande consolation à voir notre Congrégation renforcée ; à voir que, dans notre indigence, nous mettons nous aussi, en ce moment, notre caillou dans le grand édifice de l’Église. Oui, allez-y courageusement ; mais rappelez-vous qu’il n’y a qu’une seule Église qui s’étend dans toute l’Europe et l’Amérique et dans le monde entier, et qui reçoit les habitants de toutes les nations qui veulent venir se réfugier dans son étreinte maternelle. En tant que salésiens, quel que soit l’endroit du globe où vous vous trouvez, n’oubliez pas qu’ici, en Italie, vous avez un Père qui vous aime dans le Seigneur, une Congrégation qui pense à vous, qui subvient à vos besoins et qui vous accueillera toujours comme des frères. Alors allez ; vous devrez affronter toutes sortes d’épreuves, de difficultés, de dangers ; mais n’ayez pas peur, Dieu est avec vous. Vous irez, mais vous n’irez pas seul, tous vous ‘accompagneront. Adieu ! Peut-être ne pourrons-nous plus nous voir tous sur cette terre » (MB XI, 381-390). En les embrassant, Don Bosco a donné à chacun une petite feuille de papier avec vingt souvenirs particuliers, presque un testament paternel à des enfants qu’il ne reverra peut-être jamais. Il les avait écrites au crayon dans son carnet lors d’un récent voyage en train.

L’arbre pousse

Le 25 septembre, nous avons revécu ce moment de grâce pour la 153e fois. Aujourd’hui, ils s’appellent Oscar, Sébastien, Jean-Marie, Tony, Carlos… Ils ont 25 ans, ils sont jeunes, ils sont préparés mais ils portent dans leurs yeux et dans leur cœur la conscience et le courage des premiers. Ils sont l’avant-garde de ce que j’ai demandé à toute la Famille salésienne pour ce sexennat : audace, prophétie et fidélité.

Don Bosco avait fait une petite prophétie : « Nous commençons une grande œuvre, non pas parce que nous avons la prétention ou la croyance de convertir tout l’univers en quelques jours, non ; mais qui sait, si ce n’est pas ce départ et ce peu comme une graine d’où sortira une grande plante ? Qui sait si ce n’est pas comme un grain de millet ou une graine de moutarde, qui peu à peu sort et ne fait pas un grand bien ? Qui sait si ce départ n’a pas éveillé dans le cœur de beaucoup le désir de se consacrer à Dieu dans les Missions, en nous rejoignant et en renforçant nos rangs ? Je l’espère. J’ai vu le nombre écrasant de ceux qui ont demandé à être choisis » (MB XI, 385).

« Être missionnaire. Quel mot ! » témoigne un salésien après quarante ans de vie missionnaire. « Une personne âgée m’a dit : ‘Ne me parle pas du Christ, assieds-toi à côté de moi, je veux te sentir et si c’est son odeur, alors tu pourra me baptiser' ».

Le cinquième conseil de Don Bosco aux missionnaires était le suivant : « Prenez particulièrement soin des malades, des enfants, des personnes âgées et des pauvres.

Nous vivons une époque qui doit être affrontée avec une mentalité renouvelée, une mentalité qui « sait dépasser les frontières ». Dans un monde où les frontières risquent d’être de plus en plus fermées, la prophétie de notre vie consiste aussi en ceci : montrer que pour nous il n’y a pas de frontières. La seule réalité que nous avons est Dieu, l’Évangile et la mission.

Je rêve que dire aujourd’hui et dans les années à venir « Salésiens de Don Bosco » signifie, pour les personnes qui entendent notre nom, que nous sommes consacrés un peu « fous », c’est-à-dire « fous » parce que nous aimons les jeunes, surtout les plus pauvres, les plus abandonnés et sans défense, avec un vrai cœur salésien. Cela me semble être la plus belle définition que l’on puisse donner aujourd’hui des fils de Don Bosco. Je suis convaincu que c’est précisément ce que notre Père voudrait.

Ils partent encore pour donner leur vie à Dieu. Pas seulement en paroles. La Congrégation a également payé le tribut du sang. La devise sacerdotale que le martyr Rudolf Lunkenbein a choisie pour son ordination était « Je suis venu pour servir et pour donner ma vie ». Lors de sa dernière visite en Allemagne en 1974, sa mère l’a supplié de faire attention, car on l’avait informée des risques que courait son fils. Il a répondu : « Mère, pourquoi t’inquiètes-tu ? Il n’y a rien de plus beau que de mourir pour la cause de Dieu. Ce serait mon rêve.

J’ai la ferme conviction que notre Famille doit marcher dans les six prochaines années vers une plus grande universalité et sans frontières. Les nations ont des frontières. Notre générosité, qui soutient la mission, ne peut et ne doit pas connaître de limites. La prophétie dont nous devons témoigner en tant que Congrégation ne comprend pas de frontières.

Un missionnaire a raconté comment il avait célébré la messe pour les indigènes des montagnes près de Cochabamba, en Bolivie. C’était un jeune prêtre qui connaissait à peine la langue quechua, et à la fin, alors qu’il rentrait chez lui, il avait le sentiment d’avoir été un fiasco et de n’avoir pas réussi à communiquer du tout. Mais un vieux paysan, habillé pauvrement, s’est présenté et a remercié le jeune missionnaire d’être venu.

Puis il a fait un geste incroyable : « Avant que je puisse ouvrir la bouche, le vieux fermier fouille dans les poches de son manteau et en sort deux poignées de pétales de roses colorées. Il se met sur la pointe des pieds et, avec des gestes, me demande de l’aider en baissant la tête. Alors il laisse tomber les pétales sur ma tête, et je reste sans voix. Il fouille à nouveau dans ses poches et parvient à extraire deux autres poignées de pétales. Il répète sans cesse le geste, et la réserve de pétales de roses rouges, roses et jaunes semble infinie. Je reste là et je le laisse faire, en regardant mes huaraches (sandales en cuir), mouillées par mes larmes et couvertes de pétales de rose. Finalement, il s’en va et je reste seul. Seul avec le parfum frais des roses’. Je peux vous dire par expérience que des millions de familles dans le monde entier sont remplies de gratitude envers les salésiens qui sont devenus l' »évangile » au milieu d’elles.




Lettre du Recteur Majeur. Appel missionnaire 2023

Nous nous souvenons du jour où, il y a 163 ans – le 18 décembre 1859 – Don Bosco fondait notre « Pieuse Société de Saint François de Sales ». Depuis lors, elle n’a jamais cessé de se propager. Grâce à nos missionnaires, le charisme de Don Bosco est présent aujourd’hui dans 134 pays, et nous nous préparons à lancer de nouvelles présences au Niger et en Algérie, l’année prochaine. Déjà le 6eme successeur de Don Bosco, le P. Louis Ricceri, nous rappelait que l’esprit et l’engagement missionnaires n’étaient pas seulement un centre d’intérêt personnel de notre fondateur, mais un véritable charisme de fondation qu’il nous a transmis, ainsi qu’à toute la Famille Salésienne (ACG 267, p. 14). C’est pourquoi aujourd’hui est une belle occasion de vous envoyer cet appel missionnaire.

Lors de l’envoi de la première Expédition missionnaire en 1875, Don Bosco avait fait une prophétie : « … Qui sait si le départ de ce petit groupe n’est pas comme une graine qui deviendra une grande plante ?… Qui sait si ce départ n’a pas éveillé dans le cœur de beaucoup le désir de se consacrer à Dieu dans les Missions, de faire corps avec nous et de renforcer nos rangs ? Je l’espère. … » (MB XI, 385). En effet, malgré le fait qu’en 1875 il n’y avait que 171 Salésiens (64 profès perpétuels dont 49 prêtres, et 107 profès temporaires) et 81 novices, Don Bosco avait envoyé 11 Salésiens en Argentine. À sa mort, il y avait 773 salésiens dont 137 missionnaires envoyés par Don Bosco lui-même au cours de 11 Expéditions missionnaires.

Aujourd’hui, nous nous trouvons dans un contexte très différent de celui de l’époque de Don Bosco. Aujourd’hui, les « missions » ne peuvent pas être comprises seulement comme un mouvement vers les « terres de mission », comme c’était le cas autrefois. Aujourd’hui, les missionnaires salésiens viennent des cinq continents et sont envoyés par le Recteur Majeur sur les cinq continents. Dans un monde où les frontières risquent de se fermer de plus en plus, les missionnaires salésiens sont envoyés non seulement pour répondre au besoin de personnel, mais surtout pour témoigner que pour nous, il n’y a pas de frontières, pour contribuer au dialogue interculturel, à l’inculturation de la foi et de notre charisme et pour déclencher des processus qui puissent générer de nouvelles vocations locales.

Dans ma première lettre en tant que Recteur Majeur, j’ai exprimé ma conviction « qu’une grande richesse de notre Congrégation est vraiment sa capacité missionnaire » (ACG 419, p. 24). J’ai la ferme conviction que nous, Salésiens, devons marcher vers une plus grande conscience de notre internationalité. Et la générosité missionnaire des confrères est un témoignage prophétique que notre Congrégation est sans frontières.

En effet, la présence de missionnaires dans la Province aide à mieux refléter l’internationalité de notre Congrégation et à comprendre que le charisme salésien n’est pas monochrome et que les différences et le multiculturalisme enrichissent la Province et toute notre Congrégation.

Au contraire, une Province composée uniquement de confrères de la même culture risque d’être réduite à une enclave ethnique, moins sensible au défi de l’interculturalité et moins capable de voir au-delà des frontières de son propre monde culturel. C’est pourquoi j’ai insisté à plusieurs reprises pour que nous ne fassions pas profession religieuse pour un pays ou pour une Province. Nous sommes Salésiens de Don Bosco dans la Congrégation et pour la mission, là où nous sommes le plus nécessaires et où notre service est possible.

Déjà en 1972, notre Chapitre Général Spécial avait considéré le réveil missionnaire comme « un baromètre de la vitalité pastorale de la Congrégation et un moyen efficace contre le danger de l’embourgeoisement » (CGS, n. 296). La capacité des confrères à accueillir et à accompagner les nouveaux missionnaires envoyés dans leur Province est aussi un baromètre de leur esprit missionnaire.

Grâce à l’esprit missionnaire dans notre Congrégation, il y a encore des confrères qui partent donner leur vie à Dieu comme missionnaires. À mon appel du 18 décembre 2021,36 Salésiens ont répondu en m’envoyant une lettre pour m’indiquer leur disponibilité missionnaire. Après un discernement minutieux, 25 ont été choisis comme membres de la 153ème Expédition Missionnaire de cette année. Les autres poursuivent leur discernement.

C’est pourquoi, par cette lettre, je vous invite, chers confrères, à prier et à faire un discernement attentif pour découvrir si le Seigneur vous appelle, dans le cadre de notre vocation salésienne commune, à être missionnaires, un choix qui implique un engagement à vie (ad vitam).

J’invite les Provinciaux, avec leurs Délégués pour l’Animation Missionnaire (DIAM), à être les premiers à aider les confrères à cultiver le désir missionnaire et à faciliter leur discernement, en les invitant, après un dialogue personnel, à se mettre à la disposition du Recteur Majeur pour répondre aux besoins missionnaires de la Congrégation. Ensuite, le Conseiller Général pour les Missions, en mon nom, poursuivra le discernement qui conduira au choix des missionnaires pour la 154ème Expédition Missionnaire qui se tiendra, si Dieu le veut, le dimanche 24 septembre 2023, dans la Basilique de Marie Auxiliatrice à Turin-Valdocco, comme cela s’est fait depuis l’époque de Don Bosco.

