Halloween : une fête à célébrer ?

Les sages nous disent que pour comprendre un événement, il faut en connaître l’origine et la finalité.Il en va de même pour le phénomène désormais très répandu d’Halloween qui, plutôt qu’une fête à célébrer, est une manifestation qui mérite réflexion.Il s’agit d’éviter de célébrer une culture de mort qui n’a rien à voir avec le christianisme.


Telle qu’elle se présente aujourd’hui, Halloween est une fête dont les origines commerciales se situent aux États-Unis et qui s’est répandue dans le monde entier au cours des trois dernières décennies. Elle est célébrée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre et possède quelques symboles qui lui sont propres :
Les costumes: s’habiller avec des vêtements effrayants pour représenter des personnages fantastiques ou des créatures monstrueuses.
Les citrouillessculptées: la tradition qui consiste à sculpter des citrouilles et à placer une lumière à l’intérieur pour créer des lanternes (Jack-o’lantern).
Farce ou friandises: une coutume qui consiste à frapper aux portes des maisons et à demander des bonbons en échange d’une promesse de ne pas faire de mauvaises farces (Trick ortreat?).

Il semble qu’il s’agisse d’une des fêtes commerciales encouragées à dessein par certains en vue d’augmenter leurs revenus. En 2023, en effet, pas moins de 12,2 milliards de dollars ont été dépensés rien qu’aux États-Unis (selon la National Retail Federation) et 700 millions de livres sterling au Royaume-Uni (selon les analystes du marché). Ces chiffres expliquent également la large couverture médiatique, avec de véritables stratégies pour célébrer l’événement, le transformer en un phénomène de masse et le présenter comme un simple amusement occasionnel, un jeu collectif.

L’origine
Si l’on cherche les origines d’Halloween – car toute chose contingente a un début et une fin – on constate que cette fête remonte aux croyances païennes et polythéistes du monde celtique.
L’ancien peuple des Celtes, un peuple nomade qui s’est répandu dans toute l’Europe, a su préserver sa culture, sa langue et ses croyances dans les îles britanniques, plus précisément en Irlande, dans la région où l’Empire romain n’était jamais arrivé. L’une de leurs festivités païennes, appelée Samhain, était célébrée entre les derniers jours d’octobre et le début du mois de novembre et représentait le Nouvel An qui ouvrait le cycle annuel. Étant donné qu’à cette période le jour diminue et la nuit augmente, on pensait que la frontière entre le monde des vivants et celui des morts s’amenuisait, ce qui permettait aux âmes des morts de revenir sur terre (même sous la forme d’animaux) et aux mauvais esprits d’y pénétrer. C’est pourquoi ils utilisaient des masques effrayants pour confondre ou chasser les esprits, afin de ne pas être touchés par leur mauvaise influence. La célébration, obligatoire pour tous, commençait le soir et comprenait des rites magiques, des feux rituels, des sacrifices d’animaux et probablement aussi des sacrifices humains. La nuit, leurs prêtres druides se rendaient dans chaque maison pour recevoir des gens quelque chose en échange de leurs sacrifices, sous peine de malédictions.

La coutume de sculpter un navet en forme de visage monstrueux, de mettre une lumière à l’intérieur et de le placer sur le seuil des maisons, a donné naissance à une légende qui en explique mieux la signification. Il s’agit de la légende du forgeron irlandais Stingy Jack (Jack le ladre), un homme qui trompe le diable à plusieurs reprises et qui, à sa mort, n’est reçu ni au paradis ni en enfer. Étant dans l’obscurité et contraint de chercher un lieu pour son repos éternel, il demande et reçoit du diable un tison enflammé, qu’il enfonce dans un navet, créant ainsi une lanterne, la Jack-o’lantern. Mais il ne trouva pas le repos et il continue d’errer jusqu’à aujourd’hui. La légende veut symboliser les âmes damnées qui errent sur la terre et ne trouvent pas le repos. Cela explique la coutume de placer un navet hideux devant la maison, pour inspirer la peur et chasser les âmes errantes qui pourraient s’approcher cette nuit-là.

Même le monde romain connaissait une fête similaire, appelée Lemuria ou Lemuralia, destinée à éloigner les esprits des morts des maisons ; elle était célébrée les 9, 11 et 13 mai. Les esprits étaient appelés « lémures » (du latin larva, qui signifie « fantôme » ou « masque »). On pensait que ces célébrations étaient associées à la figure de Romulus, fondateur de Rome, qui aurait institué ces rites pour apaiser l’esprit de son frère Rémus, qu’il avait tué ; cependant, il semble que cette fête ait été instituée au premier siècle de notre ère.

Ce type de célébration païenne, que l’on retrouve également dans d’autres cultures, reflète la conscience que la vie continue après la mort, même si cette conscience est mêlée à de nombreuses erreurs et superstitions. L’Église n’a pas voulu nier ce germe de vérité qui, sous une forme ou une autre, se trouvait dans l’âme des païens, mais elle a cherché à le corriger.

Dans l’Église, le culte des martyrs existe depuis le début. Vers le IVe siècle de notre ère, la commémoration des martyrs était célébrée le premier dimanche après la Pentecôte. En 609, le pape Boniface IV déplaça cette commémoration à la fête de tous les saints (Toussaint), le 13 mai. En 732, le pape Grégoire III a de nouveau déplacé la fête de tous les saints (en vieil anglais « All Hallows ») au 1er novembre, et le jour précédent est devenu All Hallows’ Eve (veille de tous les saints), d’où la forme abrégée Halloween.
La proximité immédiate des dates suggère que le changement de commémoration par l’Église était dû à un désir de corriger le culte des ancêtres. Le dernier changement indique que la fête païenne celtique de Samhain s’était également maintenue dans le monde chrétien.

Diffusion
Cette célébration païenne, en tant que fête essentiellement religieuse conservée dans les profondeurs de la culture irlandaise même après la christianisation de la société, est réapparue à la suite de l’immigration massive des Irlandais aux États-Unis à la suite de la grande famine qui a frappé le pays en 1845-1846.
Afin de préserver leur identité culturelle, les immigrés ont commencé à célébrer diverses fêtes qui leur étaient propres, comme autant de moments de rassemblement et de récréation, dont All Hallows. Peut-être plus qu’une fête religieuse, il s’agissait d’une fête sans références religieuses, liée à la célébration de l’abondance des récoltes.
Cela a favorisé la renaissance de l’ancien usage celtique de la lanterne, et les gens ont commencé à utiliser non plus le navet mais la citrouille, qui est plus grosse et plus facile à entailler.

Dans la première moitié du XXe siècle, les Américains à l’esprit pragmatique y ont vu une occasion de profit et ont étendu cette fête à l’ensemble du pays. Sur les marchés ont commencé à apparaître à une échelle industrielle les costumes et les tenues d’Halloween: fantômes, squelettes, sorcières, vampires, zombies, etc.

Après 1950, la fête a commencé à se répandre également dans les écoles et les foyers. La coutume veut que les enfants aillent frapper aux portes des maisons pour demander des friandises en disant Trick or treat (farce ou friandises).

Sous la poussée d’intérêts commerciaux, une véritable fête nationale à connotation laïque, dépourvue d’éléments religieux, a vu le jour. Elle sera exportée dans le monde entier, en particulier au cours des dernières décennies.

Réflexion
Si l’on y regarde de plus près, les éléments des rites celtiques de la fête païenne de Samhain sont restés. Il s’agit de vêtements, de lanternes, de menaces de malédictions.
Les vêtements sont monstrueux et effrayants : fantômes, clowns effrayants, sorcières, zombies, loups-garous, vampires, têtes transpercées par des poignards, cadavres défigurés, démons.
D’horribles citrouilles sculptées comme des têtes coupées avec une lumière macabre à l’intérieur.
Des gamins qui font le tour des maisons en demandant « Trickortreat ? ». La traduction littérale de ce terme est : « un mauvais tour ou des friandises », ce qui rappelle la formule « malédiction ou sacrifice » des druides.

Nous nous demandons en premier lieu si ces éléments peuvent être considérés comme dignes d’être cultivés. Et depuis quand l’effrayant, le macabre, l’obscurité, l’horrible, la mort sans espérance définissent-ils la dignité humaine ? Ils constituent en réalité un outrage sans mesure.

Et nous nous demandons si tout cela ne contribue pas à cultiver une dimension occulte, ésotérique, puisque ce sont les mêmes éléments que ceux utilisés par le monde obscur de la sorcellerie et du satanisme. Et si la mode dark et gothic, comme toutes les autres décorations de citrouilles macabrement sculptées, de toiles d’araignées, de chauves-souris et de squelettes, ne favorise pas une approche de l’occulte.

Est-ce un hasard si des événements tragiques surviennent régulièrement à l’occasion de cette fête ?
Est-ce un hasard si des profanations, des atteintes graves à la religion chrétienne, voire des sacrilèges, se produisent régulièrement ces jours-là ?
Est-ce un hasard si, pour les satanistes, la fête principale, qui marque le début de l’année satanique, est Halloween?
Ne produit-elle pas, surtout chez les jeunes, une familiarisation avec une mentalité magique et occulte, loin de la foi, voire contraire à la foi et à la culture chrétiennes, surtout en ce moment où la pratique chrétienne est affaiblie par la sécularisation et le relativisme ?

Voyons quelques témoignages.

Une Britannique, Doreen Irvine, ancienne prêtresse sataniste convertie au christianisme, avertit dans son livre From Witchcraft to Christ (De la sorcellerie au Christ) que la tactique d’approche de l’occultisme consiste précisément à proposer l’occulte sous des formes attrayantes, avec des mystères provocants, en faisant passer le tout pour une expérience naturelle, voire sympathique.

Le fondateur de l’Église de Satan, Anton LaVey, déclarait ouvertement sa joie de voir les baptisés participer à la fête d’Halloween : « Je suis heureux que des parents chrétiens permettent à leurs enfants d’adorer le diable au moins une nuit par an.Bienvenue à Halloween ».

Dans son article intitulé « Halloween.Le bon tour du diable, le père Aldo Buonaiuto, du Service anti-sectes de l’Association Communauté Jean XXIII, nous avertit que « les adorateurs de Satan considèrent les “énergies” de tous ceux qui, ne serait-ce que pour s’amuser, évoquent le monde des ténèbres dans les rites pervers pratiqués en son honneur, tout au long du mois d’octobre et en particulier dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre ».

Le père Francesco Bamonte, exorciste et vice-président de l’Association internationale des exorcistes (ancien président de cette association pendant deux mandats consécutifs), met en garde :

« Mon expérience, ainsi que celle d’autres prêtres exorcistes, montre que la fête d’Halloween, avec la période qui la prépare, représente en fait pour beaucoup d’enfants un moment privilégié de contact avec des réalités sectaires ou en tout cas liées au monde de l’occultisme. Les conséquences peuvent être même graves, non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur celui de l’intégrité psychophysique. Disons tout d’abord que cette fête diffuse pour le moins la laideur. Et en diffusant chez les enfants la laideur, le goût de l’horrible, du difforme, du monstrueux mis sur le même plan que le beau, elle les oriente en quelque sorte vers le mal et le désespoir. Au ciel, où ne règne que la bonté, tout est beau. En enfer, où on respire seulement la haine, tout est laid. » […]
« En me basant sur mon ministère d’exorciste, je peux affirmer qu’Halloween est, dans le calendrier des adeptes de la magie, des praticiens de l’occulte et des adorateurs de Satan, l’une des festivités les plus importantes. Par conséquent, pour eux, c’est une source de grande satisfaction quand l’esprit et le cœur de tant d’enfants, d’adolescents, de jeunes et même d’adultes se tournent vers le macabre, le démoniaque, la sorcellerie, à travers la représentation de cercueils, de crânes, de squelettes, de vampires, de fantômes. Ce faisant, ils adhérent à la vision moqueuse et sinistre du moment le plus important et le plus décisif de l’existence d’un être humain : la fin de sa vie sur la terre. » […]
« Nous, prêtres exorcistes, nous ne nous lassons pas de mettre en garde contre cette récurrence de conduites immorales ou dangereuses, contre la légèreté de divertissements considérés comme inoffensifs, et malheureusement accueillis de plus en plus souvent même dans les espaces paroissiaux. Tout cela peut préparer le terrain à une future action perturbatrice et même grave de la part du démon, et permettre au Malin d’affecter et de défigurer l’âme des jeunes. »

Ce sont surtout les jeunes qui subissent l’impact généralisé du phénomène Halloween. Sans critères de discernement sérieux, ils risquent d’être attirés par la laideur et non par la beauté, par l’obscurités et non par la lumière, par la méchanceté et non par la bonté.

Nous devons réfléchir à la question de savoir s’il faut continuer à célébrer la fête des ténèbres, Halloween, ou la fête de la lumière, la Toussaint




La tradition sûre du bienheureux Michel Rua (2/2)

(suite de l’article précédent)

2. Alcuni tratti delle virtù teologali in don Rua

2.1. Don Rua uomo di fede
            L’amore per Dio era radicato nella scelta fondamentale per Lui: «…viveva in una continua unione con Dio… All’unione strettissima con Dio faceva riscontro il completo distacco dalle cose del mondo e la noncuranza di tutto ciò che non servisse a glorificare Iddio ed a salvare anime… Mi pare di poter asserire che l’unione con Dio era così consumata in lui che non aveva che questo pensiero generoso, ardente, continuo; amare e fare amare Iddio, Dio sempre, Dio in ogni cosa, non riposo in questo, non mai diversivo, sempre questa sublime uniformità. Dio! Nient’altro che Dio». Tale amore per Dio era la motivazione profonda di ogni sua azione e si concretizzava nel fare la volontà di Dio esattamente, prontamente, con gioia e perseveranza. L’amore di Dio era la motivazione del suo molteplice operare e agire e sosteneva il grande impegno nella promozione e nella coltivazione delle vocazioni sacerdotali e religiose.
            La sorgente che alimentava tale unione era la preghiera: «Don Rua trovava il suo riposo nella preghiera» (don Francesia). «Don Rua nella preghiera, nel contatto con Dio, col riposo ritrovava le forze rinnovate per attuare giorno per giorno quello che era il programma del padre fatto proprio al cento per cento dal figlio fedelissimo: io cerco anime e solo anime». Tale sorgente si alimentava nell’Eucaristia e nell’amore filiale alla Vergine Ausiliatrice. La vita di fede si esprimeva nell’intima unione tra preghiera e azione, alimentate dalla pratica e dallo spirito dell’orazione mentale, che per lui era «l’elemento essenziale della vita del buon religioso», a tal punto che nemmeno durante una scossa di terremoto mentre tutti fuggivano «egli solo non si era mosso ed era rimasto là al suo posto solito, nel suo atteggiamento consueto». Con la meditazione della Parola, era l’Eucaristia il fuoco animatore. L’Eucaristia, celebrata, adorata, visitata e custodita nel proprio cuore: «Formiamoci un tabernacolo nel nostro cuore, andava ripetendo, e teniamoci sempre uniti al SS.mo Sacramento». Verso l’Eucaristia esprimeva una fede e una pietà intense, nutrite da una serie di raccomandazioni e indicazioni: visite, adorazioni, genuflessioni, raccoglimento.
            Don Rua come uomo di Dio e di fede si distingue per una testimonianza che era resa credibile non tanto dall’eloquenza, ma dall’intima convinzione che traspariva dalle parole e soprattutto dalla vita. Essa si alimentava alla conoscenza delle Scritture e a una grande famigliarità con i Padri della Chiesa: fonti a cui si rifaceva nei testi originali greci e latini. Tale formazione si manifestò fin da adolescente nell’impegno d’insegnamento del catechismo e dell’istruzione cristiana non solo nelle forme ordinarie, ma anche nelle missioni e negli esercizi spirituali, ritenendoli elementi costitutivi della missione salesiana a cui tutti i suoi membri erano tenuti, come testimoniò don Amadei: «Ho trovato nelle sue lettere dichiarazioni esplicite che tutti i preti, chierici, e coadiutori salesiani prestino con buona voglia l’opera loro nel catechizzare perché, ripeteva, se trascurassero i catechismi mancherebbero alla loro vocazione». L’opera dei catechismi era il vero scopo dell’istituzione e della propagazione salesiana degli oratori, evitando il rischio di ridurli a semplici ricreatori o centri sportivi. Tale impegno di propagazione della fede animò il grande fronte dell’azione missionaria, altro elemento costitutivo del carisma salesiano, che sostenne con intenso ardore apostolico e con notevole impiego di persone e di risorse. È grande strumento di diffusione dello spirito salesiano e di sostegno alle opere salesiane, soprattutto in terra di missione, fu la diffusione del Bollettino Salesiano.

