6 Déc 2025, sam

Entretien avec le conseiller pour l’Asie de l’Est et l’Océanie, le père William MATTHEWS

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Nous faisons la connaissance du père William Matthews, salésien d’origine birmane ayant grandi en Australie, nommé conseiller général pour la région de l’Asie de l’Est et de l’Océanie en mars 2025 lors du 29e Chapitre général à Turin. Dans cet entretien, le père Matthews retrace son parcours vocationnel, de la paroisse salésienne de Mandalay à l’émigration en Australie, jusqu’à l’ordination sacerdotale et le service en tant que provincial d’Australie et de la province du Pacifique. Il nous partage sa passion pour l’éducation des jeunes, l’importance du Système Préventif et son engagement particulier envers les réfugiés et les migrants, réfléchissant aux défis de l’évangélisation contemporaine et à l’unité de la Famille Salésienne.

Peux-tu te présenter ?
Bonjour ! Je m’appelle le P. William Matthews, conseiller général pour la région de l’Asie de l’Est et de l’Océanie des Salésiens de Don Bosco. Né et élevé dans une paroisse salésienne à Mandalay, en Birmanie, j’ai émigré en Australie avec ma famille en 1994. J’ai fait ma première profession comme Salésien le 31 janvier 1997 à Melbourne, en Australie, et j’ai été ordonné prêtre à Perth, en Australie occidentale, le 9 décembre 2005. En tant que Salésien, j’ai passé la majeure partie de mon temps dans l’enseignement secondaire entre Melbourne, Adélaïde et Sydney en Australie. En juin 2017, j’ai été nommé 11e provincial d’Australie et de la province du Pacifique, poste que j’ai fidèlement servi de 2018 à 2023. Lors du 29e Chapitre général à Turin en mars 2025, bien que n’étant pas membre du Chapitre, j’ai été nommé conseiller général pour la région de l’Asie de l’Est et de l’Océanie.

Qui t’a raconté pour la première fois l’histoire de Jésus ?
J’ai appris à aimer et à suivre Jésus dès mon enfance au sein de ma famille. Ma famille était très dévote et la pratique de la foi chrétienne avec des célébrations régulières des sacrements était une partie importante de mon éducation. Nos parents ont veillé à faire de nous de bons chrétiens, suivant fidèlement Jésus.

Comment as-tu perçu l’appel de Dieu et comment s’est-il manifesté dans ta vie ? Pourquoi salésien ?
En tant qu’enfant de chœur dans ma paroisse pendant de nombreuses années, mon intérêt pour la vie sacerdotale a germé et s’est développé. Adolescent, j’étais capable de diriger des cours de catéchisme en l’absence de prêtres ou de religieuses, et même de diriger des services de prière dans ma communauté paroissiale locale. J’étais activement impliqué dans le secteur de la pastorale des jeunes de ma paroisse. Être un leader ou un organisateur a toujours fait partie de ma vie. J’ai choisi la vie salésienne en raison de mon milieu paroissial, du lien de ma famille avec les Salésiens et de mon intérêt sincère pour l’éducation des jeunes. Je n’ai jamais regardé en arrière après être entré au séminaire salésien en Birmanie. Je crois que la Vierge Marie m’a conduit à Don Bosco.

Quels ont été les moments ou les personnes qui t’ont marqué dans ton parcours de discernement ?
Ce fut un beau défi de réussir l’examen de fin d’études secondaires en Birmanie. Beaucoup ont essayé plusieurs fois et ont échoué. J’ai fait un compromis avec Dieu pour entrer au séminaire après avoir réussi mon premier essai. Dieu a écouté mon défi et m’a ouvert la voie. Avec le soutien de ma famille et de mes paroissiens, je suis entré au séminaire salésien d’Anisakan en Birmanie après le lycée. La vie est pleine de surprises ! Les rebondissements dans la vocation sont normaux car nous ne savons pas où le bon Dieu nous mène. Avec ma famille, j’ai émigré en Australie en 1994 et j’ai poursuivi mon parcours salésien à Melbourne. Je sais que ma famille, surtout ma mère et de nombreux amis, me soutient toujours et prie pour ma persévérance dans la vocation.

Y a-t-il un épisode qui t’a particulièrement marqué dans ta formation salésienne ?
La formation salésienne que j’ai reçue en tant qu’aspirant en Birmanie m’a fourni une base solide. De nombreux Salésiens que j’ai rencontrés en Birmanie m’ont inspiré à vivre ma vie de Salésien pour le bien des jeunes. Un certain nombre de Salésiens plus âgés de la province australienne ont également joué un rôle de modèles extraordinaires dans ma vie. Leur sainteté, leur générosité et leur simplicité étaient inégalées et j’ai beaucoup appris d’eux pour être un meilleur Salésien.