Le dialogue avec le Conseiller Général pour les Missions et la réflexion partagée au sein du Conseil Général me permettent de préciser les urgences identifiées pour 2023, où je souhaite qu’un nombre important de confrères soit envoyé :
• en Afrique du Sud, au Mozambique et aux nouvelles frontières du continent africain ;
• en Albanie, au Kosovo, en Slovénie et dans d’autres nouvelles frontières du Projet Europe ;
• en Azerbaïdjan, au Bangladesh, au Népal, en Mongolie et en Yakoutie ;
• dans nos nombreuses présences des îles d’Océanie ;
• aux frontières missionnaires de l’Amérique Latine et avec les peuples autochtones.

Je vous salue, chers confrères, avec une affection sincère et avec un souvenir auprès de l’Auxiliatrice et de Don Bosco ici au Valdocco.

Turin – Valdocco, le 18 décembre 2022




Lettre du Recteur Majeur. Artémide ZATTI

«JE CRUS, JE PROMIS, JE GUÉRIS !»
Artémide Zatti : Évangile de la vocation et Église du soin




« La
mosaïque de nos saints et bienheureux, bien qu’assez riche
en termes de représentation – Fondateur, Cofondatrice,
Recteur Majeur, missionnaires, martyrs, prêtres, jeunes –
manquait encore de la pièce précieuse que constitue la
figure d’un Coadjuteur. Cela aussi est en train de se
réaliser. »1

C’est
ainsi que Don Juan Edmundo Vecchi, huitième successeur de Don
Bosco, commence sa lettre à l’occasion de la
béatification d’Artémide Zatti.

S’il
manquait une pièce à la “ mosaïque de nos
saints » , aujourd’hui cette mosaïque a un éclat
tout particulier car, dans quelques semaines, nous recevrons un grand
cadeau du Seigneur : voir l’un des fils de Don Bosco, frère
salésien, émigré italien en Argentine et
infirmier, canonisé par le pape François le 9 octobre
2022.

Artémide
Zatti sera donc le
premier saint salésien non-martyr à être
canonisé
.
La canonisation du premier saint salésien et d’un
coadjuteur salésien donne et donnera sans aucun doute une
touche de complétude à la série de modèles
de spiritualité salésienne que l’Église
déclare officiellement comme tels.

Je
rapporte le beau témoignage personnel, plein de profondeur
spirituelle et de foi, fait par Artémide Zatti en 1915 à
Viedma, à l’occasion de l’inauguration d’un
monument funéraire placé sur la tombe de Père
Evasio Garrone (1861-1911), missionnaire salésien valeureux et
considéré par Artémide comme un éminent
bienfaiteur.

« Si
je suis en bonne santé et en état de faire du bien à
mes voisins malades, je le dois au Père Garrone, médecin,
qui, voyant que ma santé empirait chaque jour, puisque je
souffrais de tuberculose avec de fréquentes hémoptysies,
me dit catégoriquement que, si je ne voulais pas finir comme
tant d’autres, je devais faire la promesse à Marie
Auxiliatrice de rester toujours à ses côtés,
l’aidant à soigner les malades, et lui, confiant en
Marie, me guérirait.

Je
crus
,
car je savais de réputation que Marie Auxiliatrice l’avait
aidé de manière visible.

Je
promis
,
car j’ai toujours voulu être utile à mes
semblables.

Et
Dieu ayant entendu son serviteur, je
guéris.
[Signé]
Artémide Zatti. »

Nous
voyons que la vie salésienne d’Artémide Zatti,
selon ce témoignage, est basée sur trois verbes qui
témoignent de sa solidité généreuse et
confiante.

Pour
apprécier le don de sainteté de ce grand coadjuteur
salésien, nous voudrions méditer sur ces trois verbes
et leurs extraordinaires fruits de bien, afin qu’ils touchent
profondément les désirs, les rêves et les
engagements de notre Congrégation et de chacun de nous et
qu’ils favorisent en nous tous une fidélité
renouvelée et féconde au charisme de Don Bosco.

Profil
d’Artémide Zatti
2

Artémide
Zatti est né à Boretto (Reggio Emilia) le 12 Octobre
1880 d’Albina Vecchi et de Luigi Zatti. Sa famille paysanne l’a
élevé dans une vie pauvre et laborieuse, éclairée
par une foi simple, sincère et forte, qui a guidé et
nourri sa vie.

À
l’âge de neuf ans, Artémide, afin de contribuer à
l’économie familiale, travaille comme ouvrier pour une
famille aisée.

En
1897, les Zatti émigrent en Argentine et se s’installent
à Bahía Blanca. Artémide arrive dans cette ville
à l’âge de dix-sept ans et, dans le milieu
familial, il a rapidement appris à faire face aux difficultés
et aux responsabilités du travail. Il trouve du travail dans
une usine de briques et, en même temps, cultive et mûrit
une relation profonde avec Dieu, sous la direction du salésien
Don Carlo Cavalli, son curé et directeur spirituel. Artémide
trouve en lui un véritable ami, un confesseur avisé et
un directeur spirituel authentique et expert, qui l’éduque
au rythme quotidien de la prière et à la vie
sacramentelle hebdomadaire. Avec le père Cavalli, il établit
une relation spirituelle et de collaboration.3
Dans la bibliothèque de son curé, il a l’occasion
de lire la biographie de Don Bosco et en est fasciné. C’est
le
véritable début de sa vocation salésienne
.

En
1900, à l’âge de vingt ans, Artémide,
invité par le Père Cavalli, demande à entrer
dans l’aspirantat salésien de Bernal, une ville proche
de Buenos Aires.

Cependant,
en 1902, alors qu’il était sur le point d’entrer
au noviciat, Artémide contracte la tuberculose. Don Vecchi
raconte dans sa lettre : “ Comptant sur sa responsabilité,
les supérieurs lui confient les soins d’un jeune prêtre
souffrant de tuberculose. Zatti s’acquitte de cette tâche
avec générosité, mais peu de temps après,
il est frappé par la même maladie » .4

Gravement
malade, il retourne à Bahía Blanca et Don Cavalli
l’envoie à Viedma, le confiant aux soins du salésien
Don Evasio Garrone, compétent – grâce à sa
grande expérience – en médecine et directeur de
l’hôpital San José fondé par Mgr Cagliero.

Je
pense qu’il est très significatif de rappeler qu’à
Viedma Artémide a rencontré Ceferino Namuncurá –
aujourd’hui bienheureux – de Buenos Aires, qui, comme
lui, souffrait de la tuberculose. Les deux hommes, bien que d’âges
différents, ont vécu dans une relation cordiale et
amicale jusqu’à ce que Ceferino parte en 1904 pour
l’Italie avec l’évêque Juan Cagliero.

Après
deux ans de traitement à Viedma avec des résultats
insatisfaisants, Don Garrone invite Artémide à demander
la guérison par l’intercession de la Sainte Vierge,
faisant le vœu de consacrer toute sa vie au soin des malades.
Ayant fait ce vœu avec une foi vive, Artémide fut guéri
et, en 1906, il commença son noviciat.

En
raison des risques liés à son état de santé
antérieur, Artémide a dû renoncer à son
intention de devenir prêtre et a fait profession comme
coadjuteur chez les salésiens de Don Bosco le 11 janvier 1908.
Ce fait a signifié pour Artémide une grande croissance
dans la foi. En fait, il n’a pas abandonné son désir
de devenir prêtre salésien et a continué à
penser à une vocation sacerdotale dans la Congrégation
salésienne, surtout lorsque sa santé semblait
s’améliorer. Il est donc touchant de constater son
attachement indéfectible à sa vocation, même
lorsque la maladie semblait l’empêcher de suivre cette
voie. Nous lisons, par exemple, ce qu’il écrivait à
ses proches le 7 août 1902 : « Je vous fais savoir
que c’était non seulement mon désir, mais aussi
celui de mes supérieurs, de porter la sainte soutane ; mais il
y a un article de la Sainte Règle qui dit qu’il ne peut
recevoir l’habit, celui qui subit la moindre atteinte à
sa santé. Ainsi, si Dieu ne m’a pas trouvé digne
de l’habit jusqu’à présent, je compte sur
vos prières pour que je sois bientôt guéri et que
je puisse ainsi satisfaire mon désir » .5

« Mais
finalement les Supérieurs, étant donné toutes
les circonstances de maladie et même d’âge (23-24
ans), ont dû proposer à Zatti de professer comme
coadjuteur salésien. Il est vrai que “ c’est à
la consécration totale à Dieu dans la vie salésienne
qu’aspirait en premier lieu Artémide » .6

À
ce moment décisif de sa vie, Zatti est également sur la
voie de la maturité. La lettre de Vecchi : « Prêtre
? Coadjuteur ? disait-il lui-même à un confrère :
Tu peux servir Dieu comme prêtre ou comme coadjuteur : devant
Dieu, une chose vaut autant que l’autre, pourvu que tu la vives
comme une vocation et avec amour ».7

Le
11 février 1911, il prononce ses vœux perpétuels
et, la même année, après le décès
de Don Garrone, il prend la relève, d’abord comme chef
de la pharmacie rattachée à l’hôpital San
José de Viedma, puis – à partir de 1915 –
comme chef de l’hôpital lui-même. L’hôpital
et la pharmacie deviennent le champ d’action d’Artémide.

Ainsi,
à partir de 1915, pendant 25 ans, avec beaucoup d’énergie,
de sacrifice et de professionnalisme, Zatti a été l’âme
de l’hôpital qui, cependant, a dû être démoli
en 1941 : les supérieurs salésiens ont décidé
d’utiliser le terrain occupé jusqu’alors par la
structure sanitaire pour la construction de l’évêché.

Artémide
souffrit intensément à l’idée de la
démolition, mais dans un esprit d’obéissance, il
accepta la décision et déplaça les malades dans
les locaux de l’école agricole de Saint Isidore, où
il créa une nouvelle structure pour le soin et l’assistance
des malades et des pauvres.

Après
d’autres années de service intense, désormais
exonéré des responsabilités de l’administration
de la santé, en 1950, après une chute lors d’un
travail de réparation, les examens cliniques révèlent
une tumeur au foie pour laquelle il n’existait aucun
traitement. Il a accepté et vécu consciencieusement
avec l’évolution de la maladie. En fait, il a lui-même
préparé, pour le médecin, le certificat de sa
propre mort ! Les souffrances n’ont pas manqué, mais il
a passé les derniers mois à attendre le dernier
instant, prêt à rencontrer le Seigneur. Il dit lui-même
: « Il y a cinquante ans, je suis venu ici pour mourir et
je suis arrivé jusqu’ici, que puis-je souhaiter de plus
maintenant ? D’un autre côté, j’ai passé
toute ma vie à me préparer pour ce moment…»8

Sa
mort survient le 15 mars 1951 et la nouvelle se répand et
mobilise la population de tout Viedma pour un hommage de gratitude à
ce salésien qui a consacré toute sa vie aux malades,
surtout les plus pauvres. En effet, « tout Viedma saluait
le ‘parent
de tous les pauvres’
,
comme on l’appelait depuis longtemps ; celui qui était
toujours disponible pour accueillir les personnes particulièrement
malades et celles qui arrivaient de la campagne lointaine ; celui qui
pouvait entrer dans les maisons les plus douteuses à n’importe
quelle heure du jour ou de la nuit, sans que personne ne puisse
insinuer le moindre soupçon à son sujet ; celui qui,
bien que toujours dans le rouge, avait maintenu un rapport singulier
avec les institutions financières de la ville, toujours ouvert
à l’amitié et à la collaboration généreuse
avec ceux qui composaient le corps médical de la petite ville.
»9

Les
funérailles, avec une foule impressionnante, ont confirmé
la réputation de sainteté qui entourait Artémide
Zatti et qui a conduit à l’ouverture du processus
diocésain à Viedma (22 mars 1980). Le 7 juillet 1997,
Zatti a été déclaré Vénérable
et le 14 avril 2002, il a été proclamé
Bienheureux par Saint Jean Paul II.