2.2. Uomo di speranza
            La virtù della speranza teneva viva la meta ultima, il paradiso, e insieme sosteneva l’impegno diuturno nell’operare il bene e combattere il male, come spesso ripeteva anche ai giovani: «“State buoni, abbiate fiducia in Dio e il paradiso sarà vostro”». Voleva che si meritasse questo premio, specialmente con la fuga della colpa e col fare ogni momento la santa volontà di Dio». Tale speranza si traduceva quotidianamente in una incondizionata fiducia nella divina Provvidenza come attestò il terzo successore di Don Bosco, il beato Filippo Rinaldi: «Figlio, seguace del venerabile Don Bosco, il servo di Dio viveva alla giornata, non capitalizzava, essendo principio del fondatore di fidare sempre nella Provvidenza, anche nelle cose materiali». E don Barberis affermò: «Nelle conversazioni, negli ammonimenti, nelle lettere che scriveva, l’esortazione più insistente era la fiducia nella divina Provvidenza. Una volta mi ricordo che ci disse: “Al Signore non costa fatica a farci avere i mezzi necessari; è così buono che quando ne vedrà il bisogno, lo farà”». Anche in frangenti molto grandi conservò sempre un’imperturbabilità e tranquillità che contagiavano anche gli altri.

2.3. Uomo di carità
            L’amore per Dio si manifestava nell’amore per il prossimo: «Parlava con gli umili come coi grandi, coi poveri come coi ricchi, cercando sempre di fare del bene. Pareva anzi, che quanto più una persona era umile egli la trattasse con maggior affabilità e ne cercasse il bene». Tale aspetto andò crescendo in modo speciale dopo la morte di Don Bosco, ritenendolo un’eredità che aveva ricevuto da Don Bosco e voleva trasmettere alla future generazioni:
            «La grande carità che informava il cuore del nostro diletto Don Bosco di santa memoria avviò con l’esempio e con la parola la scintilla di amore che Dio benedetto aveva posto nel mio, ed io crebbi elettrizzato dall’amor suo, per cui, se succedendogli non potei ereditare le grandi virtù del nostro santo fondatore, l’amor suo per i suoi figli spirituali sento che il Signore me lo concesse. Tutti i giorni, tutti i momenti del giorno io li consacro a voi… perciò prego per voi, penso a voi, agisco per voi come una madre per l’unigenito suo». Testo di grande valore che rivela come l’eredità spirituale ricevuta sia frutto di una profonda comunione d’anima, che fa scoccare quella scintilla vitale che sprigiona un fuoco di vera carità. Don Rua è consapevole della differenza di doni che intercorrono tra lui e Don Bosco, ma con verità afferma che il nucleo dello spirito è stato trasmesso: una carità comunicata vitalmente e con la parola che spinge ad una vita offerta e consacrata per le persone con tratti di amore materno.
            L’amore per il prossimo si concretizzò in un amore ordinato, liberale e generoso, con una predilezione speciale per i giovani più poveri e a rischio spirituale, morale, materiale e con preferenza per le aree geografiche più povere e indigenti come l’Italia meridionale. La carità si esercitava con grande dedizione nel ministero della riconciliazione, fino all’esaurimento delle forze, soprattutto in occasione di esercizi spirituali, perché diceva: «Queste sono le mie vendemmie». Similmente si dedicava al ministero del consiglio e della consolazione. Tutti erano destinatari del suo amore, anche i nemici e i detrattori. La sollecitudine per il prossimo era ispirata ad una grande bontà e mansuetudine, tipica della tradizione salesiana e mirata a tutelare la buona fama delle persone e a neutralizzare le espressioni disgreganti della maldicenza e del giudizio: «Coi bei modi, senza offendere, cercava di soffocare fin dall’inizio il discorso appena s’accorgeva che era male indirizzato. Quando poi sorprendeva qualche critica diretta a persona conosciuta, non mancava mai, quasi a distruggere l’effetto della critica stessa, rilevare le buone qualità, le opere, i meriti della persona oggetto della critica».
            Un amore sollecito e personalizzato era per ogni confratello della Congregazione, con il cuore di un padre premuroso e con lo sguardo da vero episcopo del suo gregge: «Conosceva a uno a uno i confratelli delle singole case anche più lontane, e si interessava dei bisogni e del maggior profitto di ciascuno, come fosse sotto il suo sguardo nell’Oratorio». Un esempio concreto era la spedizione della biancheria di ricambio per i confratelli impegnati nel servizio militare. Tale paternità amabile eccelleva nell’esercizio della carità spirituale: «Lo trovai sempre pronto ad ascoltarmi; con sorriso s’interessava di quanto mi stava a cuore, e mi sapeva consigliare e guidare in modo che l’animo mio ne restava del tutto tranquillo». L’esempio di una vita vissuta nella carità lo portava a scrivere a confratelli tra loro in discordia: «Amatevi tutti come fratelli, e pregate pure il Sacro Cuore di Gesù ad accendere in tutti voi quel sacro fuoco che è venuto a portare sulla terra, il fuoco della carità».
            Tale amore aveva una forma di predilezione per i giovani: «Si interessava della salute e dei bisogni di ciascuno… Don Rua era per ciascuno di noi il buon padre, che viveva per noi, in modo che anche i più umili e i più meschini potevano ricorrere liberamente a Lui». Un amore che non conosceva confini: missionari, emigranti, persone bisognose, operai, membri della Famiglia Salesiana, giovani lavoratori, distinguendosi per l’interesse fattivo in merito a vertenze lavorative: «venivano da lui operai disoccupati, ed egli li raccomandava secondo il bisogno ai vari industriali». Ogni giorno dopo aver ascoltato tante persone al confessionale, passava molte ore ad accogliere numerose persone: «Io osservavo tutti i giorni molte persone che io stesso introducevo all’udienza del servo di Dio, le quali venivano a chiedere aiuti materiali, morali, raccomandazioni ecc. Il servo di Dio aveva per tutti trattamento affabile, si interessava dei loro casi, e tutti soccorreva per quanto gli era possibile». Davvero come giurò don Saluzzo: «Era il cuore aperto a tutto il bene».




Merveilles de la Mère de Dieu invoquée sous le titre de Marie Auxiliatrice (11/13)

(suite de l’article précédent)

Annexes

I. Antique coutume de la consécration des églises

            Une fois qu’une église a été construite, il n’est pas possible d’y chanter les offices divins, d’y célébrer le saint sacrifice et d’autres fonctions ecclésiastiques, si elle n’est pas d’abord bénie ou consacrée. L’évêque, par la multiplication des croix et l’aspersion d’eau bénite, entend purifier et sanctifier le lieu par des exorcismes contre les mauvais esprits. Cette bénédiction peut être effectuée par l’évêque ou par un simple prêtre, mais avec des rites différents. Lorsqu’il s’agit de l’onction du chrême sacré et des huiles saintes, la bénédiction incombe à l’évêque, et elle est appelée solennelle, réelle et conclusive parce qu’elle achève toutes les autres, et plus encore parce que la matière bénie et consacrée ne peut être convertie à un usage profane ; c’est pourquoi on l’appelle strictement consécration. Si, au cours de telles cérémonies, on ne dit que certaines prières avec des rites et des cérémonies similaires, la fonction peut être accomplie par un prêtre, et elle est appelée bénédiction.
            La bénédiction peut être accomplie par n’importe quel prêtre, avec la permission de l’Ordinaire, mais la consécration appartient au Pape et à l’évêque seul. Le rite de la consécration des églises est très ancien et plein de grands mystères. Le Christ enfant en a sanctifié l’observance quand sa grotte et sa crèche ont été transformées en temple par l’offrande des Mages. La grotte devint alors un temple et la crèche un autel. Saint Cyrille nous dit que le cénacle où les apôtres ont reçu le Saint-Esprit a été consacré par les apôtres en la changeant en église, et cette salle représentait également l’Église universelle. En effet, selon Nicéphore Caliste (Hist. lib. 2, ch. 33), la sollicitude des apôtres était telle que dans tous les lieux où ils prêchaient l’Évangile, ils consacraient une église ou un oratoire. Le pontife saint Clément Ier, sacré en l’an 93, successeur et disciple de saint Pierre, a décrété, entre autres, que tous les lieux de prière devaient être consacrés à Dieu. Il est certain qu’à l’époque de saint Paul, les églises étaient consacrées, comme l’affirment certains érudits, car il écrivait aux Corinthiens au chapitre III : aut Ecclesiam Dei contemnitis ? Saint Urbain Ier, élu en 226, consacra la maison de Sainte-Cécile pour en faire une église, comme l’écrit Burius in vita eius. Saint Marcel Ier, créé en 304, a consacré l’église de Sainte-Lucine, comme le rapporte le pape saint Damase. Il est vrai cependant que la solennité de la consécration telle qu’elle est effectuée aujourd’hui a augmenté avec le temps, à partir du moment où Constantin, en rétablissant la paix dans l’Église, a construit de somptueuses basiliques. Même les temples des païens, autrefois habitations des faux dieux et nids de mensonges, furent convertis en églises avec l’approbation du pieux empereur, et furent consacrés au moyen des vénérables reliques des martyrs. C’est alors que, selon les prescriptions de ses prédécesseurs, le pape saint Silvestre Ier établit le rite solennel, qui fut élargi et confirmé par d’autres papes, en particulier par saint Félix III. Saint Innocent Ier établit que les églises ne devaient pas être consacrées plus d’une fois. Le pontife saint Jean Ier, en route pour Constantinople pour la question des Ariens, consacra les églises des hérétiques pour en faire des églises catholiques, comme nous le lisons dans Bernini (Résumé des hérésies, p. 170. Sur les temples des païens convertis en églises, voir Butler Vite, novembre, p. 10)

II. Explication des principales cérémonies utilisées dans la consécration des églises.

            Il serait long de décrire les explications mystiques que les saints Pères et Docteurs donnent des rites et des cérémonies de la consécration des églises. Cecconi en parle dans les chapitres X et XI, et le Père Galluzzi dans le chapitre IV, dont nous pouvons lire le résumé qu’il en donne.
            Les Docteurs sacrés n’ont pas hésité à affirmer que la consécration de l’église est l’une des plus grandes fonctions sacrées ecclésiastiques. C’est ce qu’on peut lire dans les sermons des saints Pères et dans les traités liturgiques des auteurs les plus célèbres, démontrant l’excellence et la noblesse d’une si belle fonction, qui vise à faire respecter et vénérer la maison de Dieu. Les veilles, les jeûnes et les prières servent à se préparer aux exorcismes contre le démon. Les reliques représentent nos saints. Et pour que nous les ayons toujours à l’esprit et dans le cœur, on les place dans le reliquaire avec trois grains d’encens. L’échelle sur laquelle l’évêque monte pour faire l’onction des douze croix nous rappelle que notre but final et premier est le Paradis. Ces croix avec les cierges signifient les douze Apôtres, les douze Patriarches et les douze Prophètes qui sont les guides et les piliers de l’Église.
            En outre, c’est l’onction des douze croix réparties sur les murs qui constitue formellement la consécration, si bien qu’on peut dire que l’église et ses murs sont consacrés, comme le note saint Augustin (lib. Augustin, lib. 4, Contra Crescent.). On ferme l’église qui représente la Sion céleste, où l’on n’entre que purifié de toute imperfection, et où l’on invoque par diverses prières l’aide des saints et la lumière du Saint-Esprit. L’évêque fait trois fois le tour de l’église avec le clergé pour rappeler la procession des prêtres avec l’arche autour des murs de Jéricho, non pas pour que les murs de l’église tombent, mais pour que l’orgueil du diable et son pouvoir soient anéantis par l’invocation de Dieu, et pour répéter les prières sacrées, bien plus efficaces que les trompettes des anciens prêtres ou lévites. Les trois coups que l’évêque donne avec la pointe de sa crosse sur le seuil de la porte nous montrent le pouvoir du Rédempteur sur son Église, et non la dignité sacerdotale que l’évêque exerce. L’alphabet grec et latin représente l’ancienne union des deux peuples produite par la croix du même Rédempteur ; et l’écriture que l’évêque fait avec la pointe de la crosse signifie la doctrine et le ministère apostoliques. La forme de cette écriture signifie la croix, qui doit être l’objet ordinaire et principal de tout apprentissage des chrétiens fidèles. Elle signifie aussi la croyance et la foi en Christ, transmises des Juifs aux païens, et d’eux à nous. Toutes les bénédictions sont chargées de sens, de même que tout ce qui est employé dans cette auguste service. Les onctions sacrées dont on imprègne l’autel et les murs de l’église signifie la grâce de l’Esprit Saint, qui ne peut enrichir le temple mystique de notre âme s’il n’est pas d’abord purifié de ses souillures. L’office se termine par la bénédiction selon la tradition de la sainte Église, qui commence toujours ses actions par la bénédiction de Dieu et les termine par elle, parce que tout commence par Dieu et finit en Dieu. Il s’achève par le sacrifice, non seulement pour accomplir le décret pontifical de saint Hygin, mais aussi parce qu’il n’y a pas de consécration accomplie si, avec la Messe, la victime n’est pas elle aussi entièrement consommée.
            Par la grandeur du rite sacré, par l’éloquence de sa signification mystique, on voit aisément quelle importance la sainte Église notre mère y attache, et par conséquent quelle importance nous devons y attacher. Mais ce qui doit accroître notre vénération pour la maison du Seigneur, c’est de voir combien ce rite est fondé et informé par le véritable esprit du Seigneur révélé dans l’Ancien Testament. L’esprit qui guide l’Église d’aujourd’hui pour entourer d’une telle vénération les temples du culte catholique, est le même esprit qui inspira à Jacob de sanctifier avec l’huile le lieu où il avait eu la vision de l’échelle ; c’est le même esprit qui inspira à Moïse et à David, à Salomon et à Judas Maccabée d’honorer par des rites spéciaux les lieux destinés aux mystères divins. Oh ! combien cette union spirituelle entre l’un et l’autre Testament, entre l’une et l’autre Église, nous enseigne et nous réconforte ! Tout ceci nous montre combien Dieu aime à être adoré et invoqué dans ses églises, combien il exauce volontiers les prières que nous lui adressons dans nos églises. Quel respect pour un lieu dont la profanation a armé la main de Dieu d’un fouet et a transformé le doux agneau en justicier impitoyable !
            Hâtons-nous donc d’entrer dans le temple sacré, mais avec fréquence, car c’est chaque jour que nous avons besoin de Dieu ; allons-y, mais avec confiance et avec une crainte religieuse. Avec confiance, car nous y trouvons un Père prêt à nous écouter, à nous multiplier le pain de ses grâces comme sur la montagne, à nous embrasser comme le fils prodigue, à nous consoler comme la Cananéenne, dans les besoins temporels comme aux noces de Cana, et dans les besoins spirituels comme sur le Calvaire ; avec crainte, car ce Père ne cesse pas d’être notre juge, et s’il a des oreilles pour entendre nos prières, il a aussi des yeux pour voir nos offenses, et s’il se tait maintenant comme un agneau patient dans son tabernacle, il parlera d’une voix terrible au grand jour du jugement. Si nous l’offensons en dehors de l’église, il nous reste l’église-refuge pour obtenir le pardon ; mais si nous l’offensons à l’intérieur de l’église, où irons-nous pour être pardonnés ?
            Dans le temple, la justice divine est apaisée, la miséricorde divine est reçue, suscepimus divinam misericordiam tuam in medio templi tui. C’est dans le temple que Marie et Joseph ont trouvé Jésus alors qu’ils l’avaient perdu, c’est dans le temple que nous le trouverons si nous le cherchons avec cet esprit de sainte confiance et de sainte crainte avec lequel Marie et Joseph l’ont cherché.

