Temps de lecture : 7 min.
Le volontariat missionnaire représente une expérience qui transforme profondément la vie des jeunes. Au Mexique, la Province Salésienne de Guadalajara a mis sur pied depuis des décennies un parcours organique de Volontariat Missionnaire Salésien (VMS) qui continue d’avoir un impact durable dans le cœur de beaucoup de garçons et de filles. Grâce aux réflexions de Margarita Aguilar, coordinatrice du volontariat missionnaire à Guadalajara, nous partagerons le chemin concernant les origines, l’évolution, les phases de formation et les motivations qui poussent les jeunes à s’engager pour servir les communautés au Mexique.
Origines
Le volontariat, compris comme un engagement en faveur des autres et né du besoin d’aider son prochain tant sur le plan social que spirituel, s’est renforcé au fil du temps avec la contribution des gouvernements et des ONG pour sensibiliser aux thèmes de la santé, de l’éducation, de la religion, de l’environnement et de bien d’autres encore. Dans la Congrégation Salésienne, l’esprit du volontariat est présent depuis les origines. Maman Marguerite a été, aux côtés de Don Bosco, parmi les premiers « volontaires » à l’Oratoire ; elle s’est engagée à aider les jeunes à accomplir la volonté de Dieu et à contribuer au salut de leurs âmes. C’est le Chapitre Général XXII (1984) qui commença à parler explicitement de volontariat, et les chapitres suivants insistèrent sur cet engagement comme une dimension inséparable de la mission salésienne.
Au Mexique, les Salésiens sont répartis en deux Provinces : Mexico (MEM) et Guadalajara (MEG). C’est précisément dans cette dernière qu’à partir du milieu des années 1980, un projet de volontariat des jeunes a pris forme. La Province de Guadalajara, fondée il y a 62 ans, offre depuis près de 40 ans la possibilité à des jeunes désireux d’expérimenter le charisme salésien de consacrer une période de leur vie au service des communautés, surtout dans les zones frontalières.
Le 24 octobre 1987, le provincial envoya un groupe de quatre jeunes avec des salésiens dans la ville de Tijuana, dans une zone frontalière en forte expansion salésienne. Ce fut le début du Volontariat Juvénile Salésien (VJS), qui se développa progressivement et s’organisa de manière de plus en plus structurée.
L’objectif initial était proposé aux jeunes d’environ 20 ans, disponibles pour consacrer un à deux ans à la construction des premiers oratoires dans les communautés de Tijuana, Ciudad Juárez, Los Mochis et d’autres localités du nord. Beaucoup se souviennent des premiers jours : pelle et marteau à la main, vie en commun dans des maisons simples avec d’autres volontaires, après-midis passés avec les enfants, adolescents et jeunes du quartier à jouer sur le terrain où allait naître l’oratoire. Il manquait parfois le toit, mais ne manquaient ni la joie, ni l’esprit de famille ni la rencontre avec l’Eucharistie.
Ces premières communautés de salésiens et de volontaires portèrent dans les cœurs l’amour pour Dieu, pour Marie Auxiliatrice et pour Don Bosco. Elles manifestaient un esprit pionnier, un ardent zèle missionnaire et un dévouement total au service des autres.
Évolution
Avec la croissance de la Province et de la Pastorale des Jeunes, on sentit la nécessité de parcours de formation clairs pour les volontaires. L’organisation s’est renforcée grâce à certains outils :
Questionnaire de candidature : chaque aspirant volontaire remplissait une fiche et répondait à un questionnaire qui décrivait ses caractéristiques humaines, spirituelles et salésiennes en vue d’une croissance de la personne.
Cours de formation initiale : ateliers de théâtre, jeux et dynamiques de groupe, catéchèse et outils pratiques pour les activités sur le terrain. Avant le départ, les volontaires se réunissaient pour conclure la formation et recevoir l’envoi dans les communautés salésiennes.
Accompagnement spirituel : le candidat était invité à se faire accompagner par un salésien dans sa communauté d’origine. Pendant un certain temps, la préparation a été effectuée de concert avec les aspirants salésiens, renforçant ainsi l’aspect vocationnel, même si cette pratique a ensuite subi des modifications en fonction de l’animation vocationnelle de la Province.
Rencontre provinciale annuelle : chaque décembre, à l’approche de la Journée Internationale du Volontaire (5 décembre), les volontaires se rencontrent pour évaluer l’expérience, réfléchir sur le parcours de chacun et consolider les processus d’accompagnement.
Visites aux communautés : l’équipe de coordination visite régulièrement les communautés où opèrent les volontaires, pour soutenir non seulement les jeunes eux-mêmes, mais aussi les salésiens et les laïcs de la communauté éducative-pastorale, renforçant les réseaux de soutien.
Projet de vie personnelle : chaque candidat élabore, avec l’aide de l’accompagnateur spirituel, un projet de vie qui aide à intégrer les dimensions humaine, chrétienne, salésienne, vocationnelle et missionnaire. Une période minimale de six mois de préparation est prévue, avec des interventions en ligne sur les différentes dimensions.
Implication des familles : réunions d’information avec les parents sur les processus du VJS, pour faire comprendre le parcours et renforcer le soutien familial.
Formation continue pendant l’expérience : chaque mois, on aborde une dimension (humaine, spirituelle, apostolique, etc.) à l’aide de supports de lecture, de réflexions et de travaux d’approfondissement en cours d’exécution.