La
pédagogie de Dieu dans ses saints

Pour
approcher la figure d’Artémide Zatti, l’orientation
d’un principe théologique, dense de sens et repris par
Hans Urs von Balthasar, est précieuse,

« Seule
l’image [de Jésus] que l’Esprit présente à
l’Église a été capable, au cours des
millénaires de l’histoire, de transformer les hommes
pécheurs en saints. C’est précisément sur
la base de ce critère du pouvoir de transformation que doit
être mesurée la valeur d’une interprétation
de Jésus qui prétend nous transmettre une connaissance
de Lui. »10

Par
ces mots, Balthasar souligne une évidence qui a toujours
accompagné l’histoire de l’Église: l’action
de l’Esprit se manifeste comme une force transformatrice dans
la vie humaine, témoignant de l’actualité et de
la vitalité pérennes de l’Évangile. De
cette façon, la bonne nouvelle de Jésus continue à
vivre et à se répandre selon la règle de
l’incarnation et, surtout dans la chair et la vie des saints,
par leur profond consentement à l’Esprit, Pâques
resplendit dans l’actualité historique du ici
et
maintenant
toujours
nouveau, où mûrissent les merveilles qui confirment la
foi de l’Église.

Les
saints sont donc des réalisations de l’Esprit qui
offrent, avec la simplicité d’une vie transfigurée,
des traits précis du Fils, donnés par le Père à
l’œuvre du monde, dans le temps présent et dans la
proximité des lieux qui ont besoin de salut et d’espérance.

Si
Dieu guide son Église à travers la vie obéissante
de ses enfants les plus dociles et les plus audacieux, l’histoire
de chacun d’entre eux doit avant tout refléter
l’Évangile, en transformant une
biographie juste en hagiographie
,
puis en reconnaissant les semences pascales capables de faire naître
des chemins ecclésiaux renouvelés dans le peuple de
Dieu.

Artémide
Zatti confirme cette règle de sainteté : L’hagiographie
est la lumière de l’Esprit libérée par la
simplicité de sa biographie, si convaincante parce qu’elle
est habitée par la plénitude de l’humanité,
et si surprenante qu’elle rend visible « un ciel
nouveau et une terre nouvelle » (Ap
21,1)
; ainsi, les semences de Pâques, données par la vie de
ce coadjuteur salésien au champ du monde, ont transformé
des lieux de souffrance – les hôpitaux de San José
et de Saint Isidore – en semis extraordinairement rayonnants
d’espérance chrétienne. « C’est
une présence sociale, toute animée par la charité
du Christ qui le poussait intérieurement. »11

Il
est donc possible de méditer sur le don que l’Esprit
fait au monde, à l’Église, à la Famille
salésienne avec la sainteté de Zatti, en se concentrant
d’abord sur l’éclat de sa biographie : – un
Évangile, pleinement incarné par la vocation, de
confiance et de dévouement – pour considérer
ensuite la puissance pascale de son apostolat qui a construit, dans
ses hôpitaux, l’Église du soin, de la proximité,
du salut, de la corédemption, pour nourrir la foi du peuple de
Dieu.

Si
nous voulons exprimer brièvement le secret qui a inspiré
et guidé la vie, les pas, les travaux, les engagements, la
joie, les larmes d’Artémide Zatti, les mots de Don
Vecchi sont exhaustifs : « A
la suite de Jésus, avec Don Bosco et comme Don Bosco, partout
et toujours.
 »12

UN HOMME D’ÉVANGILE

1.1
L’Évangile de la vocation : « Je crus ».

L’histoire
d’Artémide
Zatti est frappante, avant tout, pour sa particularité
professionnelle. C’est une vocation lumineuse car elle a été
purifiée par une mystérieuse pédagogie de Dieu
qui se déploie dans sa vie à travers des médiations
et des situations diverses et exigeantes. La vie chrétienne
est le souffle partagé de la famille d’Artémide,
qui lit tout à la lumière du mystère de Dieu ;
ce sera la deuxième patrie argentine, atteinte par
l’émigration, où se manifestera l’enracinement
des Zatti dans une foi peu commune. Le cardinal Cagliero écrit
:

« Nos
compatriotes, même ceux qui appartiennent aux populations les
plus religieuses d’Italie, sont arrivés ici et semblent
changer de nature. L’amour immodéré du travail,
l’indifférence religieuse qui domine dans ces villages,
les mauvais exemples très fréquents […] opèrent
une transformation incroyable dans l’esprit et dans le cœur
de nos bons paysans et artisans, qui, en échange de quelque
bouclier qu’ils gagnent, perdent la foi, la moralité, la
religion. »13

La
famille Zatti ne succombera pas à l’influence de ce
milieu, mais sera marquée par une pratique religieuse
fervente, sincère, courageuse, libre par rapport aux égards
humains ; et Artémide continuera à entretenir dans la
famille un rapport intense avec Dieu, soutenu par la prière,
le travail, la droiture, à tel point que « tout
porte à croire […] que la formation religieuse que le
serviteur de Dieu a reçue dans son enfance et dans sa première
jeunesse […] a dû être privilégiée et de
nature à expliquer les attitudes spirituelles qu’il a
ensuite conservées tout au long de sa vie. » 14

L’expérience
d’Artémide reflète la discrétion lumineuse
du « haut niveau » de la vie chrétienne
ordinaire (Novo
Millennio Ineunte
,
31), fruit d’un enracinement exclusif en Dieu, d’une foi
vécue comme une obéissance courageuse et radieuse parce
que libre, heureuse et féconde.

Lorsque
le salésien Don Cavalli, curé de la paroisse et guide
d’Artémide dans les voies de l’Esprit, devra
soutenir son orientation définitive dans la vie, son
discernement sera sobre et clair: il constatera que l’appel à
se donner totalement à Dieu, comme prêtre, résonne
dans le cœur de ce jeune homme de manière intégrale
et pure, non contaminée par la recherche de soi et de
l’intérêt personnel, mais enflammée par le
désir de servir l’Évangile du Royaume.

Et
Dieu, à travers la singulière disponibilité
d’Artémide au don de lui-même, ne se limite pas à
appeler, mais peut s’étendre, avec le signe
incontestable de sa présence : la croix du Fils. Ainsi, le
sceau de la prédilection de Dieu devient reconnaissable au
cœur du discernement vocationnel de ce jeune homme désireux
de devenir prêtre : Artémide, accueilli à Bernal
comme aspirant, est sollicité pour un service risqué,
le soin d’un prêtre tuberculeux – comme mentionné
plus haut – . Le service non calculé amène
Artémide à contracter à son tour la maladie qui
exigera le sacrifice du rêve vocationnel : Zatti sera salésien,
mais pas prêtre.

Nous
reconnaissons ici la force de l’Évangile accueilli sans
condition dans la vie des saints ; une force qui suscite une réponse
vocationnelle pure parce qu’elle est gardée par un cœur
non seulement détaché du mal – condition
essentielle pour écouter la voix de Dieu – mais aussi
capable de liberté à l’égard du bien,
condition essentielle d’une foi de pierre dans l’Absolu
de Dieu.

Marchant
dans l’obscurité lumineuse de la foi, Artémide
sacrifie le désir de servir l’Église dans la
forme ministérielle du sacerdoce, en embrassant toutefois son
essence, selon le Christ qui, « poussé par l’Esprit
éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme
une victime sans défaut » (He
9.14).

Les
caractéristiques de l’Évangile
de la vocation
sont
ainsi reconnues de manière indélébile dans la
plénitude de l’abnégation qui scelle le début
de la vie salésienne de Zatti bien avant qu’elle
n’atteigne sa plénitude.

Et
la fidélité à la forme laïque de la vie
salésienne, embrassée par pur amour de Dieu, sera
pleine et convaincue, loin de tout regret, développée
dans une existence convaincante et satisfaite.

C’est
l’évangile de la vocation, la bonne nouvelle de l’appel
de Dieu réservé individuellement à chacun de ses
enfants, un appel dont Dieu seul connaît le sens, les
motivations, le destin, le développement concret. Un appel qui
ne devient perceptible que dans la pure correspondance de l’amour
qui, à son tour, “ veut se libérer du plus
dangereux adversaire : sa propre liberté de choix » .
Tout amour véritable a donc la forme interne du vœu : il
est lié à l’être aimé, en raison de
l’amour et dans l’esprit de l’amour.15

L’Évangile
de la vocation
,
dans la sainteté de Zatti, est l’Évangile de la
foi pure : la bonne nouvelle de la saine respiration du cœur
qui goûte la liberté dans l’obéissance au
dessein de Dieu, gardien du mystère de chaque vie appelée
à être un rameau fécond de la vraie Vigne,
confiée à la sagesse du « Vigneron »
(Jn
15,
1).

Lue
avec les « catégories » de notre temps, la
sainteté d’Artémide Zatti suscite donc la « peur
de la vocation », une peur qui oppresse le cœur dans la
méfiance devant le mystère de Dieu. L’Évangile
de la vocation
annoncé
par la vie de ce saint coadjuteur salésien montre que c’est
seulement en correspondant au rêve de Dieu qu’il est
possible, à chaque époque et dans chaque situation, de
surmonter la paralysie du moi, avec la pauvreté de son regard
et de ses mesures, avec l’angoisse de son incertitude et de sa
peur.

Lorsque
Don Garrone – Salésien lui-même d’une
éminente vertu, ainsi que d’une grande compétence
médicale, acquise au service généreux des
malades – exhorte Artémide, malade de la tuberculose, à
demander la grâce de la guérison par l’intercession
de la Vierge et avec le vœu de se consacrer toute sa vie aux
malades, la foi de Zatti donne une bonne preuve d’elle-même
: simple, désintéressée, sans réserve,
enfermée dans deux mots: « Je crus ! »

« Je
crus », quand un seul mot suffit pour dire la foi, parce que la
foi est pure ; et seule cette foi est généreuse sur le
plan vocationnel, à cause de la légèreté
de sa pureté qui « donne des ailes au cœur et
non des chaînes aux pieds » .

La
sainteté d’Artémide Zatti arrive sur nos chemins
de vocation, parfois fatigués et lourds, avec la force
stimulante d’un « Je crus » qui n’a
jamais failli : le présent de la foi qui devient continu tout
au long de la vie et la rend crédible. Sa foi était une
union
continue avec Dieu
.
Dans les témoignages recueillis, Monseigneur Carlos Mariano
Pérez dit : « L’impression que j’ai eue
était celle d’un homme uni au Seigneur. La prière
était comme le souffle de son âme, tout son comportement
montrait qu’il vivait pleinement le premier commandement de
Dieu : il l’aimait de tout son cœur, de tout son esprit
et de toute son âme. »16

Nous
sommes appelés à valoriser le témoignage de
Zatti pour renouveler l’ardeur de notre pastorale des vocations
et pour offrir aux jeunes l’exemple d’une vie que la
solidité de la foi rend pleine, simple, courageuse, par la
force de l’Esprit et la docilité de l’appel.

1.2
L’Évangile de la confiance : « Je promis ».

L’Évangile
de la vocation
,
dont Zatti est le témoin, anime un deuxième verbe d’une
importance fondamentale : promettre.

Aujourd’hui,
nous faisons souvent l’expérience de la faiblesse des
promesses humaines, de la peur du manque de fiabilité, de
l’incapacité à être définitif : d’où
les hivers vocationnels qui touchent la famille, la Congrégation
dans de nombreuses parties du monde, l’Eglise, et qui rendent
urgente l’annonce de l’Evangile, de l’appel de Dieu
et de la réponse du croyant.