Quelle est la plus grande joie de ton ministère ? Et la plus grande difficulté ?
La plus grande joie de ma vie est d’être avec les jeunes, les pauvres, les réfugiés et les migrants dans la célébration des sacrements. Ils sont le sens et le but de ma vie et de mon ministère. Cela me procure une grande satisfaction de savoir que nous rencontrons Jésus dans les autres. Pourtant, il y a des moments difficiles où je suis incompris par les autres, et je dois faire face à des personnes qui traitent les autres différemment en raison de la race, du sexe, des antécédents ou de la culture.

Quels défis vois-tu aujourd’hui dans l’accompagnement des jeunes, et quels outils salésiens te semblent encore efficaces ?
Les Salésiens doivent être acceptés par les jeunes avant de les accompagner. C’est pourquoi Don Bosco veut que ses Salésiens se fassent aimer. La présence salésienne est la première étape importante et aidera les Salésiens à se faire connaître des jeunes. Quant à l’outil, l’utilisation du Système Préventif est le meilleur moyen d’accompagner les jeunes à voir Jésus et à être comme Jésus pour les autres.

Pourrais-tu partager une expérience particulièrement significative avec les jeunes ou dans ta mission ?
Une expérience significative avec les jeunes dans ma vie et ma mission a été de passer du temps avec des réfugiés, des migrants et des travailleurs migrants de Birmanie [Myanmar] en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Thaïlande. Ils ont toujours besoin de soutien spirituel et moral, et ils apprécient immensément même le peu de temps et la présence que je partage avec eux. Les rejoindre et passer du temps avec eux a toujours été une expérience enrichissante pour moi en tant que fils de Don Bosco.

Comment te maintiens-tu en forme spirituellement et humainement dans les difficultés ?
Rester actif et en bonne santé, tant spirituellement que physiquement, est très important pour surmonter les défis de la vie, en particulier ceux qui échappent à mon contrôle. Compter sur le calme et la gentillesse, ainsi que sur la grâce de Dieu à travers une vie spirituelle et physique saine, m’aide à surmonter mes moments difficiles.

Y a-t-il une figure (outre Don Bosco) qui t’a particulièrement inspiré dans ta vie spirituelle ?
Outre Don Bosco, il y a Marie, la mère de Jésus-Christ, qui m’a inspiré dans ma vie de service pour le bien des autres. Marie a accepté la Parole de Dieu et l’a rendue réalité sans peur ni tremblement. Elle était confiante, calme, gentille et joyeuse en faisant la volonté de Dieu comme première disciple fidèle. Avec Marie comme modèle et guide, un Salésien peut aller très loin dans son ministère.

Quels sont aujourd’hui les grands défis de l’évangélisation et de la mission ?
Le matérialisme et l’individualisme sont les grands défis de l’évangélisation et de la mission aujourd’hui. Les gens doivent embrasser la beauté et la simplicité de l’humanité pour vivre en paix et en harmonie en suivant les enseignements de Jésus-Christ qui est le chemin, la vérité et la vie.

Collabores-tu avec les laïcs, avec les Filles de Marie Auxiliatrice (FMA), avec d’autres membres de la Famille Salésienne ?
En tant que Salésien, la collaboration avec les membres de la Famille Salésienne, en particulier les laïcs, est très importante. Sans eux, nous ne progresserons pas. Je les encourage, les soutiens et travaille avec eux de toutes les manières possibles.

Projets pour l’avenir ? Rêves ? Initiatives ?
Mes plans ou rêves ne sont pas personnels mais ceux de Don Bosco pour aider les jeunes à devenir de « bons chrétiens et d’honnêtes citoyens » dans tous les coins du monde, en particulier dans les pays et les lieux où ils rencontrent des difficultés et des défis.

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui se sent appelé à la vie religieuse ?
N’ayez pas peur, faites seulement confiance au Seigneur qui agira à travers vous pour SA grande gloire. Venez et donnez-vous totalement au Seigneur et Il vous mènera là où on a besoin de vous.

As-tu un message pour la Famille Salésienne ?
Mon message à la Famille Salésienne est de rester unis, de prier ensemble et de travailler ensemble dans l’esprit de Saint Jean Bosco sous la direction maternelle de Notre-Dame Auxiliatrice.

Editor BSOL

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