26 Sep 2025, ven

Entretien avec le nouvel inspecteur de Shillong, Inde (INS), le père John ZOSIAMA

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Nous avons interviewé le nouvel inspecteur de Shillong, en Inde, le père John ZOSIAMA. Une région particulière du nord-est de l’Inde, limitrophe du Bhoutan, du Bangladesh et du Myanmar (Birmanie).


Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis né le 20 août 1974 à Chhingchhip, dans l’État du Mizoram, au nord-est de l’Inde. J’ai reçu ma première éducation dans le village, où j’ai terminé le lycée, puis j’ai suivi des cours pré-universitaires à Aizawl, la capitale du Mizoram.

Qui vous a raconté l’histoire de Jésus pour la première fois ?
Je viens d’une famille catholique traditionnelle. Nous priions ensemble régulièrement, surtout le soir avec le chapelet. Ma mère aimait beaucoup la Vierge Marie et n’a jamais abandonné la prière quotidienne. C’est elle qui nous a parlé de Jésus et des valeurs de l’Évangile.

Quelle est l’histoire de votre vocation et pourquoi êtes-vous devenu salésien ?
Enfant, j’étais servant de messe à la paroisse et j’allais au catéchisme le dimanche. À l’époque, je voulais devenir prêtre, mais à l’adolescence, ce désir s’est estompé, je voulais continuer mes études, trouver un bon travail dans l’administration et fonder une famille heureuse.
Cependant, avant de m’inscrire à l’université, j’ai commencé à réfléchir sérieusement à ma vie et à ma vocation. Je sentais dans mon cœur que Dieu m’appelait à le servir en tant que prêtre, en particulier pour soutenir l’Église catholique dans un contexte où les autres dénominations chrétiennes sont assez fortes. J’ai ressenti le désir d’apporter ma contribution à l’Église, surtout auprès des jeunes qui risquaient de s’égarer.
Notre catéchiste, sachant que j’étais intéressé par le séminaire, m’a parlé des Salésiens et m’a encouragé à les rejoindre. J’avais également entendu parler de cet ordre et je connaissais certaines de leurs œuvres à Shillong. J’ai décidé de contacter ma tante, une Sœur Missionnaire de Marie Auxiliatrice (MSMHC), qui à son tour a informé le Vicaire Provincial de Guwahati. Dès qu’on m’a demandé de me présenter, je suis parti seul de mon village, pour un voyage de deux jours jusqu’à Guwahati. C’est ainsi qu’a commencé mon aspirantat salésien.

Comment a réagi votre famille ?
Ma mère a été très heureuse d’apprendre ma décision de devenir prêtre ; elle m’a dit de ne pas m’inquiéter pour eux, car le Seigneur s’occuperait de tout. Mon père, en revanche, était plus hésitant, car il espérait que je continuerais à étudier et que je subviendrais aux besoins de la famille. Finalement, lui aussi a accepté, et avant mon départ, pendant la prière familiale, il m’a cité le passage de Mt 6,33 : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par surcroît ».

La plus belle joie et la plus grande fatigue
J’ai vécu de très belles expériences pastorales, tant pendant ma formation pratique que pendant mon ministère diaconal. Être avec les jeunes, les enseigner, jouer ensemble et me lier d’amitié avec eux, tout cela m’a procuré une grande joie. Je me souviens avec plaisir des deux années passées à l’aspirantat avec environ 150 jeunes : une période pleine de moments heureux. Plus tard, au cours de mon ministère diaconal, j’ai eu l’occasion de visiter de nombreux villages et de rencontrer des gens simples. Partager avec eux le message de la Bonne Nouvelle m’a donné un profond sentiment de joie et de réalisation en tant que salésien.
Le plus grand défi que j’ai vécu a été pendant mes études de philosophie, à cause de quelques malentendus avec les supérieurs. J’ai été jusqu’à douter de ma vocation, mais je me suis confié à Dieu, en pensant que s’il me voulait vraiment comme prêtre, il me montrerait le chemin. Grâce à la foi et à la prière, j’ai réussi à surmonter ces moments difficiles.