Von
Balthasar, réfléchissant sur l’essence de la
vocation, fruit de la foi authentique, écrit: « Il
n’y a pas de chemin d’amour sans au moins une allusion à
ce geste
du don de soi
.
[…] [L’amour] veut résolument se remettre en place, se
livrer, se contenir. Il veut déposer dans l’être
aimé, une fois pour toutes, sa liberté de mouvement,
pour lui laisser un gage d’amour. Dès que l’amour
s’éveille vraiment à la vie, le moment temporaire
veut être
dépassé dans une forme d’éternité
.
L’amour pour un temps, l’amour avec interruption n’est
jamais un véritable amour. »17

Artémide
Zatti, encore jeune et précisément à un grand
moment d’épreuve, ressent l’appel à la
plénitude de l’engagement de lui-même dans une
promesse irrévocable et radicale ; lorsque, à l’âge
mûr, témoignant de sa gratitude envers le Père
Evasio Garrone, son bienfaiteur, il rappelle les débuts de son
propre parcours de consécration, Zatti peut présenter
succinctement le cœur de son adhésion juvénile à
l’appel du Seigneur : « Je cru, je promis » .

Le
« je promis » de Zatti suit son « je
crus » , mais il façonne aussi son radicalisme et sa
qualité humaine et chrétienne.

Artémide
croit parce qu’il promet et ne promet pas seulement parce qu’il
croit : en lui nous voyons s’accomplir la règle de la
foi qui, si elle ne peut compter sur la disposition à
promettre, à se donner, tombe dans l’intérêt
spirituel, dans la prévoyance et dans le contrat religieux.

Zatti
n’attend pas de garanties pour risquer sa vie, il ne demande
pas de recueillir le droit au « centuple ici-bas »
comme condition préalable pour jeter ses filets ; au
contraire, “ il s’est offert avec une grande
disponibilité pour assister un prêtre malade de la
tuberculose et qui a contracté la maladie : il n’a pas
dit un seul mot pour se plaindre, il a accepté la maladie
comme un don de Dieu et en a supporté les conséquences
avec force et sérénité. » 18

Ainsi,
la générosité d’Artémide lui a
couté, avant même la profession religieuse, et le prix à
payer fut élevé : une maladie débilitante, un
rêve vocationnel brisé, une souffrance aigüe et,
surtout, une incertitude totale. Mais au carrefour de la foi et de la
promesse, l’Évangile
de la vocation
fait
des merveilles de sainteté dans cette vie, depuis le temps de
sa jeunesse.

La
promesse de Zatti est pure, désintéressée, comme
sa foi, et elle fait ressortir l’intégrité de
l’abandon au projet de Dieu et la générosité
du don et de l’engagement de soi, en faisant preuve d’une
authentique profondeur théologique : Artémide fait
sienne la vie du Fils obéissant qui se laisse totalement
choisir et destiner, par l’amour du Père, au salut du
monde.

L’alphabet
vocationnel de Zatti est aussi profond qu’il est simple et
clair : « J’ai cru, j’ai promis ».
Zatti croit et promet avec un radicalisme évangélique
parce qu’il a déjà adopté la Passion du
Seigneur comme règle de sa foi et de son dévouement,
comme il ne se lasse pas de le répéter dans ses lettres
à sa famille : « Nos croix sont nos joies, notre
consolation est de souffrir, notre vie est faite de larmes, mais avec
à nos côtés le compagnon toujours cher et
inséparable, l’espoir d’atteindre le beau paradis,
quand notre pèlerinage sur terre sera achevé. »19

La
croix est la règle de la foi, et enseigne que la foi
chrétienne ne consiste pas simplement à savoir quelque
chose, mais à se confier à Quelqu’un, promettant
non pas quelque chose, mais soi-même. Formé par la
croix, Artémide, avant même de s’engager sur le
chemin de la vie religieuse, ne promet
pas simplement mais fait des vœux,
et reflète ainsi les traits du Fils qui « en
entrant dans le monde, […] dit : Tu n’as voulu ni sacrifice
ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Alors, j’ai
dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté,
ainsi qu’il est écrit de moi dans le Livre. »
(He 10,
5-7)

Et,
toujours
à l’école du Seigneur Jésus, Zatti apprend
que la radicalité de la promesse de soi correspond à
l’audace croissante de la foi. Celui qui se donne entièrement
à Dieu peut s’abandonner à la certitude de tout
recevoir de Lui, et Artémide ne se lasse pas de nous le
rappeler dans ses lettres : « Je vous exhorte à
n’avoir ni peur ni honte de demander des grâces. Demandez
et vous recevrez ; et plus vous demanderez, plus vous recevrez ; car
celui qui demande beaucoup reçoit beaucoup, celui qui demande
peu reçoit peu, et celui qui ne demande rien ne reçoit
rien.

«Je
ne vais pas énumérer les grâces
que vous devez demander, vous le savez bien. Je n’en place
qu’une seule devant vos yeux, et c’est que nous puissions
tous aimer et servir Dieu dans ce monde et ensuite en jouir dans
l’autre. »20

1.3
L’évangile de l’offrande de soi: « Je
guéris».

« Guérir »
est
le verbe avec lequel Zatti scelle l’événement qui
l’introduit dans la vie salésienne.

Que
signifie « Je guéris »
?
Certes, la tuberculose qui avait miné sa santé fut
vaincue par Zatti et d’une manière qui a surpris les
médecins : « Dans le procès de Viedma, le
tribunal se demande si la guérison a été
miraculeuse. A notre connaissance, l’instantanéité
ne pouvait pas la qualifier comme telle, mais, selon les médecins
[…] qui ont bien connu Zatti jusqu’à sa mort, elle
était extraordinaire à cause de la rareté et de
l’inefficacité des traitements de l’époque,
à cause de la continuité de la guérison et de la
force physique plus que normale dont le serviteur de Dieu a toujours
joui, malgré sa vie de privations. L’intervention de la
Vierge semble indéniable, qu’il s’agisse d’un
miracle ou d’une grâce extraordinaire. »21

Le
doigt de Dieu, cependant, a agi selon son style inimitable : il n’a
pas éradiqué le mal en ramenant la vie d’Artémide
à son état antérieur, ni percé le mystère
inhérent à tout plan divin et à toute existence
humaine. Ainsi, comme nous le savons, « les supérieurs,
tout en notant les améliorations de la santé du
serviteur de Dieu, ne devaient pas être pleinement persuadés
de ses possibilités futures. La tuberculose, à cette
époque, ne donnait jamais la certitude d’une guérison
définitive ; le curriculum des études que le Serviteur
de Dieu aurait dû affronter, à son âge (23-24
ans), était encore long et certainement pas adapté à
un tuberculeux ; lui, par contre, avait déjà commencé
à travailler avec succès et satisfaction de la part de
tous à la Pharmacie, dans une occupation propre à un
laïc ; peut-être le Père Garrone lui-même
avait-il fait quelque pression pour l’avoir avec lui dans son
travail. Les Supérieurs, étant donné toutes ces
circonstances, ont dû proposer à Zatti – qui
certainement, pour tout ce qui est consigné dans ses écrits,
avait décidé de quitter le monde et de se consacrer à
Dieu – de persévérer dans son intention de se
consacrer à Dieu, de professer comme coadjuteur salésien
(frère laïc) : la solution semblait la plus prudente
étant donné sa santé encore incertaine : un
travail matériel demandait moins d’effort que celui
exigé par une longue période d’études
sévères. »22

Le
mystère de Dieu s’épaissit avec la guérison
; et, pour la foi d’Artémide, une purification peut-être
plus sévère que celle imposée par la perte de la
santé est exigée : le sacrifice de l’orientation
vocationnelle.

Ainsi,
Artémide est amené à approfondir le chemin de
purification que Dieu exige de lui : la délivrance de la
maladie n’est pas une reprise de force, qui permet à un
jeune homme entreprenant de « retrouver sa vie ».
À sa manière, la guérison est le désert
d’une nouvelle pauvreté, de sorte que la vie de Zatti
devient un espace libre pour Dieu dans la radicalité d’un
nouvel abandon.

Dieu
guérit Artémide de la tuberculose pour renouveler en
lui le miracle du salut de l’attachement à lui-même,
du détachement même de ses bons projets : « Il
faut croire que l’abandon de l’aspiration au sacerdoce a
été pour le serviteur de Dieu une grande souffrance
spirituelle, tant étaient grands l’enthousiasme et
l’esprit de sacrifice avec lesquels il avait entrepris le
chemin vers ce but. Pourtant, il est merveilleux, et c’est un
signe d’une force spirituelle extraordinaire, le fait que pas
un mot de lamentation, de regret ou de nostalgie n’apparaisse
jamais […] pour ce changement dans la perspective de sa vie. »23

« Je
guéris » est alors la voix de la cohérence
dans l’alphabet vocationnel de Zatti. Lorsque Dieu appelle et
que sa créature répond, l’Esprit ne se limite pas
à réparer la précarité humaine mais
réalise le rêve de Dieu : « Voici que je fais
toutes choses nouvelles » (Ap 21,5). Ainsi, si la maladie
incline le cœur humain à se replier sur lui-même,
la croyance et la promesse de Zatti, nourries par l’amour du
Seigneur Jésus et de la Croix, produisent la vraie santé
: un plus grand oubli de soi et une condescendance inconditionnelle
envers Dieu, qui le conduit à être l’humble apôtre
des plus pauvres, des malades et, parmi eux, à devenir
l’apôtre des cas les plus étranges ; bref, des
abandonnés et des rejetés de ce monde.

Artémide,
renaissant à une plus grande pauvreté, se donne
davantage, dans une confiance pleine et active, au plan du Père
: « Ex
auditu,
je
peux dire que [dans la vie du serviteur de Dieu] il y avait une
volonté générale que Dieu soit glorifié.
De ce que j’ai connu de lui, je peux vous assurer qu’il a
vécu pour la gloire de Dieu. »24

La
subordination de tout à la gloire de Dieu et le sacrifice de
ses propres projets – y compris les projets pour faire du bien
– au profit de la sagesse de Dieu, qui seule réalise la
plénitude de l’Amour, seront essentiels non seulement
pour l’expérience spirituelle de ce salésien
extraordinaire, mais aussi pour la pédagogie
de la souffrance
qu’il
devra pratiquer en raison de la spécificité de sa
mission.

Dans
le « Je guéris » de Zatti s’accomplit
non seulement une grâce mais une école, et toutes deux
sont modelées par le doigt de Dieu pour le bien de ses frères
: libéré de la maladie, Artémide servira les
malades toute sa vie, après avoir subi la vraie
guérison
qui
fera de lui le
vrai médecin
des
créatures sur lesquelles il s’appuiera.

« Il
faisait souvent le signe de la Sainte Croix et le faisait faire aux
malades, il aimait l’enseigner aux enfants. Pour lui, foi et
médecine formaient une symbiose ; sans foi, il ne pouvait pas
guérir, ni sans médecine. Il ne voyait pas non plus de
dichotomie entre l’âme et le corps ; l’homme était
une seule et même chose, et il prenait soin de cet homme :
corps et âme. »25

Ce
n’est que parce qu’il a été conduit par la
main de Dieu à faire l’expérience de la guérison
en mourant à lui-même que Zatti pourra s’approcher
des malades avec le médicament de l’Amour incarné
et crucifié, en dispensant réconfort, lumière et
espoir.

2.
UN TÉMOIN DE PÂQUES

Si
dans la vie de Zatti – par la manière dont il a été
rejoint par l’appel de Dieu – l’Évangile
de la vocation
resplendit
de manière originale et très contemporaine, ses
semailles apostoliques se réalisent comme un art du soin dans
la lumière de Pâques.