Copie de l’inscription scellée dans la pierre angulaire de l’église dédiée à Marie Auxiliatrice au Valdocco.

D. O. M.

UT VOLUNTATIS ET PIETATIS NOSTRAE
SOLEMNE TESTIMONIUM POSTERIS EXTARET
IN MARIAM AUGUSTAM GENITRICEM
CHRISTIANI NOMINIS POTENTEM
TEMPLUM HOC AB INCHOATO EXTRUERE
DIVINA PROVIDENTIA UNICE FRETIS
IN ANIMO FUIT
QUINTA TANDEM CAL. MAI. AN. MDCCCLXV
DUM NOMEN CHRISTIANUM REGERET
SAPIENTIA AC FORTITUDINE
PIUS PAPA IX PONTIFEX MAXIMUS
ANGULAREM AEDIS LAPIDEM
IOAN. ANT. ODO EPISCOPUS SEGUSINORUM
DEUM PRECATUS AQUA LUSTRALI
RITE EXPIAVIT
ET AMADEUS ALLOBROGICUS V. EMM. II FILIUS
EAM PRIMUM IN LOCO SUO CONDIDIT
MAGNO APPARATU AC FREQUENTI CIVIUM CONCURSU
HELLO O VIRGO PARENS
VOLENS PROPITIA TUOS CLIENTES
MAIESTATI TUAE DEVOTOS
E SUPERIS PRAESENTI SOSPITES AUXILIO.

I. B. Francesia scripsit.

Traduction.

En témoignage solennel pour la postérité de notre bienveillance et de notre piété envers l’auguste Mère de Dieu Marie Auxiliatrice, nous avons résolu de construire ce sanctuaire à partir des fondations le XXVII avril de l’an MDCCCLXV. Tandis que le Souverain Pontife Pie IX gouvernait l’Église catholique avec sagesse et force, Giovanni Antonio Odone, évêque de Suse, a béni la pierre angulaire de l’église selon les rites religieux, et Amédée de Savoie, fils de Victor-Emmanuel II, la posa pour la première fois à sa place en grande pompe au milieu d’une foule nombreuse. Nous te saluons, ô Vierge Mère, accorde ton secours bienveillant aux fidèles sujets de ta majesté et défends-les du haut du ciel par ton aide efficace.

Hymne lu lors de la bénédiction solennelle de la première pierre.

Quand l’adorateur des idoles
            Fit la guerre à Jésus,
            De combien de milliers d’intrépides
            La terre fut ensanglantée !
            Dans les luttes acharnées,
            L’Église de Dieu indemne
            Propage encore sa vie,
            D’une mer à l’autre.

Elle s’enorgueillit de ses martyrs
            Cette humble vallée aussi,
            Là où Octave est mort,
            Là où Solutor est tombé.
            Belle victoire immortelle !
            Sur le sol ensanglanté
            Des martyrs s’élève
            Peut-être l’autel divin.

Et ici le jeune affligé
            Ouvrant ses soupirs,
            Trouve dans ses martyrs
            Un rafraîchissement pour son âme ;
            Ici la veuve méprisée
            Au cœur pieux et saint
            Dépose ses humbles pleurs
            Dans le sein du Roi des Rois.

Et à toi, qui donnes la victoire
            Plus que mille épées,
            À Toi aux victoires sans nombre
            Dans toutes les contrées,
            À Toi, puissante et humble
            Dont le nom dit tout,
            MARIE AUXILIATRICE,
            Nous élevons ce Temple.

Aussi, ô Vierge miséricordieuse,
            Sois grande pour tes fidèles,
            Sur eux en abondance
            Répands tes faveurs.
            De ton regard de tendresse
            Regarde le jeune PRINCE,
            qui aspire à tes lauriers,
            Ô Mère, au Rédempteur !

Avec son esprit et sa nature,
            Avec de nobles sentiments,
            À toi il se donne, ô Vierge,
            Dans la fleur de ses années ;
            Sans trêve, assidument
            Il te chante des chants sacrés,
            Et déjà il désire des armes
            Le fracas habituel.

De la gloire d’Amédée
            Et des grandes vertus d’Humbert
            Il nourrit son cœur ;
            De leurs triomphes il se souvient ;
            Et sur les blancs nuages,
            Auprès des troupes célestes
            Il écoute le pieux discours
            De la Mère bénie.

Ô Prince bien-aimé,
            Race de saints héros,
            Quelle pensée bienfaisante
            T’amène ici parmi nous ?
            Habitué aux palais dorés,
            Aux splendeurs du monde
            À la misère du miséreux
            Tu as daigné rendre visite.

Bel espoir pour le peuple,
            Au milieu duquel tu viens,
            Que tes jours soient
            Calmes, doux et sereins :
            Jamais sur ta jeune tête
            Sur ton âme en sûreté
            Que le malheur ne s’abatte,
            Qu’aucun jour amer ne se lève.

Sage et zélé Prélat,
            Et vous, nobles Seigneurs,
            Combien l’Éternel aime
            Vos saintes ardeurs !
            Vie heureuse et paisible
            À qui, pour la beauté
            Du Temple ouvrit son trésor
            Ou prodigua son œuvre.

Ô doux et pieux spectacle !
            Ô jour mémorable !
            A-t-on jamais vu et quand
            Jour plus beau et plus noble ?
            Tu parles bien à mon âme :
            D’un jour encore plus beau
            Le jour arrivera sûrement
            Quand le Temple s’ouvrira au ciel.

Dans cette œuvre difficile
            Multipliez les bienfaits,
            Et quand elle sera achevée,
            Avec la joie en Dieu reposez ;
            Alors avec ferveur nous entonnerons
            Sur ma cithare un chant :
            Louange au Saint
            Au Puissant d’Israël.

(suite)




Saint François de Sales au service de l’éducation

            Selon un de ses premiers biographes, François de Sales était persuadé que « de la bonne ou mauvaise institution (formation) de la jeunesse dépend et procède le bien ou le mal de tous les États et Républiques » ; aussi voulait-il « que la jeunesse fût également bien instruite en la piété et bonnes mœurs, comme aux lettres et aux sciences ».

École, collège et formation professionnelle à Thonon
            La formation de la jeunesse dans les études et dans la foi catholique était particulièrement urgente à Thonon, ville proche de Genève où Calvin avait établi en 1559 un collège réputé. Divers projets occupèrent pendant plusieurs années l’esprit de François de Sales, à l’époque où il était prévôt avant d’être consacré évêque.
            Thonon possédait une école, fondée grâce à un legs, qui lui assurait un revenu suffisant pour l’éducation de douze écoliers. Lors du rétablissement du catholicisme à Thonon en 1598, le prévôt de Sales demanda que le legs destiné par le fondateur serve à douze écoliers « qui soient catholiques ».
            Le projet qui lui tenait le plus à cœur était d’attirer à Thonon les pères de la Compagnie : « Rien ne peut arriver de plus utile à cette province de Chablais que si l’on construit et érige un collège de la Compagnie de Jésus en la ville de Thonon ». Fin octobre 1599 arrivait un premier jésuite, fin novembre un deuxième et les autres étaient en route depuis Avignon.
            Vers la fin de 1599, les jésuites arrivés à Thonon débutèrent avec une petite école, qui comptera cent vingt élèves l’année suivante. Mais l’avenir était incertain. Ils furent dispersés pendant quelques mois par crainte du retour des Genevois et des Bernois, après quoi ils recommencèrent les classes à près de trois cents élèves.
            Mais à quoi serviront les classes de grammaire si pour les humanités les élèves devront fréquenter les collèges protestants ? Il devenait urgent de créer des classes supérieures de philosophie, de théologie, d’Écriture sainte, de controverse, de cas de conscience et de droit. En décembre 1602 on attendait pour ce mois l’ouverture du collège. Or voici qu’après l’échec de la tentative du duc de Savoie pour reprendre Genève, les jésuites durent s’éloigner pour ne plus revenir.
            Après le départ des jésuites, l’école reprit vie avec le concours des prêtres diocésains. En 1607, Mgr de Sales pourvoyait à l’entretien de quatre professeurs et d’un abécédaire. Le collège de Thonon ne prendra véritablement son essor que vers la fin de 1615, quand l’évêque fera appel à une nouvelle congrégation, déjà implantée au collège d’Annecy : les barnabites.
            Pendant que l’on pourvoyait aux études classiques, un autre projet mobilisait ses énergies : il préconisait la fondation d’une sorte d’école professionnelle où « on enseignerait à chacun, selon sa capacité, ou les sciences ou quelque métier qui lui permettrait ensuite de gagner sa vie ». Cette institution connaîtra bien des vicissitudes, mais en 1607 les ressources allaient permettre d’y établir « bon nombre de métiers mécaniques : un imprimeur, un fabricant de papier, un mécanicien avec de nombreux ouvriers, un passementier et un armurier.
            On voit par là que François de Sales et ses collaborateurs s’intéressaient aux arts et métiers réputés vils, que la plupart des humanistes semblaient ignorer. Promouvoir les « arts mécaniques », c’était aussi valoriser les artisans que les élites avaient tendance à mépriser.

Les petites écoles du diocèse
            En 1606, il existait dans le diocèse quinze écoles de garçons, où l’on enseignait « la grammaire, les humanités et surtout la doctrine chrétienne en forme de catéchisme ». L’enseignement était rudimentaire et consistait avant tout dans l’apprentissage de la lecture au moyen d’un abécédaire.
            Le maître ne disposait pas en général d’un local propre, mais il utilisait une salle quelconque, voire même une écurie ou une étable. Parfois « ses leçons, données sous un ciel pur, quelquefois à 1500 ou 2000 mètres d’altitude, avec des écoliers assis sur un rocher, un chariot, un tronc de sapin ou sur les bras de la charrue, ne devaient manquer ni de charme ni de pittoresque ».
            Les maîtres se recrutaient généralement parmi le clergé diocésain ou chez les religieux. Dans le testament d’un certain Nicolas Clerc, il est stipulé que le service paroissial « sera fait par un recteur capable d’instruire la jeunesse jusques à la grand-mère (sic, pour grammaire) inclus ; il devra enseigner les enfants de sa patrie ».
            En 1616, l’évêque accéda à la demande des nobles et des bourgeois de la ville de Bonne, qui le suppliaient de bien vouloir leur accorder un religieux d’un prieuré voisin, chargé « d’instruire la jeunesse aux lettres et piété », « attendu le grand fruit et utilité qui en peut réussir par la bonne instruction qu’il a commencé de donner à la jeunesse de ladite ville ».

Les collèges
            L’enseignement secondaire pratiqué dans les collèges est né le plus souvent du développement des écoles primaires auxquelles des donations permettaient d’ajouter des classes de latin, de grammaire et d’humanités.
            L’évêque de Genève intervint pour sauver le collège de La Roche, où lui-même avait fait ses premières classes de grammaire. L’établissement ne connut pas toujours des jours tranquilles. En 1605, François de Sales écrivit aux chanoines de la collégiale de La Roche pour faire taire la « particulière opinion » de quelques-uns, les priant de « reprendre de nouveau le consentement du général » : « vous pouvez et devez contribuer, leur écrivait-il, non seulement vos voix, mais vos remontrances et persuasions, puisque l’érection et établissement de ce collège servira tant à la gloire de Dieu et de l’Église », et procurera en outre « le bien de cette ville-là ». Si le but spirituel figurait au premier rang, le bien temporel n’était pas oublié.
            À Annecy, l’évêque suivait de près la vie du collège fondé par Eustache Chapuis, où lui-même avait étudié de 1575 à 1578. Les difficultés qu’il traversait alors l’incitaient sans doute à se rendre fréquemment dans ce collège. Sa présence était d’ailleurs un honneur recherché, surtout à l’occasion des disputes en philosophie, où l’on invitait « monseigneur le révérendissime évêque de Genève ». Les registres de délibérations du collège signalent sa présence lors des soutenances, ainsi que ses interventions pour appuyer les requêtes ou pour la rédaction de contrats avec les régents. Si l’on en croit un témoin, il s’y trouvait « dès la matinée » pour assister « ès actions publiques, disputes, représentations d’histoire et autres exercices, pour donner courage à la jeunesse, et notamment aux disputes publiques de philosophie à la fin des cours ».
            En réalité, l’administration qui le gérait connaissait des heurts. L’évêque songeait à une direction nouvelle et stable pour ce collège qui lui paraissait alors « presque en friche ». En 1613, il prit contact avec une congrégation nouvelle qui avait le vent en poupe : les barnabites. À Milan, il rencontra leur supérieur général et l’affaire fut conclue. L’évêque était tellement satisfait des barnabites qu’il les appellera également à Thonon, comme l’on sait. Il les vantait comme des « gens de fort solide piété, doux et gracieux incomparablement, qui travaillent incessamment pour le salut du prochain ». Il souhaitait également leur venue en France :

Pour moi, je pense qu’ils seront un jour de grand service à la France ; car ils ne font pas seulement profit en l’instruction de la jeunesse (aussi n’est-il pas si requis où les Pères jésuites font si excellemment), mais ils chantent au chœur, confessent, catéchisent voire même ès villages où ils sont envoyés, prêchent et en somme font tout ce qui se peut désirer, et fort cordialement, et ne demandent pas beaucoup pour leur entretien.