Post-volontariat : après la fin de l’expérience, une réunion de clôture est organisée pour évaluer l’expérience, planifier les étapes suivantes et accompagner le volontaire dans sa réinsertion dans sa communauté d’origine et sa famille, avec des phases en présentiel et en ligne.
Nouvelles étapes et renouvellements
Récemment, l’expérience a pris le nom de Volontariat Missionnaire Salésien (VMS), en lien avec l’accent mis par la Congrégation sur la dimension spirituelle et missionnaire. Quelques nouveautés ont été introduites :
Pré-volontariat court : pendant les vacances scolaires (décembre-janvier, Semaine Sainte et Pâques, et surtout l’été), les jeunes peuvent expérimenter pendant de courtes périodes la vie en communauté et l’engagement de service, pour avoir un premier « aperçu » de l’expérience.
Formation à l’expérience internationale : un processus spécifique a été mis en place pour préparer les volontaires à vivre l’expérience en dehors des frontières nationales.
Une plus grande insistance sur l’accompagnement spirituel : il ne s’agit plus seulement d’ »envoyer travailler », mais de placer au centre la rencontre avec Dieu, afin que le volontaire découvre sa propre vocation et mission.
Comme le souligne Margarita Aguilar, coordinatrice du VMS à Guadalajara, « un volontaire a besoin d’avoir les mains vides pour pouvoir embrasser sa mission avec foi et espérance en Dieu. »
Motivations des jeunes
À la base de l’expérience VMS, il y a toujours la question : « Quelle est ta motivation pour devenir volontaire ? » On peut identifier trois types de motivations principales :
Motivation opérationnelle/pratique : vouloir effectuer des activités concrètes liées aux compétences personnelles (enseigner dans une école, servir à la cantine, animer un oratoire). En découvrant que le volontariat n’est pas seulement un travail manuel ou didactique, certains peuvent être déçus s’ils s’attendaient à une expérience purement opérationnelle.
Motivation liée au charisme salésien : d’anciens bénéficiaires d’œuvres salésiennes souhaitent approfondir et vivre plus intensément le charisme, imaginant une expérience intense comme une longue rencontre festive du Mouvement Salésien des Jeunes, mais pour une période prolongée.
Motivation spirituelle : il s’agit de ceux qui ont l’intention de partager leur expérience de Dieu et de le découvrir chez les autres. Cependant, cette « fidélité » est parfois conditionnée par certaines attentes, Par exemple, « d’accord, mais seulement dans cette communauté » ou « d’accord, mais si je peux revenir pour un événement familial »… Il faut aider le volontaire à mûrir son « oui » de manière libre et généreuse.
Trois éléments clés du VMS
L’expérience de Volontariat Missionnaire Salésien s’articule autour de trois dimensions fondamentales :
Vie spirituelle : Dieu est le centre. Sans la prière, les sacrements et l’écoute de l’Esprit, l’expérience risque de se réduire à un simple engagement dans le travail qui va fatiguer le volontaire et le conduire à abandonner la partie.
Vie communautaire : la communion avec les salésiens et avec les autres membres de la communauté renforce la présence du volontaire auprès des enfants, adolescents et jeunes. Sans communauté, il n’y a pas de soutien dans les moments difficiles ni de milieu pour grandir ensemble.
Vie apostolique : le témoignage joyeux et la présence affective parmi les jeunes évangélisent plus que toute activité formelle. Il ne s’agit pas seulement de « faire », mais d’ »être » sel et lumière au quotidien.
Pour vivre pleinement ces trois dimensions, il faut un parcours de formation intégrale qui accompagne le volontaire du début à la fin, embrassant chaque aspect de la personne (humain, spirituel, vocationnel) selon la pédagogie salésienne et le mandat missionnaire.
Le rôle de la communauté d’accueil
Pour être un instrument authentique d’évangélisation, le volontaire a besoin d’une communauté qui le soutienne, lui serve d’exemple et de guide. De son côté, la communauté accueille le volontaire pour l’intégrer, le soutenir dans les moments de fragilité et l’aider à se libérer des liens qui entravent le dévouement total. Comme le souligne Margarita, « Dieu nous a appelés à être sel et lumière de la Terre et beaucoup de nos volontaires ont trouvé le courage de prendre l’avion en laissant derrière eux leur famille, leurs amis, leur culture, leur mode de vie pour adopter le style de vie du missionnaire. »
La communauté offre des espaces de discussion, de prière commune, d’accompagnement pratique et émotionnel, afin que le volontaire puisse rester solide dans son choix et porter du fruit dans le service.
L’histoire du volontariat missionnaire salésien à Guadalajara est un exemple de la façon dont une expérience peut grandir, se structurer et se renouveler en apprenant à partir des erreurs et des succès. En plaçant toujours au centre la motivation profonde du jeune, la dimension spirituelle et communautaire, il offre un chemin capable de transformer non seulement le milieu que l’on sert, mais aussi la vie des volontaires eux-mêmes.
Margarita Aguilar nous dit : « Un volontaire a besoin d’avoir les mains vides pour pouvoir embrasser sa mission avec foi et espérance en Dieu. »
Nous remercions Margarita pour ses précieuses réflexions. Son témoignage nous rappelle que le volontariat missionnaire n’est pas un simple service, mais un chemin de foi et de croissance qui touche la vie des jeunes et des communautés, renouvelant l’espérance et le désir de se donner par amour de Dieu et du prochain.