La
cohérence pascale est la règle de fidélité
de tout apostolat chrétien : chez les saints, la pratique de
cette règle atteint sa splendeur, apportant la vie de Dieu aux
combats des hommes, de l’histoire, du monde, édifiant
ainsi l’Eglise.

Zatti
a pratiqué avec une passion pascale la lassitude de la
souffrance humaine et a ainsi construit l’Eglise comme un
véritable hôpital de campagne (comme le Pape François
continue à le répéter aujourd’hui),
précisément en transformant deux hôpitaux édifiés
« au bout du monde » en cellules vivantes de
l’Eglise.

Les
hôpitaux de Saint Joseph d’abord et de Saint Isidore
ensuite ont été, entre la fin du XIXe siècle et
les premières décennies du XXe siècle, une
ressource sanitaire précieuse et unique pour le soin, surtout,
des pauvres de Viedma et de la région de Río Negro :
l’héroïsme de Zatti les a transformés en
lieux d’irradiation de l’amour de Dieu, où les
soins de santé sont devenus une expérience de salut.

Zatti
a imité dans sa vie la parabole
du bon Samaritain
.
Le Samaritain, c’est le Christ, le Dieu proche (dans son Fils
bien-aimé) qui ne connaît pas l’indifférence
et le mépris, mais qui s’offre, par avance, à
guérir même le dernier de ses fils et de ses filles, par
la proximité de l’amour, afin que le mal de l’histoire
ne condamne aucun de ces petits à périr hors de
Jérusalem.

Voilà
le miracle de Dieu : sur ce morceau de terre de Patagonie, où
se déroule la vie de Zatti, une page de l’Évangile
prend vie. Le Bon Samaritain a trouvé un visage, des mains et
une passion, surtout pour les petits, les pauvres, les pécheurs,
les plus démunis. C’est ainsi qu’un hôpital
est devenu l’Auberge du Père, signe d’une Église
qui se veut riche en dons d’humanité et de grâce,
par le don, le service et la mise en pratique du commandement de
l’amour de Dieu et de son prochain.

Nombreux
sont les témoins qui nous permettent de contempler
l’expérience de l’Église accessible dans
cet hôpital de campagne animé par le cœur enflammé
de Zatti : en leur donnant la parole, surgit à nouveau la
fascination d’Artémide, soucieux de guérir ceux
qui se confient à lui, tant avec les remèdes de l’art
médical, qu’avec la présence, la sympathie, la
prière pour tous et avec tous, ainsi qu’avec
l’expression quotidienne de la foi de cet humble salésien.
Tout cela s’est avéré sans aucun doute plus
efficace que de nombreux médicaments.

2.1.
le soin et le service pascal (
diakonia)
d’une
vie blessée


où il y a la sainteté, l’Église se répand,
et là où l’Église est édifiée,
il y a la sainteté. Celui qui a connu Zatti, celui qui a été
accueilli dans son hôpital, a fait une expérience de
fraternité et dans cette fraternité une expérience
d’Eglise.

Zatti
a vécu avec un radicalisme évangélique la
certitude que le service, qui était sa caractéristique
vocationnelle – la diakonia –
rend
le visage de l’Église crédible, reconnaissable,
aimable. La porte du service fait appel au cœur de l’homme,
surtout lorsqu’il est éprouvé par la vie et la
souffrance, et ouvre sur l’expérience de la rencontre
avec Jésus, le vrai bon samaritain, et Zatti s’est
efforcé de vivre en bon samaritain. « L’hôpital
et les foyers des pauvres, visités nuit et jour à vélo,
aujourd’hui considérés comme un élément
historique de la ville de Viedma, étaient l’horizon de
sa mission. Il a vécu le don total de lui-même à
Dieu et la consécration de toutes ses forces au bien de son
prochain. »26

Zatti
est un témoin du service, et tout comme Jésus s’est
donné jusqu’au bout, Zatti, sur les traces de son
Seigneur, a réalisé un don de soi et une diaconie
pleinement
chrétiens, jusqu’à l’héroïsme.
Les caractéristiques extraordinaires de la diaconie
évangélique
de Zatti méritent d’être soulignées par les
paroles unanimes des témoins : l’universalité de
son don de soi, la totalité de son offrande, la générosité
née avec Dieu à ses côtés, dans
l’obéissance envers Lui, réalisée en Lui
et pour Lui.

Le
fait que le service de Zatti ne connaissait pas de particularités
et ne donnait pas de préférence aux personnes ne fait
aucun doute chez ceux qui l’ont connu : « Je sais
qu’il visitait la prison pour soigner les malades. Avec les
non-croyants et les ennemis de l’Église, il était
disponible et aimable. Je me souviens de la phrase d’un médecin
qui, commentant le titre du livre du père Entraigas « Le
parent de tous les pauvres

» , disait qu’il aurait fallu le corriger en « parent
de tous » à cause de l’équanimité
avec laquelle [Zatti] ne faisait pas de distinction entre tous ceux
qui le sollicitaient. »27

Si,
dans le service et le don de soi de Zatti, il y avait une préférence
pour quelqu’un, c’était celle enseignée par
le Bon Pasteur, sensible avant tout au sort des brebis les plus
blessées et perdues : « Une de ses prédilections
[Zatti]
était
le don total à Dieu de ces personnes humbles, sans défense
ou atteintes de maladies répugnantes, à tel point que
lorsque quelqu’un voulait les envoyer dans un hospice parce
qu’elles étaient à l’hôpital San José
depuis de nombreuses années, il répondait qu’il
ne fallait pas abandonner ces véritables paratonnerres
de l’hôpital.
 »28

Zatti,
en outre, servait de tout son être, se consumant avec une
générosité non calculée dans les formes
les plus diverses d’activité fébrile, orienté
uniquement pour répondre aux demandes de tous : « Comme
tous connaissaient sa bonté et sa volonté de servir les
autres, tous s’adressaient à lui pour les choses les
plus disparates. […]

Les
directeurs des maisons de la Province lui écrivaient pour
avoir des conseils médicaux, ils lui envoyaient des frères
pour les aider, ils confiaient à son hôpital pour des
soins chroniques ceux qui étaient devenus invalides. Les
Filles de Marie-Auxiliatrice n’étaient pas moins
nombreuses que les Salésiens à demander des faveurs.
Les émigrants italiens demandaient de l’aide, écrivaient
en Italie, demandaient des stages ; ceux qui avaient été
bien soignés à l’hôpital, en signe de
gratitude, envoyaient des parents et des amis pour les aider en
raison de l’estime dans laquelle ils tenaient leurs soins. Les
autorités civiles avaient souvent des personnes incapables à
réhabiliter et se tournaient vers Zatti. Les prisonniers et
d’autres personnes, le voyant en bons termes avec les
autorités, lui recommandaient de demander la clémence
pour eux ou de trouver une solution à leurs problèmes. »29

En
outre, Zatti se distinguait par un service continu, jusqu’à
l’oubli de soi et, précisément pour cette raison,
il ne se laissait pas décourager devant les soupçons,
l’ingratitude, les incompréhensions ou les demandes
pressantes : « Chez le serviteur de Dieu, le souci du
prochain dans son travail quotidien était extraordinaire ; du
matin au soir, il vivait pour ses chers malades. Ces circonstances se
sont multipliées pendant la nuit, où, quelle que soit
l’heure à laquelle on l’appelait, il venait
rapidement. […] Je suis conscient qu’il a souvent eu à
souffrir des exigences excessives de certains malades, des besoins
démesurés, des caprices, comme c’est le cas […]
des patients atteints de maladies mentales. Le serviteur de Dieu n’a
jamais perdu sa patience. Je me souviens l’avoir vu plus d’une
fois monter par mauvais temps, froid et pluvieux avec son véhicule,
un vélo, pas le dernier modèle, pour soigner les
malades de la ville, en parcourant des rues peu praticables. »30

Pour
marquer profondément la diaconie,
le service de Zatti à tous était de le faire en
compagnie du Seigneur. La compétence de cet infirmier généreux
n’était évidente pour personne, mais le fait
qu’il soit en mission avec Jésus l’était
tout autant : « Un fait personnel très concret :
quand j’étais novice et ensuite jeune prêtre, je
suis venu à Viedma à cause de quelques pustules que
j’avais surtout sur le cou et le visage, et le serviteur de
Dieu m’a accueilli toujours souriant, il m’a soigné
en me cautérisant avec une pointe chaude, en fredonnant le
Magnificat
pendant
que je travaillais et ensuite en m’encourageant à offrir
ces souffrances pour la sainte persévérance dans la
vocation. »31

Une
fois de plus, l’obéissance de Zatti à Dieu et à
son plan brille comme l’âme d’un service humble et
confiant, qui devait éveiller chez les pauvres et les malades
des sentiments d’abandon à Dieu. Tout trouvait son
inspiration en Dieu, et Zatti exécutait tout selon l’ordre
de Dieu, de sorte que le service de ce grand salésien était
une pratique continue et fascinante du précepte de l’amour
: « Il aimait Dieu par-dessus tout. Pour lui, toutes les
choses de cette terre étaient transitoires et secondaires.
Pour moi, Zatti était constant, inébranlable dans son
amour pour Dieu et dans sa piété.

Non
seulement dans les actes de piété, mais dans tous les
services rendus à son prochain, il avait toujours le nom de
Dieu sur les lèvres. Il exhortait tous ceux qui lui étaient
proches à vivre la piété. Zatti était
toujours un exemple, sa piété était supérieure
à l’ordinaire. »32

Celle
de Zatti, cependant, comme c’est toujours le cas pour les
saints, est une diaconie,
un
service certes accompli dans l’obéissance à Dieu,
mais surtout au nom de Dieu, en prêtant à Dieu son
visage, son cœur, ses mains, avec la certitude – source
d’une grande audace – d’être un petit
instrument de son grand Pouvoir et de sa Providence. Ainsi, Zatti
travaille avec une générosité extraordinaire, et
dans un abandon total car il sait qu’en lui son Seigneur est à
l’œuvre : « Il a toujours espéré
et fait confiance à Dieu. La sérénité
avec laquelle il surmontait les difficultés était une
démonstration de son espérance en Dieu. Il disait
toujours : “ Dieu y pourvoira » , mais il le disait avec
une confiance et une espérance totales. »33

Zatti,
un croyant et un homme authentique, était « animé
par la charité envers son prochain parce qu’il voyait le
Christ souffrant dans chaque malade. La bonté qu’il
manifestait aux malades était telle qu’il ne leur
refusait rien. »34
; « Pour le serviteur de Dieu, l’amour se
manifestait dans la charité avec laquelle il assistait les “
autres Christs » . Dans sa conception évangélique
selon laquelle ce que ses disciples font à leurs prochains,
ils le font au Christ lui-même, le serviteur de Dieu se
comportait avec charité envers tous, même s’ils
étaient incroyants ou indifférents .»35

Ou
en vivant une Église de service, capable d’arriver chez
les pauvres à vélo, ou en servant tous ceux qui
s’adressaient à son hôpital – d’abord San
José, puis San Isidoro – pour qu’ils y trouvent
l’amour de Dieu. Zatti s’est donné entièrement
à Dieu, devenant un serviteur du Seigneur, un véritable
missionnaire de l’Église au nom du Seigneur Jésus.

2.2
La fraternité et la communion (
koinonia)
de
Pâques dans la vie partagée

La
sainteté de Zatti nous conduit au cœur de l’Église
non seulement pour le caractère unique de sa diaconie,
mais aussi pour la qualité de la communion qui s’est
épanouie dans son don aux autres. Ce qu’a été
la communion pour Zatti est attesté à la fois par les
témoignages de ceux qui ont vu son action, et par la façon
dont il a traversé les moments les plus épuisants qui
ont marqué sa vie.