            En 1619 il fut mêlé à des tractations pour que les barnabites prennent en charge le collège de Beaune, en Bourgogne. En 1620, ils s’établirent à Montargis.

Les études supérieures
            Le duché de Savoie, dépourvu de grandes villes et souvent menacé dans sa stabilité, ne possédait pas d’université propre. Les étudiants qui en avaient la possibilité partaient étudier dans les universités à l’étranger, à Avignon, Louvain, Toulouse, Tournon, Bourges, Montpellier, Valence, Paris, Turin ou Rome. Le frère de saint François de Sales, Louis, fut envoyé à Rome pour y faire ses études de droit, en compagnie de René et Claude Favre, fils aînés du président Favre. En France on trouvait des étudiants savoyards à Montpellier, où se rendaient ceux qui espéraient « faire emplette de la science de médecine », et à Toulouse, « pour y étudier en droit ».
            À Avignon, le cardinal savoyard de Brogny avait fondé dans son palais un collège destiné à accueillir gratuitement vingt-quatre étudiants en droit, dont seize de la Savoie. Malheureusement les Savoyards perdirent les places qui leur étaient réservées. En octobre 1616, François de Sales tenta plusieurs démarches auprès du duc de Savoie et même jusqu’à Rome, afin que l’on trouve « quelque digne remède contre les désordres qui y sont survenus » et que les places du collège soient restituées à « la nation de Savoie ». Lors de son dernier voyage, qui le mena jusqu’à Avignon en novembre 1621 avant de s’achever à Lyon, il s’entretiendra longuement avec le vice-légat du pape pour défendre encore une fois les intérêts savoyards de ce collège.
            On trouvait des étudiants savoyards jusqu’à Louvain, où Eustache Chapuis avait fondé un collège destiné aux Savoyards qui fréquentaient l’université. L’évêque de Genève était en relation suivie et amicale avec Jacques de Bay, le président du collège ; il lui envoyait ses livres et à plusieurs reprises il lui écrivit pour lui recommander ceux qui allaient se rendre « sous ses ailes ». En cas de difficultés de paiement de la part des parents il se disait même prêt à rembourser les frais. Il suivait ses étudiants : « Étudiez toujours de plus en plus, écrivait-il à l’un d’eux, en esprit de diligence et d’humilité ». Nous avons également une lettre de 1616 au nouveau président du collège, Jean Massen, en faveur d’un étudiant en théologie, son parent, dont il souhaite « l’avancement aux lettres et à la vertu ».

Des écoles pour les filles ?
            Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent ne concernait que l’instruction des garçons, les seuls pour lesquels existaient des écoles. Et les filles ? À l’époque de François de Sales, les seules institutions qui étaient en mesure d’offrir une aide aux familles étaient les monastères féminins spécialement intéressés par le recrutement. Jeanne de Sales, treizième et dernier enfant de Mme de Boisy, fut placée en 1605 au monastère, « afin de la dépayser et de lui faire prendre le goût de la dévotion ».
            Jeanne avait douze ans quand elle y entra, mais comme elle n’éprouvait aucun attrait pour la vie religieuse, il n’était pas raisonnable, écrivait François, de « laisser si longuement dans un monastère une fille qui n’y veut pas vivre toute sa vie ». On l’en retira dès la deuxième année.
            Les sollicitudes des religieuses et des parents pouvaient aboutir en effet à des vocations forcées. Dans une lettre à madame de Chantal, François de Sales mettait ses conditions :

Quant à nos petites, j’approuve que vous leur prépariez un lieu dedans des monastères, pourvu que Dieu prépare dedans leur cœur un lieu pour le monastère. C’est-à-dire, j’approuve que vous les fassiez nourrir ès monastères en intention de les y laisser, moyennant deux conditions : l’une, que les monastères soient bons et réformés, et esquels on fasse profession de l’intérieur ; l’autre, que le temps de leur profession étant arrivé, qui n’est qu’à seize ans, on sache fidèlement si elles s’y veulent porter avec dévotion et bonne volonté, car si elles n’y avaient pas affection, ce serait un grand sacrilège de les y enfermer.

            Mais que faire si le monastère leur était fermé ? Il y avait la solution des Ursulines, qui commençaient à être connues comme une institution destinée à l’instruction féminine. L’évêque encouragea leur venue à Chambéry, écrivant en 1612 que « ce serait un très grand bien qu’à Chambéry il y eût des Ursulines et voudrais bien y pouvoir contribuer quelque chose » ; il suffirait, ajoutait-il, de « trois filles ou femmes courageuses pour commencer ». La fondation ne se fera dans l’ancienne capitale de Savoie qu’en 1625. En 1614, l’évêque put se réjouir de l’arrivée des Ursulines à Lyon, « une des congrégations que mon esprit aime ». Il connaissait également leur présence à Paris depuis 1608.
            Mgr de Sales les voulait aussi dans son propre diocèse, notamment à Thonon. En janvier 1621, il écrivit à la supérieure des Ursulines de Besançon de bien vouloir favoriser son projet car, disait-il, « j’ai toujours chéri, estimé et honoré les exercices de très grande charité que votre congrégation pratique, de laquelle j’ai aussi très affectueusement désiré la propagation, et même en cette province de Savoie ». Le projet n’aboutira qu’en 1634.

L’éducation des jeunes filles à la Visitation
            Quand François de Sales fonda avec Jeanne de Chantal ce qui deviendra l’ordre de la Visitation, la question de l’admission et de l’éducation de jeunes filles, destinées ou non à la vie religieuse, se posa aussitôt. On connaît le cas de la propre fille de Madame de Chantal, l’enjouée et coquette Françon.
            Elle avait onze ans quand sa mère, qui la voulait religieuse, la prit avec elle dans la maison où se rassemblaient les premières visitandines. Mais la jeune fille devait prendre un autre chemin. Les filles que l’on plaçait dans les monastères contre leur gré n’avaient en réalité d’autre choix que de s’y rendre insupportables.
            En 1614, une petite de neuf ans fut reçue au premier monastère de la Visitation, sans doute parce que sa famille tenait la conciergerie du château. Elle eut pour compagne une jeune Lyonnaise, fille du prévôt des marchands et grand bienfaiteur, qui se rendait insupportable à la communauté. Cinq ans plus tard, elle obtint de revêtir l’habit religieux, mais sans avoir la qualité de novice, et mourut l’année suivante sans pouvoir prononcer les vœux de religion auxquels le Fondateur l’avait autorisée.
            En fin de compte, le fondateur se montrera très circonspect dans l’admission des jeunes filles dans les monastères de la Visitation, en raison des incompatibilités avec la manière de vivre des religieuses. En fait, la Visitation n’avait pas été conçue et voulue pour cette œuvre. « Dieu, écrivait le Fondateur à la supérieure de la Visitation de Nevers, n’a pas élu votre Institut pour l’éducation des petites filles, ains pour la perfection des femmes et filles qui, en âge de pouvoir discerner ce qu’elles font, y sont appelées ».
            Malgré quelques regrets, saint François de Sales ne sera pas le fondateur d’un institut voué à l’éducation. Il reste que les efforts déployés par lui en faveur de l’instruction et de l’éducation des garçons et des filles sous toutes ses formes furent nombreux et intenses. Le motif dominant était pour lui d’ordre spirituel, surtout quand il s’agissait de préserver la jeunesse du « venin de l’hérésie », ce en quoi on réussissait plutôt bien, car la réforme catholique gagnait du terrain, mais il n’oubliait pas le bien temporel que représentait la formation de la jeunesse pour la communauté humaine.




Le deuxième rêve missionnaire : un voyage à travers l’Amérique (1883)

            Don Bosco a raconté ce rêve le 4 septembre, lors de la séance du matin du Chapitre général. Don Lemoyne le mit immédiatement par écrit et le Serviteur de Dieu révisa l’écrit d’un bout à l’autre, en ajoutant et en modifiant. Nous imprimerons en italique les parties qui, dans l’original, révèlent la main du Saint ; nous mettons en revanche entre parenthèses certains passages que Don Lemoyne a introduits plus tard sous forme de notes, avec les explications complémentaires données par Don Bosco.

