25 Sep 2025, Jue

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Le Saint Suaire de Turin, l’une des reliques les plus vénérées de la chrétienté, a une histoire millénaire entrelacée avec celle de la Maison de Savoie et de la ville savoyarde. Arrivé à Turin en 1578, il devint l’objet d’une profonde dévotion, avec des ostensions solennelles liées à des événements historiques et dynastiques. Au XIXe siècle, des figures comme saint Jean Bosco et d’autres saints turinois en promurent le culte, contribuant à sa diffusion. Aujourd’hui conservé dans la Chapelle du Guarini, le Suaire est au centre d’études scientifiques et théologiques. Parallèlement, l’église du Saint Suaire à Rome, liée à la Maison de Savoie et à la communauté piémontaise, représente un autre lieu significatif, où Don Bosco tenta d’établir une présence salésienne.


            La Santa Sindone (Saint Linceul) de Turin, improprement appelée Saint Suaire en français, appartenait à la Maison de Savoie depuis 1463, et fut transférée de Chambéry à Turin, la nouvelle capitale, en 1578.
            C’est cette même année qu’eut lieu la première Ostension, voulue par Emmanuel-Philibert en hommage au cardinal Carlo Borromeo, venu en pèlerinage à Turin pour la vénérer.

Les ostensions du XIXe siècle et le culte du Saint-Suaire
            Au XIXe siècle, les ostensions eurent lieu en 1815, 1842, 1868 et 1898. La première eut lieu lors du retour de la Maison de Savoie dans ses États, la deuxième pour le mariage de Victor-Emmanuel II avec Marie-Adélaïde de Habsbourg-Lorraine, la troisième pour le mariage d’Humbert Ier avec Marguerite de Savoie-Gênes, et la quatrième lors de l’Exposition universelle.
            Les saints turinois du XIXe siècle (Cottolengo, Cafasso et Don Bosco) avaient une grande dévotion envers le Saint-Suaire, à l’instar du bienheureux Sebastiano Valfré, apôtre de Turin pendant le siège de 1706.
            Les Mémoires biographiques nous assurent que Don Bosco l’a vénéré en particulier lors de l’Ostension de 1842. À l’occasion de celle de 1868, il emmena avec lui les garçons de l’oratoire pour le voir (MB II, 117 ; IX, 137).
            Aujourd’hui, l’inestimable toile, offerte par Humbert II de Savoie au Saint-Siège, est confiée à l’archevêque de Turin, «gardien pontifical», et conservée dans la somptueuse chapelle Guarini, derrière la cathédrale.
            À Turin, on trouve également, via Piave, à l’angle de via San Domenico, la Chiesa del Santo Sudario, construite par la confrérie du même nom et reconstruite en 1761. À côté de l’église se trouve le musée du Saint-Suaire et le siège de la Sodalité Cultores Sanctae Sindonis, un centre d’études auquel des savants salésiens ont apporté leur précieuse contribution, notamment le Père Noël Noguier de Malijay, Don Antonio Tonelli, Don Alberto Caviglia, Don Pietro Scotti et, plus récemment, Don Pietro Rinaldi et Don Luigi Fossati, pour n’en citer que les principaux.

L’église du Saint-Suaire à Rome
            Une église du « Santo Sudario » existe également à Rome, le long de la rue du même nom, qui va du Largo Argentina parallèlement au Corso Vittorio. Érigée en 1604 sur un projet de Carlo di Castellamonte, c’était l’église des Piémontais, des Savoyards et des Niçois, construite par la Confraternité du Saint-Suaire qui avait vu le jour à Rome à cette époque. Après 1870, elle devint l’église particulière de la Maison de Savoie.
            Pendant ses séjours à Rome, Don Bosco célébra plusieurs fois la messe dans cette église. Pour cette église et pour la maison adjacente il élabora un projet conforme au but de la confrérie alors disparue : se consacrer à des œuvres de charité en faveur de la jeunesse abandonnée, des malades et des prisonniers.
            La confrérie avait cessé ses activités au début du siècle et la propriété et l’administration de l’église avaient été transférées à la Légation sarde auprès du Saint-Siège. Dans les années 1860, l’église nécessitait d’importants travaux de rénovation, à tel point qu’en 1868 elle fut temporairement fermée.
            Mais dès 1867, Don Bosco avait eu l’idée de proposer au gouvernement de lui céder l’usage et l’administration de l’église, en offrant sa collaboration en argent pour achever les travaux de restauration. Prévoyant peut-être l’entrée prochaine des troupes piémontaises à Rome, il souhaitait y ouvrir une maison. Il pensa pouvoir le faire avant que la situation ne se précipite, rendant plus difficile l’obtention de l’approbation du Saint-Siège et le respect des accords par l’État (MB IX, 415-416).
            Il présenta alors la demande au gouvernement. En 1869, lors de son passage à Florence, il prépara un projet d’accord qu’il présenta à Pie IX en arrivant à Rome. Ayant obtenu l’assentiment de ce dernier, il passa à la demande officielle au ministère des Affaires étrangères. Malheureusement, l’occupation de Rome vint alors compromettre toute l’affaire. Don Bosco lui-même se rendit compte de l’inopportunité d’insister. En effet, qu’une congrégation religieuse ayant sa maison-mère à Turin prenne en charge, à cette époque, une église romaine appartenant à la Maison de Savoie, aurait pu apparaître comme un acte d’opportunisme et de servilité à l’égard du nouveau gouvernement.
            Après la brèche de la Porta Pia, par procès-verbal du 2 décembre 1871, l’Église du Très Saint Suaire fut annexée à la Maison Royale et désignée comme siège officiel du Grand Aumônier palatin. Suite à l’interdit de Pie IX sur les Chapelles de l’ancien palais apostolique du Quirinal, c’est précisément dans l’Église du Suaire que se déroulaient tous les rites sacrés de la Famille Royale.
            En 1874, Don Bosco tâta de nouveau le terrain auprès du gouvernement. Mais, malheureusement, des nouvelles intempestives diffusées par les journaux mirent définitivement fin au projet (MB X, 1233-1235).
            Avec la fin de la monarchie, le 2 juin 1946, l’ensemble du complexe du Suaire passa sous la gestion du Secrétariat Général de la Présidence de la République. En 1984, suite au nouveau Concordat qui sanctionna l’abolition des Chapelles palatines, l’Église du Suaire fut confiée à l’Ordinariat Militaire et elle est restée ainsi jusqu’à aujourd’hui.
            Quant à nous, il nous plaît de rappeler que Don Bosco a jeté les yeux sur cette église du Saint-Suaire, à la recherche d’une occasion favorable pour ouvrir une maison à Rome.

Por P. Natale CERRATO

Salesiano de Don Bosco, misionero en China de 1948 a 1975, estudioso de Don Bosco y del Salesianismo, escribió obras y artículos, realizando una valiosa labor de difusión de la vida y obra del Santo de la Juventud. Entró en la eternidad en 2019.