Un
évènement particulièrement douloureux pour lui
se produisit lorsque les supérieurs décidèrent
de démolir l’hôpital de San José, auquel
Artémide avait consacré toute son énergie ; il
n’y avait pas de place pour l’évêché
à Viedma ; et, afin de construire une résidence
épiscopale convenable, il fut décidé de démolir
l’ancien hôpital, avec la charge de déplacer tous
les services sanitaires dans les locaux de l’école
agricole de San Isidro, lieu de l’autre œuvre salésienne
à Viedma.

Pour
Zatti, la démolition n’était pas une simple
question de batiment, c’était une épreuve cruelle
et crucifiante : devant ses yeux, il n’y avait pas seulement
les décombres d’un vieil hôpital, mais le doute
qu’avec ces murs sa vie s’était effondrée
et que ses renoncements et ses privations, ses malentendus et ses
insomnies, ses maux de tête et ses sueurs, son dévouement
aux autres et son abnégation s’étaient également
arrêtés là. Zatti n’a pas été
épargné par le calice, mais il est resté debout,
avec force et douceur chrétienne : « au moment de
la démolition de l’hôpital San José, il
avait d’abord proposé de construire l’évêché
ailleurs et d’échanger les terrains ; puis, devant
l’inexorabilité de la démolition, qu’il
[…] ressentait beaucoup en raison de son extrême sensibilité
humaine, il ne s’est pas rebellé et n’a pas
protesté ; au contraire, il a rassuré ceux qui
cherchaient à le pousser à se rebeller. »36

Comme
toujours dans la vie des saints, l’épreuve est à
la fois un creuset sombre et une démonstration lumineuse :
Zatti, avec sa sérénité d’esprit et sa
disponibilité à installer ailleurs un nouveau siège
des services sanitaires, a démontré le fondement de son
dévouement : le véritable hôpital qu’il a
construit ne pouvait pas être réduit à néant,
parce qu’il était une invention de la charité, de
cette charité qui « n’a pas de fin »
(1
Cor
13,8),
et qui exprime le miracle de la communion, un reflet de la Vie
éternelle de Dieu. Le véritable hôpital de Zatti
n’était pas un bâtiment terrestre, dédié
à Saint Joseph ou à Saint Isidore ; dans ces milieux,
son professionnalisme accueillait tout le monde par la porte du
service, afin qu’ils puissent faire une expérience vraie
et pleine de la tendresse de Dieu.

Zatti
n’a pas prêché le catéchisme de la
communion, mais il l’a incarné dans sa sainteté ;
et son hôpital n’était pas un bâtiment
imposant, mais un miracle évident et quotidien de service et
de communion. Ici, « le serviteur de Dieu dirigeait le
personnel, composé de plusieurs personnes vivant à
l’hôpital, comme un supérieur d’une
communauté religieuse […]. Le personnel l’aimait, le
vénérait et suivait ses règles à la
lettre. Du point de vue moral, spirituel et technique, personne n’a
jamais manqué de ce qui était nécessaire pour
l’accomplissement de ses engagements, et cela en raison de
l’intérêt personnel du serviteur de Dieu. »37

Tout
le monde est convaincu que la stature spirituelle de Zatti a fait de
lui l’architecte de la communion : « Pendant les
années où j’étais à l’école
au collège St. François de Sales, l’hôpital
était une dépendance du collège et nous savions
tout ce qui se passait ici comme là-bas. Je n’ai jamais
entendu parler de querelles ou de malentendus entre les
collaborateurs de Zatti qui auraient pu avoir une quelconque
pertinence et provoquer des ragots dans le village ou à
l’école. »38

Quand
la communion chrétienne se réalise, elle ne passe pas
inaperçue à cause de sa beauté qui bouleverse un
monde affecté par la rancœur et la division ; seuls les
saints, cependant, connaissent pleinement combien coute la communion,
la méfiance envers une certaine spontanéité,
envers la sympathie à tout prix, envers la facilité
dénuée de tout sacrifice. Les saints savent le prix de
la communion parce qu’ils en connaissent la source : le côté
transpercé du Seigneur, qui accomplit l’œuvre de
réconciliation entre les hommes et avec les hommes.

Zatti
sait que seul le Sang du Seigneur crée la communion, et il
choisit la voie de la participation fidèle et quotidienne au
sacrifice du Fils, le sourire aux lèvres, la force dans l’âme,
la paix dans le cœur, les mains percées par le travail
et la fatigue. Rendant presque imperceptible l’engagement que
son immolation exigeait, Zatti « était un homme qui
rayonnait la paix, [un homme] d’action, dynamique, sans
nervosité, toujours joyeux. Il utilisait souvent des blagues
[…] pour remonter le moral d’un malade […]. C’était
un homme qui ne faiblissait pas dans ses pratiques religieuses, […]
signe de son effort pour s’améliorer. Personnellement,
ce que j’ai le plus remarqué chez lui, c’est sa
charité et son humilité. »39

L’humilité
de Zatti construit l’Eglise et rend chrétienne la
communion dont il est lui-même l’architecte ; celui qui
ne meurt pas à lui-même chaque jour, porte avec lui le
poids de l’égoïsme qui blesse la communion ; seule
l’humilité guérit les relations et surmonte la
tentation du pouvoir, du contrôle, de la séduction et de
la prévarication. Zatti, sans multiplier les mots et les
discours, sait que seule l’humilité peut être
créatrice d’une véritable koinonia,
fruit et condition d’une diaconie
efficace
et discrète, qui ne crée pas de dépendance mais
restaure la dignité ; seule l’humilité sert de
manière générative, en favorisant une communion
qui prend soin du lien et promeut l’autonomie. L’humilité
est la vertu de Dieu car elle est le secret de tout géniteur,
l’espoir de tout enfant, l’esprit de toute vie véritable.

Zatti
peut être un serviteur et un bâtisseur de communion grâce
à l’humilité qui fait de lui un simple enfant de
Dieu, vivant de la Vie de l’Esprit et père de tous :
« Je crois que, dans les rapports de Zatti avec ses
collaborateurs, il n’y a jamais eu de problèmes parce
qu’il était comme le père de tous. Je me souviens
qu’il manquait beaucoup à tout le monde quand il était
absent parce qu’il était parti à Rome pour la
canonisation de Don Bosco. »40
« La relation de Zatti avec l’hôpital était
comme celle d’un père. Je ne me souviens d’aucun
malentendu ni d’aucune difficulté : s’il y en a
eu, je ne pense pas que ce soit de sa part. Les infirmières
avec lesquelles j’ai eu affaire […] n’ont fait que des
éloges et n’ont pas eu à se plaindre. »41

2.3
Proximité pascale et
martyre
de
la vie sans fin

Notre
frère Artémide Zatti a réellement témoigné
par sa vie (martyria)
que
le Seigneur est ressuscité. « Je suis la lumière
du monde » (Jn
8,12)
dit le Seigneur de lui-même. L’Évangile est une
Lumière qui veut pénétrer dans la vie des
hommes, et l’Église, sacrement vivant de Dieu, est
Lumière pour le monde. La sainteté de Zatti, nourrie
par la Pâque de Jésus, est aussi lumière, et les
pauvres et les malades de Viedma en particulier en ont fait
l’expérience. Zatti les accueille par la porte du
service,
il les garde entre les murs de la communion,
mais pour leur offrir, avec le témoignage de sa vie, la
lumière de l’Évangile, la splendeur de la Pâque
qui illumine l’Église.

Les
croyants et les non-croyants sont frappés par les paroles et
les gestes de Zatti ; son témoignage est sans ombre,
extraordinairement salésien, il atteint tout le monde et
annonce, à travers deux noms, deux caractéristiques
décisives du Dieu de Jésus : la Providence et le
Paradis.

Il
n’y a pas d’Église là où il n’y
a pas de proclamation explicite du nom de Dieu, une proclamation
payée du martyre de la vie, sous le signe du sang ou de la
charité ; là où l’on promeut le service et
la communion de Zatti, la proclamation du nom de Dieu résonne,
de ces deux noms, si chrétiens et si salésiens :
Providence et Paradis.

Zatti
annonce par sa vie que tout en Dieu est amour, mais un amour concret,
attentif, illimité et soucieux pour chaque créature :
l’amour de Dieu est Providence. Cependant, la Providence de
Dieu n’est pas temporaire, mais éternelle, et c’est
le deuxième nom : le Paradis. Le paradis est le nom propre du
désir de Dieu qui, dans l’histoire, pourvoit aux besoins
de ses créatures afin de les garder avec lui pour toujours,
pour l’éternité.

Zatti
est un maître de cet alphabet chrétien : « son
désir constant était que le Seigneur soit connu et
aimé. Cela est attesté par la joie qu’il exprime
lorsqu’un nouveau patient, qui ne connaissait rien de Dieu,
devient un fervent chrétien. Son premier souci était de
soigner et d’inspirer confiance en la divine Providence. »42

Le
sens de la Providence n’était pas une réponse
forcée à des conditions précaires, une sorte de
dernière plage offerte aux naufragés pour qu’ils
ne sombrent pas dans les moments difficiles. Témoigner de la
Providence pour Zatti signifiait enseigner comment parler à
Dieu, l’appeler par son nom, avec une confiance chrétienne,
car « il était très convaincu des principes
de l’Évangile et l’un d’entre eux était
gravé dans son cœur et dans son esprit : ‘cherchez
d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous
sera donné par surcroît’» (Mt
6,
33) . Il avait appris à l’école de Don Bosco
– dont il a maintes fois lu la vie – à ne jamais
se méfier de l’aide de Dieu, surtout quand il est honoré
comme il le veut, dans chacun de nos voisins. »43

Mais
une Providence sans Paradis ne permettrait pas à la
proclamation du nom de Dieu de porter le poids de l’histoire,
avec son lot de fatigues, de souffrances et de morts. Zatti animait,
à l’intérieur et à l’extérieur
de l’hôpital, une Église toujours visitée
par la douleur et la mort, et cela exigeait une plénitude de
foi et de témoignage, il demandait de proclamer le nom de
l’unique désir de Dieu pour l’homme : le Paradis.
Lorsqu’il témoigne du Paradis, Zatti montre la certitude
« de la vie éternelle et de son acquisition par la
grâce et les bonnes œuvres ; cela se manifeste surtout
face à la mort […]. Je l’ai personnellement entendu se
réjouir d’avoir pu apporter une aide religieuse aux
malades et s’exclamer […] : ‘Aujourd’hui
nous en avons envoyé deux ou trois au ciel’. »44

Avec
ces deux noms de Dieu, Zatti a évangélisé la vie
et la mort, la joie et la douleur, la santé et la maladie
comme un véritable témoin chrétien, comme un
martyr, dans le martyre quotidien de la charité.