            C’était la nuit précédant la fête de sainte Rose de Lima [30 août] et j’ai fait un rêve. J’ai remarqué que je dormais et qu’en même temps il me semblait que je courais beaucoup, à tel point que je me sentais fatigué de courir, de parler, d’écrire et de me fatiguer au cours de mes autres occupations habituelles. Alors que je me demandais si j’étais dans un rêve ou dans la réalité, il m’a semblé entrer dans une salle où de nombreuses personnes discutaient de choses et d’autres.
            Un long discours portait sur la multitude de sauvages qui, en Australie, aux Indes, en Chine, en Afrique et plus particulièrement en Amérique, gisent encore en nombre indéterminé à l’ombre de la mort.
            – L’Europe, dit sérieusement l’un d’eux, l’Europe chrétienne, la grande maîtresse de la civilisation et du catholicisme, semble faire preuve d’apathie à l’égard des missions étrangères. Rares sont ceux qui ont le courage de braver de longs voyages et des pays inconnus pour sauver les âmes de millions d’hommes qui ont été rachetés par le Fils de Dieu, par le Christ Jésus.
            Un autre dit :
            – Quelle quantité d’idolâtres vivent malheureusement en dehors de l’Église et loin de la connaissance de l’Évangile dans la seule Amérique ! Les hommes pensent (et en cela les géographes se trompent) que les Cordillères de l’Amérique sont comme un mur qui divise cette grande partie du monde. Il n’en est rien. Ces longues chaînes de hautes montagnes comportent de nombreuses brèches de mille kilomètres et plus. On y trouve des forêts qui n’ont jamais été visitées, des plantes, des animaux, et des pierres rares dans ces régions. La houille, le pétrole, le plomb, le cuivre, le fer, l’argent et l’or sont cachés dans ces montagnes, dans les sites où ils ont été placés par la main toute-puissante du Créateur au bénéfice de l’humanité. Ô Cordillères, Cordillères, que vous êtes riches du côté est !
            À ce moment-là, je me sentis pris d’un désir ardent de demander des explications sur d’autres choses et de connaître qui étaient ces gens qui s’étaient rassemblés là et où je me trouvais. Mais je me suis dit : – Avant de parler, je dois
observer qui sont ces gens ! Et j’ai regardé autour de moi avec curiosité. Mais tous ces personnages m’étaient inconnus. Cependant, comme s’ils ne m’avaient vu qu’à cet instant, ils m’invitèrent à m’avancer et m’accueillirent avec bonté.
            Alors je leur ai demandé :
            – Dites-moi, s’il vous plaît ! Sommes-nous à Turin, à Londres, à Madrid ou à Paris ? Où sommes-nous ? Et qui êtes-vous ? À qui ai-je le plaisir de parler ? Mais tous ces personnages répondaient vaguement, parlant toujours des missions.
            C’est alors que s’approcha de moi un jeune homme d’environ seize ans, d’une beauté surhumaine et tout rayonnant d’une vive lumière plus brillante que celle du soleil. Son vêtement était tissé avec une richesse céleste et sa tête était ceinte d’un bonnet en forme de couronne, constellé des pierres précieuses les plus brillantes. Me fixant d’un regard bienveillant, il me témoignait un intérêt particulier. Son sourire exprimait une affection d’un attrait irrésistible. Il m’appela par mon nom, me prit par la main et commença à me parler de la Congrégation salésienne.
            J’étais envoûté par le son de cette voix. À un moment donné, je l’ai interrompu :
            – À qui ai-je l’honneur de parler ? Voulez-vous me donner votre nom ? Et le jeune homme de dire :
            – Ne doutez pas ! Parlez en toute confiance, vous êtes avec un ami.
            – Mais votre nom ?
            – Je vous dirais bien mon nom si cela était nécessaire ; mais ce n’est pas nécessaire, car vous devez me connaître.
            En disant cela, il souriait.
            Je regardai de plus près cette physionomie entourée de lumière. Qu’elle était belle ! Et je reconnus en lui le fils du comte Fleury Colle de Toulon, insigne bienfaiteur de notre Maison et surtout de nos Missions d’Amérique. Ce jeune homme était mort peu de temps auparavant.
            – Oh ! c’est vous ? dis-je en l’appelant par son nom. Louis ! Et qui sont tous ces gens ?
            – Ce sont des amis de vos salésiens, et moi, votre ami et ami des salésiens, au nom de Dieu, je voudrais vous donner un peu de travail.
            – Voyons de quoi il s’agit. Quel est ce travail ?
            – Mettez-vous ici à cette table et tirez sur cette corde.
            Au milieu de cette grande salle, il y avait une table sur laquelle il y avait une corde enroulée, et j’ai vu que cette corde était marquée comme un mètre, avec des lignes et des chiffres. Plus tard, j’ai compris aussi que cette salle était située en Amérique du Sud, juste sur la ligne de l’Équateur, et que les chiffres imprimés sur la corde correspondaient aux degrés de latitude géographique. J’ai alors pris l’extrémité de la corde, je l’ai regardée et j’ai vu qu’au début, il y avait le chiffre zéro.
            Je riais. Et ce jeune homme angélique me dit :
            – Ce n’est pas le moment de rire. Regardez, qu’y a-t-il d’écrit sur la corde ?
            – Le chiffre zéro.
            – Tirez un peu !
            J’ai tiré un peu la corde, et voici le chiffre 1.
            – Tirez encore et faites un grand rouleau de cette corde.
            J’ai tiré et j’ai obtenu les numéros 2, 3, 4, jusqu’à 20.
            – C’est assez ? dis-je.
            – Non, tirez encore, tirez encore, jusqu’à ce que vous trouviez un nœud ! répondit le jeune homme.
            J’ai tiré jusqu’au numéro 47, où j’ai trouvé un gros nœud. À partir de là, la corde continuait, mais elle se divisait en plusieurs petites ficelles qui s’éparpillaient vers l’est, l’ouest et le sud.
            – Est-ce que ça suffit ? répondis-je.
            – Quel est le numéro ? demanda le jeune. C’est le numéro 47. 47 plus 3, ça fait quoi ? 50 ! Et plus 5 ? 55 ! Remarquez : cinquante-cinq.
            Et puis il m’a dit :
            – Tirez encore.
            – J’arrive au bout ! répondis-je.
            – Maintenant, revenez en arrière et tirez la corde de l’autre côté. J’ai tiré la corde de l’autre côté, jusqu’au numéro dix.
            Le jeune homme répondit :
            – Tirez encore !
            – Il n’y a plus rien !
            – Comment ? Il n’y a plus rien ? Regardez encore ! Qu’est-ce qu’il y a ?
            – Il y a de l’eau, répondis-je.
            En effet, à cet instant, il se produisit en moi un phénomène extraordinaire, impossible à décrire. J’étais dans cette pièce, je tirais cette corde, et en même temps se déroulait sous mes yeux le panorama d’un pays immense, que je survolais comme à vol d’oiseau et qui s’étendait au fur et à mesure que la corde s’étirait.
            Du premier zéro au numéro 55 s’étendait une terre immense qui, après un détroit maritime étroit, se divisait au fond en une centaine d’îles, dont l’une était beaucoup plus grande que les autres. Ces îles semblaient évoquées par les ficelles éparses qui partaient du grand nœud. Chaque ficelle semblait faire allusion à une île. Certaines d’entre elles étaient habitées par des indigènes assez nombreux ; d’autres étaient stériles, nues, rocheuses, inhabitées ; d’autres encore étaient toutes couvertes de neige et de glace. À l’ouest, il y avait de nombreux groupes d’îles, habités par de nombreux sauvages. [Il semble que le nœud placé sur le nombre ou degré 47 marquait le lieu de départ, le centre salésien, la mission principale d’où partaient nos missionnaires vers les îles Malouines, la Terre de Feu et les autres îles de ces pays d’Amérique].
            De l’autre côté, c’est-à-dire de zéro à 10 continuait la même terre qui finissait dans cette eau que j’avais vue en dernier lieu. Il m’a semblé que cette eau était la mer des Antilles, que je voyais alors d’une manière si surprenante qu’il ne m’est pas possible d’expliquer cette façon de voir par des mots.
            J’ai donc répondu :
            – Il y a de l’eau ! – Le jeune répondit :
            – Maintenant, mettez ensemble 55 et 10. Qu’est-ce que cela donne ?
            Et moi :
            – La somme de 65.
            – Maintenant, mettez tout cela ensemble et vous en ferez une seule corde.
            – Et ensuite ?
            – Qu’y a-t-il de ce côté ? – Et il montra un point sur le panorama.
            – À l’ouest, je vois de hautes montagnes, et à l’est, la mer !
            [Je note ici que je voyais alors en abrégé, comme en miniature, tout ce que j’ai vu plus tard, comme je le dirai, en grandeur et en étendue réelles. Les degrés indiqués par la corde, correspondant exactement aux degrés géographiques de latitude, sont ceux qui m’ont permis de garder en mémoire pendant plusieurs années les points successifs que j’ai visités en voyageant dans la deuxième partie de ce même rêve].
            Mon jeune ami poursuivait :
            – Eh bien, ces montagnes sont comme une rive, une frontière. Jusqu’ici, jusque-là, c’est la moisson offerte aux Salésiens. Il y a des milliers et des millions de personnes qui attendent votre aide, qui attendent la foi.
            Ces montagnes étaient les Cordillères de l’Amérique du Sud et cette mer l’Océan Atlantique.
            – Mais comment faire ? repris-je ; comment réussirons-nous à conduire tant de peuples au bercail de Jésus-Christ ?
            – Comment faire ? Regardez !
            Et voici qu’arrive Don Lago [Don Angelo Lago, secrétaire particulier de Don Rua, mort en odeur de sainteté en 1914] portant une corbeille de petites figues vertes ; il me dit :
            – Don Bosco, prenez !
            – Qu’est-ce que tu m’apportes ? répondis-je en regardant ce que contenait la corbeille.
            – On m’a dit de vous les apporter.
            – Mais ces figues ne sont pas bonnes à manger, elles ne sont pas mûres.
            Alors mon jeune ami prit cette corbeille, qui était très large, mais qui avait peu de fond, et il me la présenta en disant :
            – Voici le cadeau que je vous fais !
            – Et que vais-je faire de ces figues ?
            – Ces figues ne sont pas mûres, mais elles appartiennent au grand figuier de la vie. Et vous, cherchez le moyen de les faire mûrir.
            – Et comment ? Si elles étaient plus grosses, on pourrait les faire mûrir avec de la paille, comme on le fait pour d’autres fruits ; mais si petites, si vertes… C’est impossible.
            – Sachez donc que pour les faire mûrir, il faut faire en sorte que toutes ces figues soient à nouveau attachées à la plante.
            – Chose incroyable ! Et comment faire ?
            – Regardez !
            Il prit une de ces figues et la trempa dans un petit vase de sang ; puis il la plongea dans un autre vase plein d’eau, et dit :
            – C’est par la sueur et le sang que les sauvages seront de nouveau attachés à la plante et plairont au maître de la vie.
            Je me suis dit : Mais pour cela, il faut du temps. Puis je me suis exclamé à haute voix :
            – Je ne sais plus quoi répondre.
            Mais ce cher jeune homme, lisant mes pensées, continua :
            – Cet événement se réalisera avant la fin de la deuxième génération.
            – Et quelle sera cette deuxième génération ?
            – Celle d’aujourd’hui ne compte pas. Il y en aura une autre et encore une autre.
            Je parlais avec confusion, perplexité et presque en balbutiant en écoutant les magnifiques destins qui se préparent pour notre Congrégation, et j’ai demandé :
            – Mais chacune de ces générations comprend combien d’années ?
            – Soixante ans !
            – Et après ?
            – Voulez-vous voir ce qui sera ? Venez !
            Et sans savoir comment, je me suis retrouvé dans une gare de chemin de fer. Beaucoup de gens étaient rassemblés là. Nous sommes montés dans le train. J’ai demandé où nous étions. Le jeune homme me répondit :
            – Observez attentivement ! Regardez ! Nous voyageons le long des Cordillères. Vous avez la route ouverte aussi à l’est jusqu’à la mer. C’est un autre cadeau du Seigneur.
            – Et à Boston, où nous sommes attendus, quand irons-nous ?
            – Chaque chose en son temps.
            Ce disant, il sortit une carte où figurait en gros caractères le diocèse de Carthagène. [C’était là le point de départ.]
            Pendant que je regardais cette carte, la locomotive siffla et le train se mit en marche. Pendant que nous voyagions, mon ami parlait beaucoup, mais à cause du bruit du convoi, je ne le comprenais pas très bien. J’ai cependant appris de belles et nouvelles choses sur l’astronomie, la navigation, la météorologie, la minéralogie, la faune, la flore et la topographie de ces régions, qu’il m’a expliquées avec une merveilleuse précision. En même temps, ses paroles étaient empreintes d’une aimable et tendre familiarité, qui montrait combien il m’aimait. Dès le début, il m’avait pris par la main et me l’a toujours tenue si affectueusement jusqu’à la fin du rêve. Parfois je posais mon autre main libre sur la sienne, mais elle semblait se dérober sous la mienne comme si elle s’évaporait, et ma main gauche ne serait que ma main droite. Le jeune homme souriait de ma vaine tentative.
            Pendant ce temps, je regardais par les fenêtres du wagon et je voyais s’enfuir devant moi des régions diverses, mais stupéfiantes : des forêts, des montagnes, des plaines, des fleuves très longs et majestueux que je ne croyais pas si grands dans des régions si éloignées de leur embouchure. Pendant plus de mille kilomètres, nous avons longé la lisière d’une forêt vierge, encore inexplorée aujourd’hui. Mon regard acquérait une merveilleuse puissance visuelle ; il n’avait aucun obstacle à franchir pour s’aventurer dans ces régions. Je ne peux pas expliquer comment ce phénomène étonnant s’est produit pour mes yeux. J’étais comme quelqu’un qui, au sommet d’une colline, voit une grande région s’étendre à ses pieds, et s’il place devant ses yeux à une petite distance une latte de papier, même très mince, il ne voit rien ou très peu : s’il enlève cette latte ou seulement la soulève ou l’abaisse un peu, sa vue peut s’étendre jusqu’à l’extrémité de l’horizon. C’est ce qui m’est arrivé grâce à l’intuition extraordinaire que j’avais acquise ; mais avec cette différence que, lorsque je fixais un point et que ce point passait devant moi, c’était comme une levée successive de rideaux individuels, et je voyais à des distances incalculables. Non seulement je voyais les Cordillères même lorsque j’en étais loin, mais je pouvais aussi contempler dans leurs moindres détails les chaînes de montagnes isolées dans ces immenses plaines. [Celles de la Nouvelle-Grenade, du Venezuela, des trois Guyanes ; celles du Brésil et de la Bolivie, jusqu’aux limites des frontières].
            Je pouvais alors vérifier la justesse des phrases que j’avais entendues au début du rêve dans la grande salle au degré zéro. Je pouvais voir dans les entrailles des montagnes et dans l’obscurité profonde des plaines. J’avais sous les yeux les richesses incomparables de ces pays qui seront un jour découverts. J’ai vu de nombreuses mines de métaux précieux, des carrières inépuisables de houille, des gisements de pétrole si abondants qu’on n’en a jamais trouvés de semblables nulle part ailleurs. Mais ce n’est pas tout. Entre le 15e et le 20e degré, il y avait un bassin très large et très long qui partait d’un point où se formait un lac. Puis une voix répéta :
            – Lorsqu’on creusera les mines cachées au milieu de ces montagnes, la terre promise où coulent le lait et le miel apparaîtra ici. Ce sera une richesse inconcevable.
            Mais ce n’est pas tout. Ce qui m’a le plus surpris, c’est de voir les Cordillères en divers endroits se replier sur elles-mêmes pour former des vallées, dont les géographes actuels ne soupçonnent même pas l’existence, imaginant que les pentes des montagnes y sont comme une sorte de mur rectiligne. Dans ces bassins et ces vallées, qui s’étendent parfois jusqu’à mille kilomètres, vivent des populations denses qui n’ont pas encore été en contact avec les Européens, des nations encore totalement inconnues.
            Pendant ce temps, le convoi continuait de courir, d’aller et de venir, de tourner ici et là, et finit par s’arrêter. C’est là qu’un grand nombre de voyageurs descendirent, passant sous les Cordillères, en direction de l’ouest.
            [Don Bosco fit allusion à la Bolivie. La gare était peut-être La Paz où un tunnel s’ouvrant sur le littoral du Pacifique peut relier le Brésil à Lima par une autre ligne de chemin de fer].
            Le train repartit, allant toujours de l’avant. Comme dans la première partie du voyage, nous avons traversé des forêts, des tunnels, des viaducs gigantesques, des gorges montagneuses, des lacs et des marais sur des ponts, de larges rivières, des prairies et des plaines. Nous sommes passés sur les rives de l’Uruguay. Je pensais qu’il s’agissait d’un fleuve court, mais il est en fait très long. À un moment donné, j’ai vu le fleuve Parana s’approcher de l’Uruguay, comme s’il allait lui apporter le tribut de ses eaux, mais au lieu de cela, après avoir coulé sur un tronçon presque parallèle, il s’en éloignait en faisant un grand coude. Ces deux fleuves étaient très larges [D’après ces quelques données, il apparaît que cette future ligne de chemin de fer, partant de La Paz, touchera Santa Cruz, passera par la seule ouverture dans les montagnes Cruz de la Sierra, traversée par le fleuve Guapay ; traversera le fleuve Parapiti dans la province de Chiquitos en Bolivie. Elle passera par l’extrême nord de la République du Paraguay, entrera dans la province de São Paulo au Brésil et, de là, se dirigera vers Rio Janeiro. D’une gare intermédiaire de la province de São Paulo partira peut-être la ligne de chemin de fer qui, passant entre le Rio Parana et le Rio Uruguay, reliera la capitale du Brésil à la République d’Uruguay et à la République argentine].
            Le train allait toujours plus bas, tournait dans un sens, tournait dans l’autre, et au bout d’un long moment, il s’arrêta pour la deuxième fois. Là, beaucoup d’autres personnes descendirent du convoi et passèrent sous les Cordillères en direction de l’ouest. [Don Bosco indiquait la province de Mendoza en République argentine. La gare était peut-être Mendoza et ce tunnel menait à Santiago, capitale de la République du Chili].
            Le train reprit sa course à travers la Pampa et la Patagonie. Les champs cultivés et les maisons disséminées ici et là indiquaient que la civilisation prenait possession de ces déserts.
            Au début de la Patagonie, nous passâmes un bras du Rio Colorado ou Rio Chubut [ou peut-être Rio Negro ?]. Je ne pouvais pas voir dans quel sens allait le courant, vers les Cordillères ou vers l’Atlantique. J’essayai de résoudre mon problème, mais je n’ai pas pu m’orienter.
            Enfin, nous avons atteint le détroit de Magellan. Je regardais. Nous descendions. J’avais devant moi Punt’Arenas. Sur plusieurs kilomètres, le sol était encombré de dépôts de charbon, de planches, de poutres, de bois, d’immenses piles de métal, certaines brutes, d’autres transformées. De longues rangées de wagons de marchandises attendaient sur les voies.
            Mon ami m’a parlé de tout cela. Je lui ai alors demandé :
            – Et maintenant, que veux-tu dire avec tout cela ?
            Il me répondit :
            – Ce qui est en projet aujourd’hui sera un jour réalité. Ces sauvages seront à l’avenir si dociles qu’ils viendront eux-mêmes pour recevoir l’instruction, la religion, la civilisation et le commerce. Ce qui, ailleurs, provoque l’émerveillement, sera ici d’une telle ampleur que cela dépassera ce qui, aujourd’hui, suscite l’étonnement chez tous les autres peuples.
            – J’ai vu suffisamment, dis-je pour conclure ; maintenant, emmenez-moi voir mes Salésiens en Patagonie.
            Nous sommes retournés à la gare et avons pris le train pour le retour. Après avoir parcouru une très longue distance, le convoi s’est arrêté devant une agglomération importante. [Peut-être au 45e degré, là où il avait vu ce gros nœud de corde au début du rêve]. À la gare, personne ne m’attendait. Je suis descendu du train et j’ai tout de suite trouvé les Salésiens. Il y avait là de nombreuses maisons avec des habitants en grand nombre, des églises, des écoles, des maisons d’accueil pour jeunes et adultes, des artisans et des cultivateurs, et un centre d’éducation pour les filles qui effectuaient divers travaux domestiques. Nos missionnaires prenaient soin des jeunes et des adultes ensemble.
            Je suis allé au milieu d’eux. Ils étaient nombreux, mais je ne les connaissais pas, et parmi eux, il n’y avait aucun de mes anciens élèves. Ils m’ont tous regardé avec étonnement, comme si j’étais quelqu’un de nouveau, et je leur disais :
            – Vous ne me connaissez pas ? Vous ne connaissez pas Don Bosco ?
            – Oh Don Bosco ! Nous le connaissons de réputation, mais nous ne l’avons vu qu’en portrait ! En personne, non, bien sûr !
            – Et Don Fagnano, Don Costamagna, Don Lasagna, Don Milanesio, où sont-ils ?
            – Nous ne les avons pas connus. Ce sont ceux qui sont venus ici autrefois, les premiers salésiens venus d’Europe dans ces pays. Mais tant d’années se sont écoulées depuis leur mort !
            À cette réponse, j’ai pensé avec étonnement : – Mais est-ce un rêve ou une réalité ? J’ai frappé mes mains l’une contre l’autre, touché mes bras et me suis secoué, tandis que j’entendais le bruit de mes mains, je m’écoutais moi-même et je me persuadais que je ne dormais pas.
            Cette visite fut l’affaire d’un instant. En voyant les progrès merveilleux de l’Église catholique, de notre Congrégation et de la civilisation dans ces contrées, je remerciai la Divine Providence d’avoir daigné se servir de moi comme instrument de sa gloire et du salut de tant d’âmes.
            Sur ces entrefaites, le jeune Colle me fit signe qu’il était temps de revenir en arrière. C’est ainsi qu’après avoir dit adieu à mes Salésiens, nous retournâmes à la gare, où le convoi était prêt à partir. Nous sommes remontés, on entendit siffler le départ et nous sommes partis vers le nord.
            J’ai été étonné par une nouveauté qui m’a frappé. Le territoire de la Patagonie, dans sa partie la plus proche du détroit de Magellan, entre les Cordillères et l’océan Atlantique, était moins étendu que ne le pensent généralement les géographes.
            Le train avançait très vite et il me semblait qu’il traversait les provinces déjà civilisées de la République argentine.
            Au cours du voyage, nous entrâmes dans une forêt vierge, très large, très longue, interminable. À un certain moment, le train s’arrêta et un spectacle douloureux s’offrit à nos yeux. Une foule immense de sauvages était rassemblée dans un espace dégagé au milieu de la forêt. Leurs visages étaient déformés et répugnants ; ils étaient vêtus, semblait-il, de peaux de bêtes cousues ensemble. Ils entouraient un homme ligoté, assis sur une pierre. Il était très gros, car les sauvages l’avaient engraissé. Le pauvre homme avait été fait prisonnier et semblait appartenir à une nation étrangère, aux traits du visage plus réguliers. Les sauvages l’interrogèrent et il répondit en racontant les diverses aventures qui lui étaient arrivées au cours de ses voyages. Tout à coup un sauvage se leva et brandit un grand fer, qui n’était pas une épée, mais qui était très tranchant, il s’élança sur le prisonnier et d’un seul coup lui trancha la tête. Tous les voyageurs du convoi se tenaient aux portes et aux fenêtres des voitures, attentifs et muets d’horreur. Le jeune Colle lui-même regardait et se taisait. La victime avait poussé un cri d’agonie en recevant le coup. Les cannibales sautèrent sur le cadavre qui gisait dans une mare de sang, le déchirèrent en morceaux, placèrent la chair encore chaude et palpitante sur des feux spécialement allumés et, après l’avoir rôtie pendant un certain temps, la dévorèrent à moitié crue. Aux cris du malheureux, le train s’était mis en marche et reprit peu à peu sa vitesse vertigineuse.
            Pendant de très longues heures, il avança sur les rives d’un fleuve très large. Le train roulait tantôt sur la rive droite, tantôt sur la rive gauche. De la fenêtre, je n’ai pas remarqué sur quels ponts nous faisions ces trajets fréquents. De temps en temps, sur ces rives apparaissaient de nombreuses tribus de sauvages. Chaque fois que nous voyions ces foules, le jeune Colle répétait :
            – Voici la moisson des Salésiens ! Voici la moisson des Salésiens !
            Nous sommes ensuite entrés dans une région peuplée d’animaux féroces et de reptiles venimeux aux formes étranges et horribles. Il y en avait partout : sur les pentes des montagnes, au sommet des collines, dans les contreforts de ces montagnes et collines ombragées, sur les bords des lacs, sur les rives des fleuves, dans les plaines, les pentes, les talus. Les uns ressemblaient à des chiens qui avaient des ailes et qui étaient extraordinairement ventrus [gourmandise, luxure, orgueil]. Les autres étaient d’énormes crapauds qui mangeaient des grenouilles. On voyait des lieux cachés remplis d’animaux de formes différentes des nôtres. Ces trois espèces d’animaux étaient mélangées et grognaient sordidement comme s’ils voulaient se mordre les uns les autres. On voyait aussi des tigres, des hyènes, des lions, mais d’une forme différente des espèces d’Asie et d’Afrique. Mon compagnon m’a adressé la parole là aussi et, évoquant ces bêtes, s’est exclamé :
            – Les Salésiens les apprivoiseront.
            Pendant ce temps, le train approchait du lieu de premier départ et nous n’en étions pas loin. Le jeune Colle sortit alors une carte topographique d’une beauté stupéfiante et me dit :
            – Voulez-vous voir le voyage que vous avez fait, les régions que nous avons parcourues ?
            – Volontiers, répondis-je.
            Il a alors déplié la carte sur laquelle toute l’Amérique du Sud était dessinée avec une merveilleuse précision. De plus, elle représentait tout ce qui était, tout ce qui est, tout ce qui sera dans ces régions, mais sans confusion, au contraire avec une telle clarté que l’on pouvait tout voir d’un seul coup d’œil. J’ai immédiatement tout compris, mais à cause de la multiplicité des circonstances, cette clarté n’a duré qu’une petite heure et maintenant une confusion totale s’est créée dans mon esprit.
            Pendant que je regardais cette carte en attendant que le jeune homme ajoute une explication, tout agité par la surprise de ce que j’avais sous les yeux, il me sembla que Quirino (saint coadjuteur, mathématicien, polyglotte et sonneur de cloches) sonnait l’Ave Maria de l’aube ; mais en me réveillant, je me suis rendu compte que c’était le son des cloches de la paroisse de San Benigno. Le rêve avait duré toute la nuit.