Comment est la jeunesse locale et quels sont les besoins les plus urgents ?
La jeunesse locale est pleine de vie et de talents dans de nombreux domaines ; beaucoup participent encore activement à la vie de l’église et aux initiatives sociales. Cependant, l’influence des médias sociaux augmente de plus en plus. Un grand nombre de jeunes sont attirés par le matérialisme, la sécularisation et les idées politiques vues en ligne, et en tant que Salésiens, nous ressentons l’urgence de les guider et de les soutenir. Beaucoup abandonnent l’école et restent au chômage : ils ont besoin d’être guidés et d’espérer en l’avenir, d’être formés et accompagnés pour devenir des citoyens responsables et de bons chrétiens.

Les chrétiens de la région sont-ils persécutés ?
Il n’y a pas de réelle persécution des chrétiens. Dans de nombreux États où nous sommes présents, la majorité de la population est chrétienne. Nous jouissons également d’une bonne coopération avec les personnes d’autres religions. Cependant, le gouvernement central restreint de plus en plus nos activités d’éducation et d’évangélisation par de nouvelles règles et lois, ce qui rend notre travail pastoral plus complexe.

Quels sont les grands défis de l’évangélisation et de la mission aujourd’hui ?
Le premier défi provient des nouvelles réglementations financières et politiques sur l’éducation introduites par le gouvernement central, qui compliquent nos activités et notre travail au service de la population. Néanmoins, l’Église et les œuvres d’évangélisation continuent de croître dans le nord-est de l’Inde. Je pense que, dans cette région, la tâche la plus urgente est de renforcer la foi par une éducation catéchétique solide et d’aider les croyants à vivre pleinement les valeurs de l’Évangile, en devenant des promoteurs de la paix et de la transformation sociale.

Que peut-on faire de plus et de mieux ?
En tant que Salésiens, nous pourrions intensifier notre engagement auprès des jeunes des périphéries, en particulier ceux qui abandonnent l’école, consomment de la drogue ou sont au chômage. Il est important d’étudier leur situation en profondeur, de développer des plans stratégiques avec les laïcs et les membres de la Famille salésienne. Nous devons apprendre à travailler en réseau, en équipe, pour atteindre plus efficacement les jeunes qui en ont le plus besoin.

Quelles sont les relations avec les autres religions dans votre région ?
Jusqu’à présent, elles sont très positives. Dans de nombreux cas, les enseignants de nos écoles et institutions appartiennent à d’autres religions, mais ils collaborent avec nous avec un grand engagement et un esprit d’ouverture.

Avez-vous des projets qui vous tiennent particulièrement à cœur ?
Je pense qu’il est essentiel d’étudier la situation des jeunes d’aujourd’hui, d’écouter leurs problèmes et leurs aspirations, puis de lancer une nouvelle pastorale salésienne destinée à ceux qui sont vraiment pauvres et délaissés. Peut-être faudra-t-il faire des choix courageux et difficiles, mais je crois que c’est la mission à laquelle Don Bosco nous a appelés. Prions et espérons que, comme confrères, nous nous laisserons transformer par les changements de notre temps.

Quelle place occupe Marie Auxiliatrice dans votre vie ?
Par l’intercession de la Vierge Marie, j’ai reçu d’innombrables grâces, notamment en l’invoquant comme Auxiliatrice. Si je suis ici aujourd’hui, je le dois aussi à Elle, qui a toujours écouté mes prières et intercédé pour moi. Je lui suis reconnaissant pour sa présence maternelle et pour le témoignage de ma mère, qui m’a appris à prier le rosaire avec foi.

Avez-vous un message pour la Famille salésienne ?
En tant que Famille salésienne, nous avons reçu un grand charisme à travers Don Bosco. Nous devons le garder et remercier Dieu pour ce don, en nous mettant au service des jeunes, en particulier des pauvres et des abandonnés, où que nous soyons. Nous sommes présents dans 137 pays et nous pouvons être un signe concret de l’amour de Dieu pour les garçons et les filles d’aujourd’hui.


Père John Zosiama
Provincial de Shillong, Inde (INS)

By Editor BSOL

Éditeur du site Web.