La
proclamation et le martyre
de
Zatti ne répandent pas un évangile de circonstance ou
d’opportunité, mais répandent le Sel, la Lumière,
le Levain, prêtent le visage, le cœur et les mains à
un Évangile qui appelle à la vie et imprègne
tout, résout les énigmes et surmonte les angoisses avec
la chaleur de la Vérité : « Depuis que je le
connais, il a toujours donné plus d’importance aux
pratiques religieuses qu’à son travail, même s’il
le faisait avec persévérance. Il citait souvent les
Écritures, surtout les Évangiles, pour consoler les
malades ou pour encourager la vertu […]. Il était très
difficile pour lui de ne pas mettre une pensée spirituelle
dans ses conversations. Une fois, en parlant avec lui, j’ai
mentionné la découverte de nouveaux médicaments
comme la pénicilline et les sulfamides ; le serviteur de Dieu
m’a écouté et, quand j’ai eu fini de
parler, il a dit : ‘C’est vrai, c’est vrai, mais
les gens mourront quand même’. »45

Et
la vérité de l’Évangile, dans sa totalité,
a illuminé l’hôpital de Zatti, comme elle avait
illuminé l’Oratoire au temps de Don Bosco : pour cette
raison, dans l’hôpital de Viedma comme dans les murs du
Valdocco, on ne craint pas la mort et on n’a pas besoin de
multiplier les dossiers pour adoucir le scandale ou pour cacher les
preuves, ce qui ne serait que tromperies dangereuses pour le cœur
humain. Zatti a affronté la mort avec le témoignage de
l’Évangile de la vie : une vie avec les pieds sur terre,
donc laborieuse et concrète, mais avec le cœur au ciel,
donc confiante et sereine : « la seule raison de sa vie
était précisément l’espoir d’une
récompense céleste, il n’a jamais agi pour gagner
de l’argent ou pour une réputation, il a tout fait dans
l’espoir d’un bonheur futur. »46

Son
engagement, malgré sa simplicité, était de vivre
l’Évangile avec le cœur enraciné dans le
Prix final et de faire entrer le Dieu de la Providence et du Paradis
dans chaque blessure et dans chaque mort humaine, afin que la Vie et
la Résurrection y fleurissent. Cela bénit le témoignage
de Zatti et invoque sa présence lorsque les médicaments
précieux et rares de l’espoir et de la consolation sont
indispensables. Toute la ville de Viedma le savait, comme l’ont
confirmé des témoins avec une surprenante unanimité
: on appelait toujours Zatti, qui venait encourager et consoler,
donnant cette médecine chrétienne qu’il buvait,
pour sa vie dans la grâce de Dieu, du même Esprit, le
Consolateur. Ainsi, il était « extraordinaire chez
le serviteur de Dieu de pouvoir insuffler l’espoir aux malades,
ce qui contribuait presque miraculeusement à la guérison
en élevant l’esprit de ceux qui souffraient.»47
Zatti témoigne, jusqu’au martyre de la charité,
que le Seigneur est le Dieu du ciel et de la terre. Zatti en est le
témoin, avec la passion des saints, qui ne connaît pas
de mesure : « Je me souviens d’un patient qui disait
à Zatti qu’il l’avait toujours préparé
pour le ciel et qu’il devait le préparer un peu pour la
terre. Un autre fait témoigne de l’atmosphère qui
règne dans l’hôpital : une infirmière a un
jour insisté pour préparer à la mort un patient
qui n’était pas si mal et qui, en fait, est toujours en
vie. »48

2.4
La joie de Pâques et la liturgie de la vie rachetée

Artémide
Zatti, avec son extraordinaire fidélité aux événements
centraux de la vie chrétienne, se nourrit du Pain de la
Parole, du Pain du Pardon, du Pain du Ciel, et sa vie est
transfigurée, toujours plus intensément, au profit
d’une mission riche en fruits toujours plus nombreux. Ainsi, la
vie de la Grâce, vécue intensément par ce fils de
Don Bosco, atteint tous ceux qui le rencontrent, sans distinction :
malades et collaborateurs, frères et autorités, pauvres
et bienfaiteurs ; à Zatti, ils touchent la vie du Seigneur,
par la force du mystère sacramentel qui est partagé
entre les personnes dans la communion du peuple de Dieu. Ainsi, toute
l’Église, dans les sacrements, par la force de l’Esprit
Saint, célèbre le mystère pascal et assure aux
hommes et aux femmes, par les sacrements, une nourriture pour la
route, et des remèdes qui guérissent l’humanité
blessée par le mal et la mort.

C’est
cela l’Église : elle s’épanouit et grandit
là où le service et la communion proclament le nom de
Dieu, témoignent de la Parole de Jésus, se nourrissent
de son Corps, guérissent par son Pardon. Zatti ne fait pas
seulement tout cela, mais il est tout cela ; à travers la
correspondance avec la Grâce, qui sanctifie sa vie, non
seulement nous reconnaissons en lui les gestes et les paroles du
Seigneur, mais nous faisons l’expérience de Sa propre
Vie : Zatti est un « tabernacle vivant », et
son témoignage rayonnant suscite des questions, des
résolutions, une conversion, même chez ceux et celles
qui sont loin d’une participation intime au mystère du
Seigneur.

Le
dévouement de Zatti, qui révèle une racine plus
qu’humaine, devient une preuve universellement convaincante du
pouvoir surnaturel des sacrements ; son amour, en effet, est « un
amour surnaturel et extraordinaire pour son prochain ».
[…] Il était prêt à tous les sacrifices, et
c’est pourquoi ce qui est difficile lui semblait facile. Je
pense que les circonstances difficiles de son travail caritatif
étaient : le manque de personnel, la demande d’aide à
tout moment, ne pas être influencé par le mauvais temps,
s’occuper de toutes sortes de personnes. Je me souviens d’un
parent malade à qui il rendait visite un jour où il
faisait très mauvais temps et à qui l’on disait :
« Comment faites-vous pour sortir par ce temps, M. Zatti
? » Il répondit : « Je n’ai pas le
choix ! »49

C’est
une règle de la liturgie chrétienne que de pouvoir se
manifester dans la vie du croyant avec ordre, harmonie, dynamisme
efficace et surnaturel. Zatti est un chrétien, un laïc
salésien consacré de Don Bosco, une pierre vivante de
l’Église, un témoin de Pâques, parce que
dans ses œuvres est rendu visible le commandement de l’Amour,
qui nous fait reconnaître Dieu dans le prochain et le prochain
en Dieu ; mais Zatti enseigne, par sa vie, que la force nécessaire
à la pratique de ce commandement est surnaturelle, et ne peut
venir que de Dieu, de ses sacrements, de la prière et de
l’union avec Lui. « Zatti a exercé la charité
dans des circonstances difficiles en raison d’un manque de
ressources financières, mais aussi parce que son activité
dépassait l’ordinaire, en raison du nombre d’heures
qu’il consacrait à ses engagements sans omettre ses
obligations religieuses. En le connaissant, nous nous sommes demandés
comment il pouvait soutenir un si grand effort sans le repos
habituellement considéré comme nécessaire. »50

Deux
épisodes méritent d’être rappelés,
comme exemple de la liturgie de la vie dont Zatti est d’abord
un disciple puis un apôtre du Seigneur crucifié et
ressuscité ; d’abord, la démolition de l’ancien
hôpital de San Giuseppe, avec la nécessité de
déplacer les malades à San Isidro : « Je ne
sais pas si Zatti a reçu une date d’expulsion, et je
suis sûr qu’il n’avait rien reçu de son
provincial, sinon il l’aurait su […]. L’état
émotionnel dans lequel est tombé Zatti lorsqu’il
a fallu retirer les malades, afin que les décombres ne
s’effondrent pas sur eux, aurait pu être
psychologiquement fatal. Il pleurait amèrement, mais après
avoir prié devant le Saint Sacrement, il se mit au travail
avec une énergie sereine. »51
; et ensuite le service aux mourants : « Un jeune garçon
était sur le point de mourir, et Zatti lui parlait après
lui avoir donné la communion ; à un moment donné,
le garçon a commencé à crier : ‘Zatti,
je suis en train de mourir !’ Et au même moment il se
leva du lit ; Zatti,
le regardant dans les yeux, sourit et dit : « Bravo,
tu vas au ciel ! » et le jeune homme se laissa allonger avec un
sourire qui ressemblait à celui de Zatti, et qui resta imprimé
sur son visage.»52

C’est
ce qui se passe lorsque l’Eucharistie devient vie et que le
mystère pascal devient pratique quotidienne : la grandeur
humaine est transformée, par l’œuvre de l’Esprit,
et chaque action du croyant se fait dans le Christ, par le Christ et
avec le Christ, faisant de la vie une liturgie. et transférant
les dons sacrés de la liturgie dans la vie.

Notre
cher Artémide Zatti, redevable en tout aux Mystères du
Seigneur, sait que tout ne peut être que grâce à
lui ; d’où son humilité : « Je me
souviens que lorsque mon frère Salvador souffrait de la fièvre
typhoïde, le serviteur de Dieu allait lui procurer des soins
plusieurs fois par jour. Une fois, le rencontrant sur le chemin de la
maison de Salvador, je lui ai dit tristement : « M. Zatti,
sauvez mon frère ! Il s’est retourné et, me
regardant dans les yeux, m’a dit sévèrement : ‘Ne
blasphème pas, Dieu seul sauve !’ »53

La
vie d’Artémide Zatti a été une vie de don
de soi, de communion, de témoignage du Seigneur ressuscité.
Une vie pleine de grâces qui l’a conduit à une
mort pleinement chrétienne : « En lui demandant si
ses douleurs étaient continues, fortes ou non, sans me
répondre directement, il m’a dit : ‘Elles sont un
moyen de purification et je suis heureux parce que je me rends compte
que j’achève la Passion du Christ, que j’ai tant
inculquée aux malades’.»54

Et
l’offre de Zatti était pleine, discrète, sereine
et joyeuse, la marque de fabrique de sa liturgie. Une anecdote mérite
d’être relevée, dans laquelle, derrière le
voile de la sympathie, Zatti donne à ceux qui l’assistent
le sens de sa vie, que Dieu a su presser jusqu’à la
moelle, parce qu’elle était mûre et pleine.
Quelques mois avant sa mort, souriant de sa maladie – une
tumeur au foie qui lui tache le visage en jaune – , Zatti dit à
une infirmière que lui aussi se maquillera bientôt. Mais
il aura, comme le citron, la couleur de la maturité, qui rend
le fruit prêt à être pressé jusqu’au
trognon : « Vous vous maquillez ? Moi aussi ! Dans six
mois, je vous donnerai la preuve. Un citron ne sert à rien
s’il n’est pas jaune ! »55

3.
UNE INVITATION À UN ENGAGEMENT EXTRAORDINAIRE

Tel
était le titre de la dernière partie de la lettre du
père Vecchi, à laquelle j’ai fait référence
à plusieurs reprises, et que je voudrais conserver et partager
maintenant. Dans les pages précédentes, j’ai
essayé d’esquisser de manière simple mais
incisive la figure extraordinaire de notre frère salésien
coadjuteur Artémide Zatti. Son parcours de vie, imprégné
et rempli de Dieu, est plus qu’évident. Tout comme sa
sainteté. Face à cette grande figure, le besoin et
l’importance d’un engagement spécial pour
promouvoir cette belle vocation s’imposent aujourd’hui
dans notre Congrégation. Je fais miennes les paroles de Don
Vecchi pour demander à chaque Province, à chaque
communauté et à chaque confrère, dans les années
à venir, dès maintenant, « un engagement
renouvelé, extraordinaire et spécifique à la
vocation du frère salésien, dans le cadre de la
pastorale des vocations : prier, annoncer et proposer, appeler,
accueillir et accompagner, vivre personnellement et ensemble cette
vocation dans la communauté. »56

Les
publications riches sur la figure du coadjuteur salésien ne
manquent pas57
; ce dont nous avons peut-être besoin en ce moment, c’est
de rendre notre engagement plus convaincant. J’ai dit à
plusieurs reprises dans mes visites aux Provinces, et aussi dans mes
lettres, que nous devons avant tout être des hommes de foi,
nous abandonner au Seigneur aujourd’hui plus que jamais. De
nombreuses autres plans et stratégies peuvent nous aider, mais
ils ne nous sortiront pas d’une profonde difficulté.
Rien
d’autre que la confiance dans le Seigneur et le recours à
Lui
.
Le témoignage suivant d’un Frère Coadjuteur
revêt, à mon avis, une force particulière :
« Aujourd’hui encore, résonne le ‘Viens
et suis-moi’. Et il est toujours étonnant de constater
qu’il y a, de nos jours, des jeunes qui ont tout ce qu’il
faut pour s’orienter vers le sacerdoce et qui, au contraire,
font l’option d’être laïc consacré
toujours dans la Congrégation salésienne. C’est
pourquoi, dans la pastorale des vocations, il est nécessaire
de croire en cette vocation en tant qu’une vocation à
part entière, et de transmettre son estime par osmose, sans
exercer ni pression ni déformation vis-à-vis de la
figure cléricale. Nous devons être convaincus qu’il
y a des jeunes qui ne s’identifient pas au modèle
sacerdotal, et qui sont attirés par le modèle du laïc
consacré. Quelles sont les raisons de ce choix ? Toutes les
motivations fournies sont insuffisantes : à la fin, il reste
le mystère de la Grâce et de la liberté. »58

A
ce stade, je voudrais vous inviter à approfondir les
prochaines publications sur Saint Artémide Zatti et sur la
vocation du Coadjuteur salésien dans notre Congrégation,
dans les différentes Régions, et sur les propositions
des deux Secteurs de la Pastorale des Jeunes et de la Formation qui
nous parviendront sans doute prochainement, comme une aide à
l’intercession que le nouveau saint salésien fera pour
tous et, sans doute de manière très particulière,
pour ses frères salésiens coadjuteurs dans le monde,
ceux qui sont déjà là et ceux qui viendront, par
la grâce de Dieu.