            Don Bosco termina son récit par ces mots :
            – Avec la douceur de saint François de Sales, les Salésiens attireront les peuples d’Amérique à Jésus-Christ. Il sera très difficile de moraliser les sauvages, mais leurs enfants obéiront facilement aux paroles des Missionnaires et avec eux on fondera des colonies, la civilisation prendra la place de la barbarie, et ainsi une foule de sauvages entrera dans le bercail de Jésus-Christ.
(MB XVI, 385-394)




Souviens-toi du sermon

Un dimanche, vers midi, une jeune femme était en train de laver la salade dans la cuisine, lorsqu’elle fut abordée par son mari qui, pour la taquiner, lui demanda :
– Pourrais-tu me dire ce que le curé a dit dans le sermon de ce matin ?
– Je ne me souviens plus, avoue la femme.
– Pourquoi alors vas-tu à l’église pour écouter les sermons si tu ne t’en souviens pas ?
– Vois-tu, mon chéri, l’eau lave ma salade, elle ne reste pas dans le panier, et pourtant ma salade est complètement lavée.

L’important n’est pas de prendre des notes. Ce qui est important, c’est de se laisser « laver » par la Parole de Dieu.




La tradition sûre du bienheureux Michel Rua (1/2)

« Soyez bons, ayez confiance en Dieu et le paradis sera à vous » (bienheureux Michel RUA)

            Comme l’ont montré les études, les recherches et les conférences organisées à l’occasion du centenaire de sa mort, le bienheureux Michel Rua (1837-1910), premier successeur de Don Bosco, dépasse le cliché traditionnel qui fait de lui une « copie de Don Bosco », parfois avec des traits moins attrayants ou même en opposition avec le fondateur. Il s’agit pour nous de présenter de façon plus complète cette figure harmonieuse et sympathique.
            Don Rua est la consécration et l’exaltation des origines salésiennes. On ne peut pas ranger Don Rua parmi les disciples ordinaires de Don Bosco, même parmi les plus fervents, parce qu’il les précède tous comme un parfait exemple de disciple. C’est pourquoi tous ceux qui veulent connaître Don Bosco doivent aussi l’étudier, parce que ce serviteur de Dieu a fait une étude sur Don Bosco que personne d’autre ne peut faire ». La vocation et l’idéal de Don Rua étaient la vie, les intentions, les œuvres, les vertus, la sainteté du père et le guide de son existence juvénile, sacerdotale et religieuse. Don Rua reste toujours d’une importance vitale pour le monde salésien.

            Lorsqu’il s’est agi de trouver le directeur de la première maison hors de Turin, à Mirabello Monferrato en 1863, Don Bosco choisit Don Rua chez qui « il admirait non seulement sa conduite exemplaire, mais aussi son travail infatigable, sa grande expérience et son esprit de sacrifice quasiment inénarrable, ainsi que ses bonnes manières, si bien qu’il était aimé de tous ». Plus directement, le Père Cerruti a pu dire qu’il avait trouvé dans le jeune directeur le portrait et l’image de son Père (Don Bosco) : « Je me rappelle toujours son infatigable assiduité, sa prudence si fine et si délicate dans le gouvernement, son zèle pour le bien non seulement religieux et moral, mais aussi intellectuel et physique des confrères et des jeunes qui lui étaient confiés ». Ces aspects résument et incarnent la devise salésienne « travail et tempérance ». Un vrai disciple de Don Bosco verbo et opere, dans une admirable synthèse de prière et de travail. Un disciple qui a suivi son maître depuis sa plus tendre enfance, partageant tout à moitié avec lui, assimilant de façon vitale l’esprit de ses origines charismatiques ; un fils qui s’est senti généré par un amour unique, comme beaucoup parmi les premiers garçons de l’Oratoire du Valdocco, qui ont décidé de « rester avec Don Bosco » et parmi lesquels les trois premiers successeurs du père et maître des jeunes ont excellé de façon paradigmatique : Don Michele Rua, Don Paolo Albera, Don Filippo Rinaldi.

1. Quelques traits de la vie vertueuse de Don Rua, expression de continuité et de fidélité
            Il s’agit de la tradition de celui qui reçoit un don et le transmet à son tour, en essayant de ne pas disperser le dynamisme et la vitalité apostolique, spirituelle et affective qui doit imprégner les institutions et les œuvres. Don Bosco en avait déjà eu l’intuition : « Si Dieu me disait : Prépare-toi à mourir et choisis un successeur parce que je ne veux pas que l’œuvre que tu as commencée échoue, et demande à ce successeur autant de grâces, de vertus, de dons et de charismes que tu penses nécessaires, pour qu’il puisse bien remplir sa charge, et moi je lui donnerai tout cela. Je t’assure que je ne saurais pas quoi demander au Seigneur à cette fin, parce que je vois que Don Rua possède déjà tout ». Ce fut le fruit d’une fréquentation assidue, d’une mise en valeur de chaque conseil, d’une étude continuelle dans l’observation et la mémoire de chaque acte, de chaque parole, de chaque idéal de Don Bosco.

1.1. Une conduite exemplaire
            Le témoignage du salésien Giuseppe Balestra, assistant personnel de Don Rua, est significatif. Balestra était très attentif aux aspects de la vie quotidienne et il a pu y saisir les traits d’une sainteté à part entière qui marquera également son parcours religieux. Aujourd’hui encore, dans les chambres de Don Bosco, on peut voir le canapé qui fut le lit du bienheureux Michel Rua pendant 20 ans. Ayant succédé à Don Bosco et pris place dans cette chambre, Don Rua n’a jamais voulu avoir son propre lit. Le soir, le coadjuteur Balestra étendait deux draps sur ce canapé, sur lequel Don Rua avait l’habitude de dormir. Le matin, les draps étaient pliés et le canapé reprenait sa forme habituelle. « J’ai la conviction que le serviteur de Dieu était un saint, parce que pendant les 11 années où j’ai eu la chance de vivre à côté de lui et de l’observer continuellement, j’ai toujours et en toutes choses trouvé la plus grande perfection ; d’où ma conviction qu’il était très fidèle dans l’accomplissement de tous ses devoirs et donc dans l’observance la plus exacte de tous les commandements de Dieu, de l’Église et des obligations de son état ».

1.2. Un travail infatigable, une assiduité inlassable et une activité extraordinaire
            Il semble incroyable qu’un homme au corps si frêle, à la santé si peu florissante, ait pu entreprendre une activité aussi intense et inlassable, aussi vaste. Il s’intéressait aux secteurs les plus divers de l’apostolat salésien, il lançait et réalisait des initiatives qui, si elles ont paru extraordinaires et audacieuses à l’époque, sont aujourd’hui une indication et un stimulant tout à fait valables. Cette assiduité infatigable, trait typique de la spiritualité salésienne, a été reconnue à Don Rua par Don Bosco dès sa jeunesse, comme l’atteste Don Lemoyne : « Il est vrai que dans l’oratoire on travaille beaucoup, mais ce n’est pas le travail qui est la cause de la mort. Il n’y a qu’une seule personne ici à l’Oratoire qui devrait, sans l’aide de Dieu, mourir de fatigue, et c’est Don Rua, qui continue toujours à travailler plus que les autres ».
            Ce dévouement au travail était une expression de l’esprit et de la pratique de la pauvreté qui distinguait singulièrement la vie et les actions de Don Rua : « Il aimait énormément la pauvreté, qui fut pour lui une compagne bienaimée depuis son enfance. Il en possédait parfaitement l’esprit… Il l’exerçait avec joie ». La pratique de la pauvreté, exprimée sous de nombreuses formes, soulignait la valeur de l’exemple vécu et de la prise en compte de la Providence divine. Il avertissait : « Soyez bien persuadés que mes exhortations tendent à une fin bien plus haute, il s’agit de faire régner parmi nous le véritable esprit de pauvreté, auquel nous sommes obligés par vœu. Si on ne prend pas garde à l’économie, si on donne trop à notre corps en soins, en vêtements, en voyages, en confort, comment pourrons-nous avoir de la ferveur dans les pratiques de piété ? Comment pourrions-nous être disposés aux sacrifices inhérents à la vie salésienne ? Il serait impossible de faire un réel progrès dans la perfection, impossible d’être de vrais fils de Don Bosco ».

1.3. Grande expérience et prudence dans le gouvernement
            La prudence définit mieux que toute autre qualité le profil vertueux du bienheureux Michel Rua. Dès sa plus tendre enfance, il se mit à la suite de saint Jean Bosco, s’empressant sous sa conduite d’embrasser l’état religieux ; il se forma par une méditation assidue et un examen de conscience diligent ; il évita l’oisiveté, travailla inlassablement pour le bien et mena une vie irréprochable. Et tel qu’il était adolescent, tel il est resté comme prêtre, éducateur, supérieur, vicaire et successeur de Don Bosco.
            Dans le cadre d’une Congrégation dédiée à l’éducation des jeunes, il introduisit dans le processus de formation le stage pratique, une période de trois ans pendant laquelle les jeunes salésiens « étaient envoyés dans les maisons pour accomplir différentes tâches, mais surtout comme assistants ou professeurs, dans le but principal de vivre avec les jeunes, d’étudier leur mentalité, de grandir avec eux, et cela sous la direction et la supervision du catéchiste et du directeur ». Il donnait aussi des indications précises et des directives claires dans les domaines les plus variés de la mission salésienne, avec un esprit de vigilance évangélique.
            Sa prudence pratique était caractérisée par une docilité à l’Esprit et une capacité marquée de discernement à l’égard des personnes appelées à exercer des responsabilités, en particulier dans le domaine de la formation et du gouvernement des maisons et des provinces, en fonction des œuvres et des différentes situations. On le voit, par exemple, lorsqu’il choisit Don Paolo Albera comme Visiteur des maisons d’Amérique ou Don Filippo Rinaldi comme Préfet général. Il inculqua à tous les confrères, surtout aux directeurs et aux provinciaux, l’observation exacte des Règles, l’accomplissement exemplaire des pratiques pieuses, et toujours l’exercice de la charité ; lui-même les précédait tous par l’exemple, en disant qu’un moyen de gagner la confiance des sujets est de ne jamais négliger ses devoirs ».
            La pratique de la prudence, surtout dans l’exercice du gouvernement, produisit comme fruit la confiance filiale de la part des confrères qui le considéraient comme un conseiller expert et un directeur de l’esprit, non seulement pour les choses de l’âme, mais aussi pour les choses matérielles : « La prudence du serviteur de Dieu brilla d’une manière extraordinaire dans le fait de conserver jalousement le secret confidentiel qu’il enfouissait dans son âme. Il observait avec la plus grande prudence le secret de la correspondance personnelle : il s’agissait de la confession générale, c’est pourquoi les confrères s’adressaient à lui avec une grande confiance, car il répondait à chacun de la manière la plus délicate ».

1.4. « Prêtre du Pape ».
            Cette expression du pape Jean XXIII devant la châsse de Don Bosco en 1959, exprime très bien comment Don Rua, dans le sillage de Don Bosco, voyait et trouvait dans le pape la lumière et le guide de son action sur son chemin quotidien. « La Providence a réservé à Don Rua des épreuves encore plus dures et je dirais même plus héroïques de fidélité et de docilité qu’à Don Bosco. Pendant son rectorat, le Saint-Siège a émis plusieurs décrets qui semblaient rompre des traditions considérées comme importantes et caractéristiques de notre esprit dans la Congrégation. Tout en ressentant profondément le coup de ces mesures soudaines et l’affliction qu’elles lui procuraient, Don Rua se fit immédiatement le champion de l’obéissance aux dispositions du Saint-Siège, en invitant les salésiens à les accepter avec sérénité et confiance comme de vrais fils de l’Église et de Don Bosco ».
            C’est là l’un des éléments de maturation du charisme salésien dans l’obéissance à l’Église et dans la fidélité au fondateur. Certes, ce fut une épreuve très exigeante, mais qui a forgé la sainteté de Don Rua. Le sentire cum ecclesia et la fidélité au Pape de toute la Congrégation et de la Famille salésienne étaient pour Don Bosco des notes caractéristiques et indispensables. Une obéissance faite de foi et d’amour, qui se traduit par un service humble mais cordial, dans un esprit de docilité filiale et de fidélité aux enseignements et aux directives du Saint-Père.
            Il est intéressant de noter que même dans les procès de béatification, Don Rua a fait la moitié du chemin avec Don Bosco, mais non pas selon un stéréotype répétitif, mais avec originalité, en soulignant précisément les aspects qui, dans le procès de Don Bosco, avaient suscité les animadversiones les plus controversées : « Un sentiment de surprise et de perplexité peut naître de la conclusion la plus évidente à laquelle on parvient en comparant les deux Positiones, à savoir le fait que les mêmes vertus les plus fréquemment invoquées pour définir la sainteté de Don Rua sont celles qui sont constamment mises en cause pour contester la sainteté de Don Bosco ». Il est vrai en effet que ce sont précisément la prudence, la tempérance et la pauvreté qui sont les « chevaux de bataille » des animadversiones recueillies dans la Positio du Fondateur ».

(suite)




John Lee Tae Seok (1962-2010), un salésien dont on reparlera

John Lee Tae Seok, également connu sous le nom de « Father Jolly », était un salésien coréen qui a consacré sa vie à soigner les plus pauvres et les plus souffrants, en particulier au Sud-Soudan.Bien que sa vie ait été malheureusement courte, il a laissé une marque indélébile dans le cœur des personnes qu’il a rencontrées grâce à son engagement en tant que médecin, éducateur et homme de foi.Son héritage continue d’inspirer des milliers de personnes à travers le monde.

Enfance et racines de sa vocation
Yohan Lee Tae Seok (John Lee) est né le 19 septembre 1962 à Busan, une ville méridionale de la Corée du Sud. Il était le neuvième des dix enfants, quatre garçons et six filles, d’une famille profondément catholique (un frère, Tae-Young Lee, est devenu franciscain et une sœur, Christina, une consacrée dans le mouvement des Focolari).
Dès son plus jeune âge, il faisait figure de leader et avait un penchant pour le service du prochain. Il participait à la messe tous les jours et était doué pour la musique. Ayant perdu son père à l’âge de dix ans, sa mère devint son point de référence, le soutenant dans son cheminement de foi et dans ses études.
Malgré son désir de devenir prêtre dès l’âge de quinze ans, sa mère le convainquit de poursuivre ses études de médecine.
En 1987, après avoir obtenu son diplôme avec mention à l’école de médecine de l’université d’Inje, John commença à travailler comme médecin militaire pendant son service militaire obligatoire. C’est à cette époque qu’il rencontra les Salésiens par l’intermédiaire d’un aumônier militaire, une rencontre qui changera sa vie pour toujours. Déterminé à suivre la vocation salésienne, John essaya pendant des mois de communiquer sa décision à sa mère, sans succès.
Il raconte lui-même :

« C’est Marie Auxiliatrice qui a pris les choses en main.J’avais décidé de m’engager dans la vie salésienne avec une grande joie, mais j’avais hâte de communiquer ma décision à ma mère.Mon père étant décédé lorsque j’avais dix ans, ma mère avait dû travailler dur pour que je puisse faire des études de médecine.Et grâce à ses nombreux sacrifices, j’ai pu devenir médecin.J’aurais dû commencer à aider ma mère pour la récompenser des sacrifices qu’elle avait faits sans jamais rien me reprocher.C’est pourquoi il m’était si difficile de lui annoncer ma décision.Il m’était presque impossible de le lui dire.
J’avais essayé plusieurs fois, mais sans jamais réussir, car en la regardant, je perdais courage.J’ai essayé de le dire à l’une de mes sœurs avec qui je parlais de tout sans problème et à qui je confiais tout.Mais je n’y arrivais pas.Les mois passèrent sans que je puisse dire quoi que ce soit.
Mais un beau jour est arrivé.Je suis allé voir ma sœur pour un nouvel essai, mais je restai bouche bée : ma sœur savait déjà tout de ma décision.Un rêve de la nuit précédente lui avait tout expliqué.J’aimerais vous raconter le contenu de ce rêve, mais je ne peux pas le faire sans la permission de l’évêque.Quoi qu’il en soit, ma sœur raconta son rêve à ma mère et toutes mes difficultés se sont envolées en un instant.
Je n’avais pas pensé à une aide directe de Marie Auxiliatrice jusqu’à ce que j’entende, pour la première fois, de la bouche du maître des novices, que toutes les vocations salésiennes sont liées à Marie Auxiliatrice.
Je n’avais pas demandé l’aide de Marie.Marie avait remarqué ma difficulté et m’avait aidé de manière silencieuse et discrète.C’est la première expérience de Marie que j’ai pu faire.Pour moi, cette expérience a été inestimable car elle m’a permis de comprendre la réalité de « Marie secours des chrétiens » et d’apprendre l’attitude que nous devons avoir lorsque nous aidons les autres : c’est-à-dire être attentifs aux besoins des autres et être prêts à leur apporter l’aide dont ils ont besoin.À partir de ce moment-là, j’ai pu parler aux garçons avec certitude de la présence de Marie Auxiliatrice ».

La vocation salésienne et le service des pauvres
John Lee commence son noviciat le 24 janvier 1993 et fait sa première profession le 30 janvier 1994.
Après avoir terminé ses deux années d’études de philosophie à l’Université catholique de Gwangju, il fait son stage pratique dans la Maison salésienne de Dae Rim Dong, à Séoul. Là, il s’occupe de quelque 80 garçons à risque, en faisant preuve de beaucoup de créativité en classe et dans la cour de récréation. Il fait la classe à ces garçons difficiles, qui apprennent à écrire l’alphabet coréen à l’âge de 18 ans. Grâce à ses talents musicaux, il leur fait chanter chaque dimanche soir un Tantum Ergo en latin, sur un rythme pop composé par lui.

Il poursuit ses études de théologie
Envoyé à Rome pour étudier à l’Université pontificale salésienne en 1997, il rencontre un missionnaire alors en vacances, le frère Comino, qui a travaillé pendant 20 ans en Corée du Sud, puis a été envoyé au Soudan en 1991. En racontant son expérience missionnaire, il renforce le désir de John Lee de devenir missionnaire.
En voyant le film « Molokai » sur la vie du Père Damien, un missionnaire belge qui a travaillé à la léproserie de Kalaupapa sur l’île hawaïenne de Molokai, il sent en lui le désir de s’engager à vivre comme le Père Damien.
Pendant les vacances de 1999, il fait une expérience missionnaire au Kenya où il rencontre le père James Pulickal, un salésien d’origine indienne qui travaille à Tonj, au Sud-Soudan. Il se rend à Tonj alors qu’il y avait encore la guerre. Profondément impressionné, il décide de consacrer sa vie aux enfants pauvres de Tonj. Dans ce petit village du Sud-Soudan, détruit par la guerre civile, il rencontre des lépreux et des pauvres et sa vie change pour toujours.
Après avoir été ordonné prêtre en 2001, John Lee retourne à Tonj, déterminé à servir la population locale en tant que médecin, prêtre et salésien, et à traiter les malades comme s’ils étaient Jésus. Il rejoint la communauté salésienne de Tonj, composée de confrères de différentes nationalités, dans le but de reconstruire – après la guerre – la communauté chrétienne, l’oratoire, les écoles et les postes de mission dans les villages environnants.

La mission au Sud-Soudan : Tonj, un petit miracle
Après la guerre, les conditions étaient très mauvaises. Cela a incité le père John Lee Tae Seok à travailler pour améliorer la vie des villageois. Il a tout d’abord ouvert une petite clinique, qui est rapidement devenue le seul centre médical disponible dans une vaste région. Il traitait toutes sortes de maladies, souvent avec des moyens limités, mais avec un immense dévouement. En plus de fournir des soins médicaux immédiats, il s’efforça à long terme d’éduquer la population locale à la prévention des maladies et à l’hygiène, ce dont les habitants n’étaient pas conscients en raison de leur manque d’instruction.

Outre son travail de médecin, Lee Tae Seok était un éducateur infatigable. Il fonda une école pour les enfants du village, où il enseignait non seulement les matières scolaires, mais aussi les valeurs de coexistence pacifique et de respect mutuel, essentielles dans un contexte post-conflit comme celui du Sud-Soudan. Grâce à sa passion pour la musique, il apprit également aux enfants à jouer des instruments de musique, créant ainsi un groupe musical qui est devenu célèbre dans la région. Le groupe offrait non seulement aux jeunes un moyen de s’exprimer, mais il contribuait également à créer un sentiment de communauté et d’espoir pour l’avenir.

Un médecin au cœur de prêtre
Le travail de John Lee Tae Seok ne se limitait pas à la médecine et à l’éducation. En tant que prêtre, son principal objectif était d’apporter l’espérance à une population qui avait connu des années de souffrance. Il célébrait régulièrement la messe, administrait les sacrements et offrait un réconfort spirituel à ceux qui avaient tout perdu à cause de la guerre. Sa foi profonde était évidente dans tous les aspects de son travail, et sa présence apportait un sentiment de paix et d’espoir, même dans les moments les plus difficiles.

L’un des aspects les plus admirables de sa mission était sa capacité à voir la dignité humaine en chaque personne, indépendamment de son statut social ou de son état de santé. Il traitait les malades avec un immense respect et consacrait son temps à tous ceux qui avaient besoin d’aide, même lorsqu’il était épuisé par les longues heures passées à la clinique ou par le manque de ressources. Cette profonde compassion ne passait pas inaperçue : les habitants du village le considéraient non seulement comme un médecin et un prêtre, mais aussi comme un véritable ami et un frère.

La lutte contre la maladie et son héritage
Malgré son travail inlassable et l’amour qu’il portait aux autres, John Lee Tae Seok était lui-même atteint d’une grave maladie. Pendant son séjour au Sud-Soudan, il commença à montrer des signes d’une maladie, qui s’est avérée être un cancer du colon. Lorsque la maladie fut diagnostiquée, elle était déjà à un stade avancé, mais Lee Tae Seok continua son travail aussi longtemps que possible, refusant d’abandonner les personnes qui dépendaient de lui.
Le 14 janvier 2010, à l’âge de 47 ans, John Lee Tae Seok est décédé à Séoul, en Corée du Sud, après une lutte de treize mois contre le cancer. La nouvelle de sa mort a laissé un grand vide dans la communauté de Tonj et parmi tous ceux qui l’ont connu. Ses funérailles ont été un événement émouvant, des milliers de personnes ayant assisté à l’hommage rendu à un homme qui avait consacré sa vie au service des autres.

Malgré sa mort prématurée, l’héritage de John Lee Tae Seok se perpétue. Ses derniers mots ont été une invitation à poursuivre ses rêves pour Tonj : « Je ne pourrai pas réaliser mes rêves pour Tonj, mais je vous prie de les poursuivre ». La clinique qu’il a fondée à Tonj poursuit ses activités et de nombreuses personnes qu’il a formées poursuivent son œuvre tant dans le domaine médical que dans celui de l’éducation. L’orchestre qu’il a créé continue de jouer et d’apporter de la joie dans la vie des gens.