La
force et la beauté d’une invitation

Je
crois que la comparaison avec la vie d’Artémide Zatti ne
devrait pas se terminer sans mentionner, une fois de plus, une lettre
de 1986 du Cardinal Jorge Mario Bergoglio, aujourd’hui Pape
François, écrite à un salésien, comme
témoignage d’une grâce reçue par
l’intercession de Zatti.

L’histoire
est bien connue : lorsqu’il était Provincial des
Jésuites en Argentine, le Père Bergoglio a confié
à Zatti la demande au Seigneur de saintes vocations à
la vie laïque consacrée pour la Compagnie de Jésus
; et sa Province a eu la grâce, en l’espace d’une
décennie, d’avoir vingt-trois nouvelles vocations de
frères religieux.

L’épisode
est pertinent non seulement pour les protagonistes de l’histoire
– le propriétaire du Mies, un saint coadjuteur salésien,
l’actuel successeur de Pierre – mais aussi pour son
contenu : la force vocationnelle du témoignage de Zatti.

Il
est surprenant que le premier salésien à être
canonisé non pas pour le martyre dans le sang soit un
coadjuteur, et un coadjuteur qui a renoncé, dans une
obéissance radicale à Dieu, à la forme même
de vocation qui l’avait fasciné, la vocation
sacerdotale, pour être avec Don Bosco, accomplissant alors un
service sacrificiel dans le monde de la maladie et de la souffrance.

Cependant,
la grande beauté de ce témoignage ne peut pas nous
échapper ; en lui brillent les amours fondamentales qui
doivent enflammer le cœur du salésien : l’amour de
Dieu et de sa volonté, l’amour du prochain, qui dans ses
membres souffrants est le Visage proche de Jésus Crucifié,
l’amour de la Mère du Seigneur, Médiatrice de
toute grâce, l’amour de Don Bosco qui promet à
chaque salésien pain, travail et Paradis.

Ces
amours brillent dans la grandeur lumineuse de la vie religieuse
d’Artémide, embrassée avec un radicalisme joyeux
et une créativité généreuse.

Notre
frère Artémide Zatti nous montre combien le monde est
sensible au témoignage de la vie religieuse, à
condition que ce témoignage soit vrai, crédible, et
authentique : le triomphe de ses funérailles, la renommée
de sainteté, la vénération de sa tombe sont des
signes clairs qui indiquent comment nous avons reconnu le doigt de
Dieu à l’œuvre dans ce salésien généreux
et fidèle : « Proportionnellement aux habitants de
Viedma, le nombre de personnes qui sont venues aux funérailles
était impressionnant. Des gens humbles sont venus de partout
avec de petits bouquets de fleurs. En plus des autorités, de
nombreuses autres personnes sont venues. Dans les jours [suivant sa
mort], les gens étaient convaincus qu’un saint était
mort ; certains se rendaient sur la tombe en s’attendant à
des miracles : ils priaient, ils apportaient des fleurs. »59

La
vie d’Artémide Zatti a réveillé une ville,
et aujourd’hui elle touche le monde entier, car il a parlé
de Dieu : il a apporté aux pauvres et aux malades, avec une
pratique exemplaire de la chasteté, le parfum de l’amour
virginal et fécond de Dieu ; il a donné à tous
la richesse de la foi, en la payant par une pauvreté aimée
jusqu’à céder sa chambre à un malade ou à
y amener un mort pour le soustraire à la vue des autres
malades dans un dernier geste de tendresse et de pitié ; il a
enseigné la vraie liberté, en obéissant à
la volonté des supérieurs au prix de larmes amères,
en les reconnaissant comme médiateurs du dessein de Dieu.

Religieux
exemplaire, avec ce témoignage, il enseigne à tous que
la santé qu’il faut préserver par-dessus tout est
celle de l’âme, de cette âme qui nous est si
précieuse parce qu’elle vient de Dieu et qu’elle
aspire à lui, souvent inconsciemment, dans le désir de
trouver, dans ses bras, l’Amour éternel.

Que
les amours de Zatti enflamment nos amours ; que son témoignage
de l’absolu de Dieu, de la grandeur de l’âme et de
notre vraie patrie inspire nos actions et notre passion pastorale,
pour une nouvelle fidélité apostolique et une fécondité
vocationnelle renouvelée. Que nous ne manquions jamais, comme
Artémide Zatti l’a toujours cherché, de la
protection maternelle de l’Auxiliatrice, et que la dévotion
à la Mère dans chaque maison salésienne du
monde, et dans chaque coin où la Famille de Don Bosco est
présente, soit un chemin sûr qui nous aide à
vivre une sainteté comme celle de notre frère.

Je
termine ces lignes en proposant une prière au Père par
l’intercession du nouveau saint coadjuteur salésien,
Saint Artémide Zatti.

Prière
d’intercession

demander
des vocations de laïcs salésiens

O
Dieu, en Saint Artémide Zatti
Tu
nous as donné un modèle de coadjuteur salésien,
docile
à ton appel,
et
qui, animé par la compassion du bon Samaritain,
s’est
fait le prochain de tout homme,
aide-nous
à reconnaître le don de cette vocation,
qui
témoigne au monde de la beauté de la vie consacrée.
Donne-nous
le courage de proposer aux jeunes
ce
mode de vie évangélique
au
service des petits et des pauvres,
et
fais en sorte que ceux que tu appelles sur ce chemin
répondent
généreusement à ton invitation.
Nous
te le demandons par l’intercession de saint Artémide
Zatti
et
par la médiation du Christ Notre Seigneur.
Amen.

Avec
une véritable affection et uni dans le Seigneur par la prière
mutuelle, je vous envoie mes salutations.

Turin,
le 24 septembre 2022
P.
Ángel Fernández Artime, SDB
Recteur
Majeur

1
J. E. Vecchi, La béatification
du coadjuteur Artémides Zatti : une nouveauté
stimulante
, in ACG 376 (2001), 3.
2
J’ai décidé de dresser un profil bref et sobre. Ceux
qui veulent en savoir plus sur la vie d’Artemide Zatti peuvent
trouver plusieurs biographies sur le prochain Saint et aussi lire le
profil biographique dans la lettre de don Vecchi à laquelle
j’ai fait référence ci-dessus.
3
Cf. Positio, p.35.
4
Cf. J. E. Vecchi,
o.c., p.
16 et Cf. Positio,
p. 47.
5
J. E. Vecchi,
o.c., p.
19 et Positio,
p. 79.
6
J. E. Vecchi, o.c.,
p. 20.
7
J. E. Vecchi,
o.c., p.
22 et Summarium,
p. 310, n. 1224.
8
J. E. Vecchi, o.c.,
p. 27.
9
Ibidem
, p. 27-28.
10
H.U. von Balthasar, Gesù ci conosce ? Noi
conosciamo Gesù ?
Morcelliana (= Il Pellicano), Brescia
1981, 95. Editorial Herder, Barcelone 1982].
11
J. E. Vecchi, o.c.,
p. 29.
12
Ibidem
, 30.
13
Positio
, 31.
14
Ibidem
, 21.
15
H.U. von Balthasar, Gli stati di vita del
cristiano
, Jaca Book, Milano 1985, 34. Ediciones Encuentro,
Madrid 1994].
16
Summarium,
p. 43, n. 160.
17
H.U. von Balthasar, Gli stati di vita del
cristiano
, 34. Ediciones Encuentro, Madrid
1994].
18
Positio,
206 (Profil spirituel du
serviteur de Dieu).
19
Positio super scriptis
12.
20
Lettre à son père
,
Viedma, 15 juin 1908.
21
Positio,
75-76.
22
Positio,
80 ; cf. J. E. Vecchi,
o.c., p.19-20.
23
Positio,
81.
24
Summarium
15.
25
Ibidem,
80.
26
J. E. Vecchi,
o.c., p.
23.
27
Témoignage de Carlos Tassara, Summ.
126-127.
28
Témoignage de Monseigneur Carlos Mariano Pérez, Summ.
52.
29
Luigi Fiora, Biografia,
Positio 132.
30
Témoignage de Monseigneur Carlos Mariano Pérez, Summ.
43-47.
31
Témoignage de Monseigneur Carlos Mariano Pérez, Summ.
43.
32
Témoignage d’Óscar Juan García, Summ.
113.
33
Témoignage de Fernando Enrique Molinari, Summ.
151.
34
Témoignage de Noelia de Tofoni Morero, Summ 259.
35
Témoignage de Don Luis De Roia, Summ.
271.
36
Témoignage d’Enrique Mario Kossman, Summ.
10.
37
Témoignage de Don Pedro Antonio F. Fernández, Summ.
61.
38
Témoignage de Don Mario Brizzola, Summ.
75.
39
Témoignage d’Óscar Juan García, Summ.
113.
40
Témoignage de José Nicolás Costanzo, Summ.
103.
41
Témoignage d’Amalia Teresa Giraudini, Summ. 117.
42
Témoignage de Manuel Linares, Summ.
92.
43
Témoignage de Monseigneur Carlos Mariano Pérez, Summ.
36.
44
Témoignage d’Enrique Mario Kossman, Summ.
14.
45
Témoignage de Don Mario Brizzola, Summ.
79-80.
46
Ibidem
, 80.
47
Témoignage de Giovanni Cadorna Guidi, Summ. 218
48
Témoignage du Dr Pascual Atilio Guidi, Summ.
100
49
Témoignage d’Óscar Juan García, Summ.
114.
50
Témoignage de Luis de Palma, Summ.
135.
51
Témoignage de don Feliciano López, Summ. 178.
52
Testimonianza di don López Feliciano, Summ. 174.
53
Témoignage de Pedro Echay, Summ.
211-212.
54
Témoignage de Francis Erasmus Geronazzo, Summ.
274.
55
Témoignage de don Feliciano López, Summ.
193.
56
J. E. Vecchi,
o.c., p.
54.
57
Vecchi sont disponibles dans ACG 373
(2000) et dans "La Vocación
del Salesiano Coadjutor en la pastoral vocacional",
dans
El Salesiano Coadjutor : historia,
identidad, pastoral vocacional y formacion, Editorial CCS (Madrid),
Rome, 1989
, pp. 167-201.
58
J. E. Vecchi, o.c.,
p. 57.
59
Témoignage d’Amalia Teresa Giraudini, Summ. 115-116