Témoignages
Le père Václav KLEMENT, salésien, qui a été son supérieur (missionnaire en Corée du Sud de 1986 à 2002), nous raconte :

« Au cours des 22 dernières années, depuis que l’obéissance m’a conduit dans beaucoup de pays en Asie de l’Est, en Océanie et dans tout le monde salésien, j’ai vu tant de petits « miracles » accomplis par le père John Lee grâce au film Don’t Cry for Me, Sudan et d’autres, à ses écrits (« Les rayons du soleil en Afrique sont encore tristes » et « Veux-tu être mon ami ? ») ou aux diverses publications qui racontent sa vie.
Un jeune étudiant japonais a fait le pas vers le catéchuménat après avoir vu le film « Don’t Cry for Me, Sudan ». Un catéchumène thaïlandais en route vers le baptême a été « confirmé » dans sa foi grâce au témoignage de la vie joyeusement sacrifiée du père John Lee. Un jeune salésien vietnamien, jouissant de tous les avantages du confort, a été réveillé et motivé pour la vie missionnaire par le film Don’t Cry for Me, Sudan. Oui, il y a beaucoup de chrétiens et de non-chrétiens qui ont été réveillés, confirmés dans la foi ou inspirés pour un parcours vocationnel grâce au père John Lee.
Les Salésiens de la Province de Corée ont lancé une nouvelle présence salésienne à Busan, la ville natale du père John Lee. En 2020, ils ont ouvert une nouvelle communauté dans le Fr. John Lee Memorial Hall à Busan, dans le quartier où John est né en 1962. Le bâtiment de quatre étages construit par le gouvernement local de Busan-Seogu est confié aux Salésiens de Don Bosco. Ainsi l’histoire du père John Lee est racontée par ses confrères salésiens immergés dans la vie du quartier qui accueillent de nombreux jeunes et fidèles pour les rapprocher du témoignage rayonnant de la vie missionnaire ».

Impact international et héritage spirituel
La spiritualité du père John Lee était profondément liée à Marie Auxiliatrice. Il interprétait de nombreux événements de sa vie comme des signes de la présence maternelle de Marie. Cette dévotion a également influencé son approche du service : aider les autres discrètement, être attentifs à leurs besoins et prêts à les soutenir.
Le père John Lee Tae Seok a pleinement incarné l’esprit salésien, consacrant sa vie aux jeunes et aux pauvres, suivant l’exemple de Don Bosco. Sa capacité à combiner médecine, éducation et spiritualité a fait de lui une figure unique, capable de laisser une empreinte durable dans un pays marqué par la souffrance.
Son œuvre se poursuit dans la « John Lee Foundation », qui continue à soutenir les œuvres salésiennes au Soudan.

Sa mémoire a été immortalisée par de nombreux prix et documentaires internationaux.
En 2011, après sa mort, le Ministère de l’Administration Publique et de la Sécurité de Corée du Sud, sur recommandation du public, lui a décerné un prix, en même temps qu’à d’autres personnes qui ont contribué au bien de la société par leur travail bénévole, leurs dons et leurs bonnes actions contre vents et marées. Il s’agit de la plus haute distinction, celle de l’Ordre Mugunghwa.
Le 9 septembre 2010, la chaîne de télévision coréenne KBS a réalisé un film sur son travail à Tonj, intitulé « Don’t Cry For Me Sudan ». Ce documentaire a touché le cœur de centaines de milliers de personnes et a contribué à faire connaître le père John Lee et sa mission dans le monde.
En 2018, le ministre de l’éducation du Soudan du Sud, Deng Deng Hoc Yai, a introduit l’étude de la vie du père John Lee dans les manuels d’études sociales pour les écoles primaires et dans deux pages du manuel de citoyenneté pour les écoles secondaires. C’est la première fois que les manuels scolaires du Sud-Soudan incluent l’histoire d’un étranger pour son service volontaire dans le pays.
Le succès du film documentaire « Don’t Cry for Me, Sudan » a incité les producteurs à continuer. Le 9 septembre 2020, le réalisateur Soo-Hwan Goo a lancé un nouveau documentaire intitulé « Resurrection », qui retrace l’histoire des étudiants de Lee dix ans après sa mort et présente environ soixante-dix d’entre eux, tant en République du Sud-Soudan qu’en Éthiopie.

John Lee Tae Seok a été un exemple vivant d’amour et de solidarité chrétienne. Sa vie nous enseigne que même dans les circonstances les plus difficiles, avec la foi et le dévouement, nous pouvons faire la différence dans le monde. Les rêves de John pour Tonj continuent de vivre grâce à ceux qui, inspirés par sa figure, travaillent à construire un avenir meilleur pour les plus pauvres et les plus démunis.

Un salésien dont on reparlera.




Quelle est l’action ordinaire du diable et comment la contrer ?

La tentation du diable ne produit pas ses effets dévastateurs si notre volonté humaine, avec l’aide de Dieu, s’efforce d’y résister. Nous sommes en effet libres d’accepter ou de rejeter les propositions du diable. Et Dieu, de son côté, parmi les différentes aides, nous donne la possibilité de savoir distinguer entre ce qu’Il nous suggère et ce que le diable nous suggère.

La catéchèse du Pape François nous offre l’occasion de réfléchir sur l’action ordinaire du diable. Elle correspond à la tentation et concerne tout le monde, personne n’étant exclu. L’action extraordinaire, comme la vexation ou la possession, impressionne certainement par ses manifestations, mais c’est l’action ordinaire qui est l’action diabolique la plus dangereuse parce qu’elle veut nous conduire à la perspective définitive et absolue de la souffrance éternelle. Le Compendium du Catéchisme de l’Eglise Catholique au n° 74 est clair : « Toute l’œuvre des démons parmi les hommes est de chercher à les associer à leur rébellion contre Dieu ».

Pour cela, Satan et les démons étudient en profondeur les faiblesses de chacun d’entre nous en agissant par la tentation sur notre sphère psychique, avec l’intention d’altérer le jugement de notre intelligence et d’obtenir le consentement de notre volonté. Pour nous tenter, ils utilisent deux alliés puissants : la « chair » et le « monde ».

La chair est notre nature humaine blessée par le péché originel et qui reste vulnérable même après le baptême, parce qu’elle est portée au mal par ce que le langage traditionnel appelle la concupiscence. Le monde n’est pas seulement l’environnement dans lequel nous vivons ou le genre humain en général, mais, comme l’écrit l’évangéliste Jean, ceux qui, à des degrés divers de conscience, vivent séparés de Dieu, formant le groupe de ceux qui servent en fait le « prince de ce monde », c’est-à-dire Satan, en répandant le péché dans la société.
Comme nous l’a rappelé le Pape, le monde, y compris les moyens technologiques créés et gérés par l’homme, nous offre continuellement des occasions de pécher, nous incitant à faire le contraire de ce que Jésus nous a enseigné.

C’est ainsi que le diable, à travers le monde, nous propose comme aimables et imitables des scandales et des mauvais exemples, des spectacles corrompus, des plaisirs et des amusements raffinés et immoraux.

Et en même temps, il sème la discorde, suscite des guerres, crée des divisions, embrouille les esprits même à travers des idéologies revêtues d’un faux humanisme. Aujourd’hui, il utilise les puissants moyens de communication sociale, les médias et les réseaux sociaux, pour orienter et conditionner la pensée de l’humanité contre Dieu, en la séparant de son Amour.
Une tentation avec laquelle Satan a toujours miné les êtres humains, et que le Pape François a soulignée dans sa catéchèse, est celle de l’ésotérisme, de l’occultisme, de la sorcellerie et du satanisme. Satan s’efforce de faire croire que ces pratiques permettent d’obtenir une élévation spirituelle, des pouvoirs extraordinaires, la réalisation de soi et l’accomplissement de ses désirs et de son bonheur. En réalité, c’est exactement le contraire.
En adhérant à la mentalité magique et aux pratiques occultes, l’homme s’engage sur la voie indiquée par Satan, car il devient de plus en plus désireux de devenir comme Dieu, en relevant l’ancien défi des anges rebelles et en se mettant trompeusement à la place de Dieu. Sa chute devient alors inévitable.
En conclusion, il ne faut jamais oublier que la tentation diabolique ne produit pas ses conséquences dévastatrices si notre volonté humaine, avec l’aide de Dieu, s’efforce d’y résister.

Nous sommes en effet libres d’accepter ou de rejeter les suggestions du diable.

Du côté de Dieu nous recevons différentes aides, dont la capacité de savoir distinguer entre ce qu’Il nous suggère et ce que le démon nous suggère.
Saint Paul nous enseigne dans sa lettre aux Ephésiens comment repousser le démon : « Revêtez-vous de l’armure de Dieu pour pouvoir résister aux ruses du démon » (Ep 6,11). Puis il ajoute : « Puisez votre force dans le Seigneur » (Ep 6,10).
Nous devons être vigilants dans la prière, assidus aux sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie, prendre souvent du temps avec Jésus dans l’adoration eucharistique. En particulier, nous devons cultiver une véritable dévotion mariale, en priant avec amour le Rosaire et, unis à la Vierge, bien faire notre devoir quotidien dans un esprit de foi et d’amour envers tous.
Si, par manque de vigilance ou pour d’autres raisons, la tentation l’emporte parfois et que nous tombons dans le péché, nous ne devons pas perdre espoir. Le Seigneur est toujours prêt à pardonner à ses enfants qui se repentent sincèrement en frappant à la porte de sa miséricorde. C’est dans ce but qu’il a institué le sacrement de la Confession qui, rappelons-le, ne sert pas seulement à pardonner les péchés, mais est aussi un moyen de réaliser la conversion permanente dont nous avons besoin.

Père Francesco Bamonte, Serviteur du Cœur Immaculé de Marie (I.C.S.M.), exorciste et vice-président de l’Association Internationale des Exorcistes (ancien président pendant deux mandats consécutifs de 2012 à 2023), auteur de plusieurs livres.
Source : agensir.it, avec la permission de l’auteur




Les nouvelles salles de la Postulation générale salésienne

Le 4 juin 2024, les nouvelles salles de la Postulation générale salésienne situées dans la communauté « Zeffirino Namuncurà », Via della Bufalotta à Rome, ont été inaugurées et bénies par le Recteur Majeur, le Cardinal Ángel Fernández Artime.Dans le cadre du projet de restructuration du siège central, le Recteur Majeur et son Conseil ont décidé d’installer dans cette nouvelle présence salésienne à Rome les salles de la Postulation Générale des Salésiens.

            De Don Bosco à nos jours, nous reconnaissons une tradition de sainteté qui mérite l’attention, parce qu’elle est l’incarnation du charisme qui est né avec lui et qui s’est exprimé dans une pluralité d’états de vie et de formes. Il s’agit d’hommes et de femmes, de jeunes et d’adultes, de consacrés et de laïcs, d’évêques et de missionnaires qui, dans des contextes historiques, culturels et sociaux différents, dans le temps et dans l’espace, ont fait resplendir le charisme salésien d’une lumière singulière, représentant un patrimoine qui joue un rôle efficace dans la vie et la communauté des croyants et des personnes de bonne volonté. La Postulation suit 64 causes de béatification et de canonisation concernant 179 saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu. Il est à noter qu’environ la moitié des groupes de la Famille salésienne (15 sur 32) ont au moins une Cause de béatification et de canonisation en cours.

Leprojet des travaux a été élaboré et supervisé par l’architecte Toti Cameroni. Après avoir identifié l’espace pour l’emplacement des salles de la Postulation, composé à l’origine d’un long et large couloir et d’un grand hall, la distribution des salles a été étudiée en fonction des exigences. La solution finale a été conçue et réalisée de la manière suivante :

La bibliothèque avec des étagères toute hauteur divisées en carrés de 40×40 cm qui couvrent entièrement les murs. L’objectif est de recueillir et de conserver les différentes publications sur les saints, sachant que la vie et les écrits des saints font l’objet depuis l’antiquité d’une lecture fréquente parmi les fidèles, suscitant la conversion et le désir d’une vie meilleure ; ils reflètent la splendeur de la bonté, de la vérité et de la charité du Christ. En outre, cet espace se prête également à la recherche personnelle, à l’accueil de groupes et de réunions.

            De là, on passe à l’accueil, qui se veut un espace de spiritualité et de méditation, comme dans les visites des monastères du Mont Athos, où l’hôte était d’abord introduit dans la chapelle des reliques des saints, car c’est là que se trouvait le cœur du monastère et c’est de là que venait l’incitation à la sainteté pour les moines. Dans cet espace, une série de petites vitrines éclairent des reliquaires ou des objets de valeur liés à la sainteté salésienne. Le mur de droite est tapissé de boiseries avec des panneaux interchangeables représentant certains saints, bienheureux, vénérables et serviteurs de Dieu de la Famille salésienne.

            Une porte permet d’accéder à la plus grande pièce de la postulation : les archives. Un compacteur de 640 mètres linéaires permet d’archiver un grand nombre de documents relatifs aux différents procès de béatification et de canonisation. Sous les fenêtres est placée une longue commode où on trouve des images et des ornements liturgiques.
            Un petit couloir partant de la réception, où l’on peut admirer des toiles et des peintures sur les murs, mène d’abord à deux bureaux lumineux et meublés, puis à la salle des reliques. Dans cet espace également, des meubles occupent les murs ; des armoires et des tiroirs accueillent les reliques et les ornements liturgiques.

Une salle de stockage et une petite pièce servant de pause-café complètent les salles de la postulation.
            L’inauguration et la bénédiction de ces salles nous rappellent que nous sommes dépositaires d’un patrimoine précieux qui mérite d’être connu et valorisé. Outre l’aspect liturgique et les célébrations, il nous faut valoriser pleinement le potentiel spirituel, pastoral, ecclésial, éducatif, culturel, historique, social et missionnaire des Causes des Saints. La sainteté reconnue ou en voie de reconnaissance, d’une part, est déjà une réalisation du radicalisme évangélique et de la fidélité au projet apostolique de Don Bosco, à considérer comme une ressource spirituelle et pastorale ; d’autre part, c’est une provocation à vivre fidèlement notre vocation afin d’être disponibles pour témoigner de l’amour jusqu’à l’extrême. Nos Saints, Bienheureux, Vénérables et Serviteurs de Dieu sont l’incarnation authentique du charisme salésien et des Constitutions et Règlements de nos Instituts et Groupes dans les situations et les temps les plus divers ; ils invitent à surmonter la mondanité et la superficialité spirituelles qui minent à la racine notre crédibilité et notre fécondité.
            L’expérience confirme de plus en plus que la promotion et le souci des Causes de béatification et de canonisation de notre Famille, la célébration chorale des événements liés à la sainteté, sont des dynamiques de grâce qui suscitent la joie évangélique et le sens de notre appartenance charismatique, renouvelant les intentions et les engagements de fidélité à l’appel reçu et générant la fécondité apostolique et vocationnelle. Les saints sont de véritables mystiques de la primauté de Dieu dans la générosité du don de soi, des prophètes de la fraternité évangélique, des serviteurs de leurs frères et sœurs avec créativité.

            Afin de promouvoir les causes de béatification et de canonisation de la Famille salésienne et de connaître de près l’héritage de sainteté qui a fleuri à partir de Don Bosco, la Postulation est disponible pour accueillir les personnes et les groupes qui souhaitent connaître et visiter cet espace, en offrant également la possibilité de mini-retraites avec des itinéraires sur des thèmes spécifiques et la présentation de documents, de reliques, d’objets significatifs. Pour plus d’informations, écrivez à postulatore@sdb.org.

Galerie de photos – Les nouvelles salles de la Postulation générale salésienne

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Les nouvelles salles de la Postulation générale salésienne
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